La hausse des prix du Mounjaro est-elle le début d’une tendance?

La semaine dernière, le géant pharmaceutique américain Eli Lilly a augmenté le prix de son médicament MounjaroMD au Canada, à la suite des pressions exercées par le président américain Donald Trump afin de le faire baisser aux États-Unis et l'augmenter ailleurs, selon un article du Globe and Mail.L'entreprise augmente également le prix de son médicament, indiqué pour traiter le diabète de type 2 (DT2) et favoriser la perte de poids, au Royaume-Uni.Dans un communiqué de presse publié la semaine dernière, Eli Lilly affirme soutenir «l'objectif de l'administration [Trump] de maintenir les États-Unis au premier rang mondial pour la recherche et la fabrication biopharmaceutiques, ainsi que l'objectif d'un partage plus équitable des coûts de la recherche médicale de pointe entre les pays développés.» Plus tôt cet été, Donald Trump a envoyé des lettres à 17 acteurs pharmaceutiques – AbbVie, Amgen Inc., AstraZeneca, Boehringer Ingelheim, Bristol Corp. Myers Industries Inc. Squibb, Eli Lilly, EMD Serono, Genentech Inc., Gilead, GSK, Johnson & Johnson, Merck, Novartis AG, Novo Nordisk, Pfizer, Regeneron et Sanofi – leur demandant d'augmenter les prix des médicaments dans d'autres pays, ce qui leur permettrait de les baisser aux États-Unis.À lire aussi: Droits de douane américains sur les produits pharmaceutiques: où en est-on?Dans son communiqué, Eli Lilly ajoute: «si nous convenons que les coûts des médicaments révolutionnaires devraient être répartis plus équitablement entre les pays développés, nous devons également nous attaquer aux problèmes structurels sous-jacents aux États-Unis qui ont contribué à la hausse des prix des médicaments. Le système américain est complexe et opaque, avec de multiples subventions croisées, des abus de programmes gouvernementaux comme le 340B et des charges de partage des coûts pour les patients. Cela distingue les États-Unis des autres pays développés, qui disposent d'un système moins complexe et d'un coût faible, voire nul, à la charge des patients.»Entre-temps, au Canada, plusieurs intervenants du secteur de la santé ont dénoncé l'augmentation des prix, soulignant souvent les préjudices qu'elle pourrait causer aux patients, dont l'accès aux médicaments pourrait être restreint.Dans un communiqué transmis par courriel, Santé Canada affirme qu'elle «continuera de collaborer avec ses partenaires du système de santé, notamment les partenaires provinciaux et territoriaux, afin de surveiller activement les répercussions sur les prix des médicaments et collaborera, au besoin, à l'élaboration de mesures d'atténuation potentielles, notamment celles visant à remédier aux éventuelles perturbations de l'approvisionnement en produits de santé».L'agence fédérale de la santé encourage également les Canadiens à collaborer avec leurs professionnels de la santé et leurs pharmacies pour continuer d'avoir accès aux médicaments dont ils ont besoin.À lire aussi: L'industrie pharmaceutique canadienne craint l'imposition par Trump de droits de 200%L'Association des pharmaciens du Canada (APhC) se dit «évidemment préoccupée» par les répercussions des menaces commerciales et tarifaires américaines sur le prix des médicaments au Canada.«Nous mettons en garde contre ces répercussions potentielles depuis des mois, et même si nous ne prévoyons pas de changements généralisés dans les prix des médicaments dans l'immédiat, cela pourrait marquer le début d'une tendance inquiétante», indique l'APhC par courriel. D’après l’association, les pharmaciens ne peuvent souvent pas répercuter les augmentations de prix des médicaments sur les patients, car les prix des médicaments au Canada sont déjà négociés, ce qui entraîne un impact disproportionné sur la profession. «C'est pourquoi nous avons besoin que les gouvernements collaborent dès maintenant avec nous et le secteur pharmaceutique pour limiter l'impact et se préparer aux défis futurs. En attendant, les pharmaciens continueront de faire tout ce qu'ils peuvent pour aider les patients à comprendre leurs options et à gérer leurs soins.» Dans un communiqué, le Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB) indique que, bien qu'il ne formule aucun commentaire sur les médicaments en particulier, il réaffirme ses nouvelles lignes directrices concernant la recommandation relative au processus administratif pour les audiences sur les prix excessifs, qui entreront en vigueur le 1er janvier 2026.Par ailleurs, la Société canadienne des pharmacies des systèmes de santé (SCPSS) rappelle que, «bien qu'Eli Lilly Canada n'ait pas publié d'avis public officiel confirmant l'augmentation concernant MounjaroMD, en tant que professionnels de la pharmacie, nous reconnaissons que toute augmentation du coût des médicaments peut avoir une incidence sur l'accès des patients aux soins et la continuité des soins.» Par ailleurs, les équipes de pharmacie, lorsqu'elles sont informées d'une modification de prix, évaluent attentivement l'impact sur les patients et collaborent avec les prestataires de soins pour ajuster les plans de traitement en conséquence afin d'assurer la continuité des soins et l'accès aux soins, ajoute la SCPSS. À lire aussi: Les médicaments pour la gestion du poids en forte croissance au CanadaDe son côté, le CSHSP encourage les pharmaciens à rassurer les patients sur l'absence d'impact immédiat sur les coûts ou l'approvisionnement, à leur dire de ne pas acheter et de faire des réserves de médicaments dans la panique, à discuter avec eux des coûts des traitements et à se préparer à discuter d'autres options.«Le CSHSP continue de collaborer avec le gouvernement et d'autres intervenants pour surveiller les effets potentiels des tarifs douaniers et de l'évolution des marchés internationaux sur l'approvisionnement et les prix des médicaments au Canada. Notre priorité demeure de garantir aux patients un accès fiable et abordable aux médicaments dont ils ont besoin, sans interruption.»Outre celui du MounjaroMD, le prix d'autres médicaments populaires contre le diabète est en hausse. Lundi, Novo Nordisk a annoncé que si les patients américains achetaient de l’OzempicMD en le payant directement de leur poche (plutôt que par l'intermédiaire d'un assureur), le prix serait réduit de moitié, pour atteindre 499$ US.

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