La metformine peut être utilisée pour prévenir ou traiter la prise de poids induite par les antipsychotiques

Les personnes souffrant de maladies mentales graves telles que la schizophrénie et les troubles bipolaires présentent des taux de mortalité prématurée plus élevés que le reste de la population. Une bonne partie de ce risque accru est attribuable aux facteurs cardiométaboliques, tels que le surpoids et l'obésité, très répandus chez les personnes souffrant de maladies mentales graves. En effet, la prise de poids est l'un des effets indésirables les plus fréquemment signalés et les plus pénibles d'un traitement antipsychotique. Les patients dont l'indice de masse corporelle (IMC) est faible, ou normal, sont plus enclins à une prise de poids cliniquement significative. Les interventions visant à réduire cet effet indésirable pourraient améliorer la santé physique, la qualité de vie et l'observance au traitement antipsychotique.À lire aussi: La chirurgie bariatrique a-t-elle encore sa place à l'ère des médicaments à base de sémaglutide?La prise de poids induite par ces médicaments dits aussi neuroleptiques peut être rapide et sévère au cours des premières semaines de traitement. Des interventions pharmacologiques peuvent alors être nécessaires pour aider à la prévenir. La metformine peut être utilisée hors indication dans ce but, ainsi que pour améliorer les résultats cardiométaboliques. Il s'agit de l'intervention pharmacologique la plus efficace étudiée pour la prévention de la prise de poids induite par les antipsychotiques, mais il n'existait pas jusque-là de lignes directrices cliniques pour un bon usage de la metformine. Pour aider les cliniciens en ce sens, un groupe international d'experts a élaboré le premier guide de pratique clinique fondé sur des données probantes (en utilisant la grille AGREE II et le cadre GRADE)1. Le groupe comprenait des chercheurs d'Irlande, du Danemark, d'Israël, d'Allemagne, du Royaume-Uni, d'Australie et du Canada. Ils ont constaté que la metformine est le seul agent pharmacologique dont l'efficacité a été démontrée pour prévenir la prise de poids induite par les antipsychotiques. Son administration peut la réduire d'environ 4 kg par rapport au groupe témoin. Il existe des preuves que des durées plus longues de traitement à la metformine permettent d'obtenir des amplitudes d'effet plus importantes pour les médicaments antipsychotiques à haut risque.À lire aussi: 208 millions d’Américains sont obèses ou en surpoids, selon une nouvelle étude Le groupe d'experts recommande que toutes les personnes souffrant d'un premier épisode psychotique se voient proposer un antipsychotique à faible risque d'effets indésirables cardiométaboliques, si possible à la dose efficace la plus faible. Cependant, si des antipsychotiques à risque moyen ou élevé sont nécessaires, des stratégies de prévention de la prise de poids, telles que l'utilisation précoce de la metformine, devraient être proposées. Tous les antipsychotiques peuvent entraîner une prise de poids, la clozapine et l'olanzapine présentant le risque le plus élevé. La quétiapine, la rispéridone et la palipéridone sont généralement classées plus bas que la clozapine et l'olanzapine en ce qui concerne les effets secondaires cardiométaboliques, mais elles peuvent néanmoins entraîner une prise de poids cliniquement significative (elles sont considérées comme des antipsychotiques à risque moyen). Tous les autres antipsychotiques sont classés comme présentant un risque plus faible en termes de prise de poids.Les jeunes sont particulièrement sensibles aux effets indésirables métaboliques des antipsychotiques, avec des taux de prise de poids induits par les antipsychotiques chez les enfants et les adolescents jusqu'à deux fois supérieurs à ceux observés chez les adultes. Étant donné que les maladies mentales graves commencent souvent au début de l'âge adulte, il est essentiel d'intervenir tôt pour prévenir les effets néfastes de la prise de poids.Le groupe d'experts a élaboré un algorithme (voir la figure 1 du guide) qui formule des recommandations spécifiques pour l'administration conjointe de metformine lors du début de la prise d'antipsychotiques spécifiques (ou lors d'un changement d'antipsychotique), ou pour la prescription de metformine au cours d'un traitement antipsychotique si certains critères sont présents. Par exemple:la metformine doit être entreprise conjointement avec des antipsychotiques présentant un risque élevé de prise de poids (olanzapine ou clozapine, qui ne sont pas des agents de première intention);la metformine doit également être associée à un antipsychotique à risque moyen (quétiapine, rispéridone ou palipéridone) si le patient présente un ou plusieurs facteurs de risque (hypertension, diabète, âge compris entre 10 et 25 ans, etc.);la metformine doit être entreprise pendant le traitement par un antipsychotique à risque moyen (quétiapine, rispéridone ou palipéridone) ou un antipsychotique à risque faible (tous les autres) si le patient prend plus de 3% de poids au cours de la première année de traitement. L'algorithme comprend également des critères pour commencer un agoniste du glucagon-like peptide-1 (GLP-1), comme le sémaglutide: IMC égal ou supérieur à 30, ou IMC compris de 27 à 30 avec un autre facteur de risque (par exemple, hypertension, diabète, apnée obstructive du sommeil, voir l'algorithme pour les autres). Posologie recommandéeLorsque la metformine est utilisée, un schéma d'augmentation de la dose est recommandé: 500 mg le matin (semaine 1); 500 mg matin et soir (semaine 2), puis vérification de l'efficacité; 1 g le matin et 500 mg le soir (à partir de la semaine 4), puis vérification de l'efficacité; enfin 1 g matin et soir à partir de la semaine 6. La metformine doit être prise avec ou après la nourriture pour minimiser les effets indésirables gastro-intestinaux. Un comprimé uniquotidien à libération lente pourrait être envisagé si les effets secondaires gastro-intestinaux persistent ou si les patients ne sont pas en mesure d'adhérer à la posologie biquotidienne. Des réductions de dose sont nécessaires en cas d'insuffisance rénale, ce critère était inclus dans l'algorithme. Celui-ci fournit également des informations sur la surveillance continue du patient et sur les situations dans lesquelles la metformine doit être arrêtée. Pour tous les patients prenant des antipsychotiques, le groupe d'experts recommande de proposer des interventions visant à modifier le comportement, y compris le mode de vie et les interventions diététiques, compte tenu de leurs avantages bien documentés. Ces interventions doivent être poursuivies chaque fois que l'on commence à prendre de la metformine.

La metformine peut être utilisée pour prévenir ou traiter la prise de poids induite par les antipsychotiques

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