Le corps dispose déjà d'un système intégré de perte de poids qui fonctionne comme l’Ozempic ou le Mounjaro

Le Wegovy, l’Ozempic et le Mounjaro sont des médicaments destinés à la perte de poids et au traitement du diabète qui ont fait couler beaucoup d'encre. Ils ciblent les voies de régulation impliquées dans l'obésité et le diabète et sont largement considérés comme des avancées en matière de perte de poids et de contrôle de la glycémie.Mais ces médicaments permettent-ils d'identifier les causes profondes des maladies métaboliques? Qu'est-ce qui a motivé leur développement en premier lieu?Il s'avère que le corps produit des versions naturelles de ces médicaments – également connues sous le nom d'hormones incrétines – dans l’intestin. Que des nutriments présents dans l'alimentation contribuent à réguler ces hormones n'est peut-être pas surprenant. Mais vous serez peut-être intrigué d'apprendre que les billions de microbes présents dans l'intestin jouent un rôle clé dans l'orchestration de ce processus.Je suis gastroentérologue à l'Université de Washington et j'étudie comment l'alimentation et le microbiome intestinal influencent la santé et certaines maladies. Voici un aperçu du rôle que jouent les hormones intestinales et une alimentation saine dans le métabolisme et la perte de poids.Un intestin briséDes bactéries spécialisées présentes dans la partie inférieure de l'intestin absorbent les composants alimentaires que vous ne pouvez pas digérer, comme les fibres et les polyphénols – ces éléments végétaux qui sont éliminés de nombreux aliments transformés – et les convertissent en molécules qui stimulent les hormones pour contrôler l'appétit et le métabolisme. Ces molécules comprennent le GLP-1, une version naturelle du principe actif du Wegovy et de l'Ozempic.Le GLP-1 et d'autres hormones comme la PYY aident à réguler la glycémie par l'intermédiaire du pancréas. Elles indiquent également au cerveau que l'on a assez mangé et à l'estomac et aux intestins de ralentir le mouvement des aliments le long du tube digestif pour permettre la digestion. Ce système porte même un nom: le frein colique.Avant l'apparition des aliments transformés modernes, les voies de régulation métabolique étaient dirigées par un microbiome intestinal diversifié et sain qui utilisait ces hormones pour réguler naturellement le métabolisme et l'appétit. Cependant, la transformation des aliments, qui vise à améliorer la stabilité des produits et à rehausser le goût, élimine les molécules bioactives telles que les fibres et les polyphénols qui aident à réguler ce système.L'élimination de ces composants alimentaires clés et la diminution de la diversité du microbiome intestinal qui en résulte pourraient être un facteur important contribuant à l'augmentation de l'obésité et du diabète.Un court chemin vers la santé métaboliqueLe Wegovy et l'Ozempic revigorent le frein colique en aval de l'alimentation et des bactéries grâce à des molécules similaires au GLP-1. Les chercheurs ont démontré leur efficacité dans le contrôle du poids et de la glycémie.Le Mounjaro va plus loin en combinant le GLP-1 avec un deuxième analogue hormonal dérivé de l'intestin supérieur appelé GIP, et des études montrent que cette thérapie combinée est encore plus efficace pour favoriser la perte de poids que les traitements à base de GLP-1 seul, comme le Wegovy et l'Ozempic.Ces médicaments sont un complément à d'autres méthodes, comme la dérivation gastrique, employées dans les cas les plus extrêmes de maladie métabolique. Ces interventions chirurgicales peuvent en partie fonctionner comme le Wegovy et l'Ozempic en évitant la digestion dans certains segments du tractus gastro-intestinal et en baignant les micro-organismes de l'intestin dans les aliments moins digérés. Cela réveille les bactéries et stimule les cellules de l'intestin à produire du GLP-1 et du PYY, régulant ainsi efficacement l'appétit et le métabolisme.À lire aussi: Ozempic: «On a créé un monstre»De nombreux patients ont non seulement constaté une amélioration significative de leur poids et de leur glycémie, mais aussi une réduction des incidents cardiovasculaires graves tels que les accidents vasculaires cérébraux et les crises cardiaques. Les lignes directrices médicales soutiennent l'utilisation de nouveaux médicaments à base d'incrétine comme le Wegovy, l'Ozempic et le Mounjaro pour gérer les conditions métaboliques interdépendantes du diabète, de l'obésité et des maladies cardiovasculaires.Compte tenu des effets de ces médicaments sur le cerveau et sur les fringales, les chercheurs évaluent également leur potentiel pour traiter des maladies non métaboliques telles que l'abus d'alcool, la toxicomanie et la dépression.Une solution presque magique, pour les bonnes personnesMalgré le succès et les perspectives de ces médicaments pour aider les populations qui pourraient en bénéficier le plus, les pratiques actuelles de prescription ont soulevé certaines questions. Les personnes souffrant d'un léger surpoids devraient-elles utiliser ces traitements? Quels sont les risques liés à la prescription de ces produits chez les enfants et les adolescents dans le cadre d'une gestion du poids à vie?Si les thérapies à base d'incrétine ressemblent à des solutions miracles, elles ne sont pas dépourvues d'effets secondaires gastro-intestinaux tels que nausées, vomissements, diarrhée et constipation. Ces symptômes sont liés à la façon dont les médicaments agissent pour ralentir le tractus gastro-intestinal. D'autres effets indésirables plus graves, mais rares, sont la pancréatite et la gastroparésie irréversible, ou l'inflammation du pancréas et la paralysie de l'estomac.À lire aussi: Comment parler à vos patients de leur poids, sans biais ni grossophobieCes médicaments peuvent également entraîner une perte de la masse musculaire saine et maigre en plus de la graisse, en particulier en l'absence d'exercice physique. Une prise de poids importante après l'arrêt des médicaments soulève d'autres questions sur les effets à long terme et sur la possibilité de s'en tenir simplement par la suite à de saines habitudes de vie pour gérer son poids.Tous les chemins mènent au mode de vieMalgré notre aspiration à des solutions rapides, il est très possible qu'un mode de vie sain reste le moyen le plus approprié pour gérer les maladies métaboliques et l'état de santé général. Cela inclut l'exercice physique régulier, la gestion du stress, le sommeil, les activités de plein air et une alimentation équilibrée.Pour la majorité de la population qui ne souffre pas encore d'obésité ou de diabète, relancer le contrôle intégré de l'appétit et du métabolisme par l'intestin en réintroduisant des aliments entiers et en réveillant le microbiome intestinal peut être la meilleure approche pour promouvoir un métabolisme sain.La réintroduction d'aliments peu transformés dans son alimentation, et plus particulièrement d'aliments riches en fibres et en polyphénols tels que les flavonoïdes et les caroténoïdes, peut jouer un rôle important et complémentaire dans la lutte contre l'épidémie d'obésité et de maladies métaboliques dans leurs racines les plus profondes.Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.

Le corps dispose déjà d'un système intégré de perte de poids qui fonctionne comme l’Ozempic ou le Mounjaro

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