Un outil pour éviter les bilans de santé inutiles

«La réalisation systématique d’un bilan de santé annuel n'est pas une pratique recommandée pour les personnes en bonne santé, asymptomatiques et sans changement récent de leur état de santé», rappelle l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) dans son aide-mémoire sur le dépistage des cancers, maladies chroniques et infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), publié en juillet 2024 et révisé le 11 septembre 2024. Les bilans de santé inutiles entraîneraient selon l’Institut «une utilisation non optimale des ressources médicales et une surcharge inutile du système de santé, sans pour autant améliorer la qualité ou la durée de vie des personnes.» Cet aide-mémoire révisé (téléchargeable en fin d'article) permet ainsi aux cliniciens de première ligne:En amont d’une consultation, d’identifier rapidement les situations où aucun test de dépistage n'est requis De confirmer les situations ou individus pour lesquels un test de dépistage pourrait être approprié De faciliter la transmission d’information éducative sur les différents tests de dépistage abordés dans l’aide-mémoireAfin de repérer rapidement des personnes potentiellement admissibles à un test de dépistage, les cliniciens doivent d’abord s’assurer que la personne soit majeure, asymptomatique, sans maladie chronique, sans antécédent personnel de cancer et ne soit pas enceinte. Ils peuvent ensuite s’aider d’un algorithme pour déterminer les tests de dépistage à prescrire. À lire aussi: ITSS: mise à jour du guide d’usage optimal sur l’approche syndromiquePour les personnes âgées de 50 ans ou plus, plusieurs dépistages sont à envisager, comme le diabète de type 2, le cancer du col de l’utérus, la dyslipidémie, le cancer colorectal, le cancer du sein et l'ostéoporose.Pour les adultes de moins de 50 ans, certains facteurs doivent être pris en compte:diabète de type 2: tous les 1 à 5 ans en présence d’au moins deux facteurs de risque parmi l’âge (45 ans ou plus), un antécédent familial de diabète, un antécédent personnel de glycémie élevée et un indice de masse corporelle supérieur ou égal à 30kg/m2cancer du col de l’utérus: tous les 2 à 3 ans (test Pap) ou tous les 5 ans (test VPH à partir de 25 ans) chez les personnes âgées de 21 ans ou plus avec un col de l'utérusdyslipidémie: tous les 5 ans chez les personnes de 40 ans ou pluscancer colorectal: tous les 2 ans ou tous les 5 à 10 ans selon le niveau de risque en présence d'un antécédent familial de cancer colorectalL’INESSS propose ensuite plusieurs fiches résumant les examens nécessaires pour une évaluation plus complète afin de confirmer l’admissibilité au dépistage. En voici les principaux points:Évaluation du risque cardiovasculairede 40 à 75 anstous les 5 ans, sur la base d'un bilan lipidique non à jeun et à l'aide de la calculatrice RCV de l'INESSSprésentation des options préventives (activité physique, alimentation) peuvent être présentéesconseiller la prise de la pression artérielleDT2Compléter le questionnaire FINDRISCSi le pointage est supérieur ou égal à 15 points, le dépistage est recommandé au moyen du dosage sanguin de l’hémoglobine glyquée (HbA1c)au besoin, proposer des interventions de soutien à l’adoption de saines habitudes de vie en collaboration avec l’équipe interprofessionnelleconseiller la prise de la pression artérielleCancer colorectal De 50 à 74 ans ou 74 ans et moins avec antécédent familial de cancer colorectal (CCR)Selon le niveau de risque, dépistage via le test RSOSi tous les 2 ans (ou 10 ans après une coloscopie de dépistage) ou via coloscopie tous les 5 ansDépistage exclu pour les personnes présentant un antécédent personnel de CCR ou de polypes ou de maladie inflammatoire de l’intestin, ou un antécédent personnel ou familial d’un syndrome génétique qui prédispose au CCRCancer du poumonChez une personne de 55 à 74 ans qui fume depuis au moins 20 ans de manière continue ou discontinue; qui a fumé pendant au moins 20 ans de manière continue ou discontinue; ou qui a arrêté depuis moins de 15 ansDépistage par tomodensitométrie axiale à faible dosePrésenter la cessation tabagique comme le premier moyen efficace de réduire les risques de développer un cancerInformer la personne sur les aides pharmacologiques et les services de soutien OstéoporoseFemme âgée de 65 ans ou plusHomme âgé de 70 ans ou plusAntécédent de fracture de fragilisation à 40 ans ou plus; sinon, compléter le questionnaire FRAXSi FRAX ≥ 20 % OU antécédent: une évaluation plus approfondie est recommandée pour évaluer la pertinence d'un traitementSi FRAX ≥ 10 % ET < 20 %: une ostéodensitométrie est recommandée pour préciser l'évaluation du risque de fractureCancer du col de l’utérus De 25 à 65 ans (si le test VPH est disponible)De 21 à 65 ans (si le test VPH n'est pas disponible)Selon le test disponible, le dépistage du cancer du col de l'utérus est effectué après une décision éclairée de la personneInformer que la vaccination contre les VPH oncogènes est disponible, parfois gratuitement, dans le cadre du Programme québécois d’immunisationPour ce dépistage, l’INESSS rappelle que l'implantation du test VPH en remplacement du test Pap comme premier test de dépistage du cancer du col de l'utérus se fera progressivement entre 2023 et 2025. À lire aussi: Hausse des cas de cancer du col de l'utérus, car ils sont détectés trop tardCancer du seinÂge de 50 à 74 ans, asymptomatique, sans risque accru de cancer du seinAdmissible dans le cadre du programme de dépistage du cancer du sein (PQDCS) et ayant reçu une lettre d’invitationEn l’absence de lettre, la personne doit confirmer son admissibilité auprès de son centre de coordination des services régionauxDépistage par mammographie après une décision éclairée de la personneCancer de la prostateDépistage systématique non recommandéL’aide-mémoire répertorie également toutes les contre-indications à l’application des protocoles médicaux de l’INESSS, ainsi qu’une liste non exhaustive de ressources complémentaires. Enfin, l'Institut rappelle que cet outil doit être utilisé conjointement avec le Guide des bonnes pratiques en prévention clinique du Ministère de la Santé et des services sociaux pour faciliter l’évaluation des demandes de bilan de santé en première ligne et favoriser une harmonisation des pratiques à l’échelle provinciale.Ressources: Aide-mémoire: dépistage des cancers, maladies chroniques et ITSSTutoriel pour l’utilisation de l’aide-mémoireAnnexes complémentaires à l’aide-mémoireGuide des bonnes pratiques en prévention clinique du MSSS

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