Un cursus sinueux: de pharmacienne à médecin de famille

Pauwlina Cyca se souvient encore très bien du magnifique bol ancien qui trônait sur la table de la maison d’un couple de personnes âgées à qui elle rendait visite – ce qu’elle faisait pour ses patients en pharmacie moins aptes à se déplacer. «Le bol était rempli de médicaments, mélangés les uns aux autres, comme s’il s’agissait d’un pot à bonbons», raconte-t-elle. «Je leur ai dit: “C’est un très beau bol. J’ai remarqué qu’il contenait tous vos médicaments. Pouvez-vous me dire ce que c’est?” Ils m’ont répondu: “Ce sont tous les médicaments que nous sommes censés prendre, que notre médecin nous a prescrits. Et nous avons du mal à ouvrir les flacons. Alors nous les mettons tous dans ce bol et chaque fois que nous nous sentons un peu mal, nous en prenons une poignée.”»Les problèmes de santé de ce couple, avec leurs résultats de laboratoires tout «en désordre» ont soudain pris plus de sens pour Pauwlina Cyca, tout comme l’importance des visites à domicile: «On comprend mieux pourquoi les gens se comportent comme ils le font, et pourquoi ils ne peuvent peut-être pas accéder au traitement recommandé qui les aiderait».En tant que pharmacienne communautaire, elle a beaucoup apprécié ces contacts avec les patients. «J’avais l’impression d’apporter un grand changement et d’influer positivement sur la vie de beaucoup de gens», déclare-t-elle. « C’est en partie ce qui m’a poussée à m’orienter vers la médecine familiale, car je voulais continuer à avoir une influence à plus grande échelle.»Bientôt, Pauwlina Cyca pourra ajouter le titre de médecin de famille à son curriculum vitae.Le désir d’exercer la médecine s’est manifesté dès l’enfance, lorsque sa sœur et sa mère ont dû être traitées en même temps pour un lymphome hodgkinien. Mais des contraintes financières et de temps l’ont empêchée de passer les examens d’entrée à la faculté de médecine, et lorsque l’opportunité de devenir pharmacienne s’est présentée sous la forme d’un diplôme entièrement financé, elle l’a saisie, et une carrière extrêmement fructueuse s’en est suivie. «J’ai été pharmacienne en milieu hospitalier, puis je suis passée en communautaire, puis dans le domaine de la réglementation, et enfin dans la supervision d’entreprise, l’excellence opérationnelle et la conformité réglementaire.»À consulter aussi: Noémie S. Perkins, résidente et écrivaine: «À l'hôpital comme dans un roman, toutes les émotions sont exagérées»Des années plus tard, elle a perdu sa mère, qui lui a laissé une lettre: «Pauwlina, tu dois poursuivre ton rêve. Tu dois au moins essayer. Tu regretteras plus que tout de ne pas avoir essayé.» Après avoir démissionné, elle a passé le test d’aptitude à la maîtrise en médecine et s’est inscrite à l’Université de Calgary. Aujourd’hui, cette mère de trois enfants (des jumelles de 13 ans et un fils de 10 ans) et de «deux estomacs sur pattes» (des labradors) termine sa dernière année d’internat.«Pour changer les choses, il faut être dans le système»Pauwlina Cyca est également présidente de l’Association professionnelle des médecins résidents de l’Alberta (PARA) et responsable des résidents de son programme dans la division nord-ouest. «Cela peut être très prenant, mais je suis d’avis que pour changer les choses, il faut être dans le système», dit-elle. Pauwlina Cyca continue également d’exercer son métier de pharmacienne en tant que conseillère principale des services pharmaceutiques pour Pharmacy Brands Canada. À consulter: Jacqueline Simoneau travaille d’arrache-pied pour la poursuite de ses rêvesAu début du mois de juillet 2025, Pauwlina Cyca sera médecin de famille. «Je suivrai le programme de bourses en oncologie générale, ce qui me permettra de soigner les personnes qui reçoivent principalement de la chimiothérapie», indique-t-elle.. «J’aurai également le privilège d’aider des personnes en soins aigus qui se trouvent dans le service d’oncologie. Ma pratique sera aussi diversifiée que l’ont été mes stages et j’espère pouvoir intégrer ma formation et mes connaissances en pharmacie dans la médecine.»Elle explique que sa formation en pharmacie lui a offert une perspective différente sur la probabilité de succès thérapeutique avec un patient une fois qu’un traitement est prescrit.«Premièrement, le patient a-t-il les moyens de se l’offrir? Deuxièmement, est-il remboursé? Troisièmement, est-il accessible au Canada? S’agit-il d’un médicament qui existe et qui est facilement accessible? Y a-t-il une pénurie chez le fabricant? Ou existe-t-il un traitement alternatif qui permettrait au patient de respecter plus facilement les recommandations relatives aux choix thérapeutiques qui s’offrent à lui?»Toutes ces questions la ramènent directement au bol de bonbons rempli de médicaments. «Le fait d’avoir toutes ces expériences différentes aide vraiment à mettre en perspective les soins prodigués aux patients», assure-t-elle. «En tant que médecin, je peux faire toutes sortes de recommandations, mais si le patient n’est pas en mesure d’accéder aux thérapies qui lui ont été prescrites ou conçues, ou d’y adhérer, cela n’a pas d’importance.»

Un cursus sinueux: de pharmacienne à médecin de famille

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