Pharmacies communautaires: 934 emplois perdus, dont 187 pharmaciens depuis septembre

Jean Bourcier, vice président exécutif et directeur général de l'AQPPLe report par le gouvernement du déplafonnement des allocations professionnelles a des conséquences importantes sur l'économie des pharmacies communautaires. Un récent sondage Léger* en détaille les impacts à la grandeur du Québec. Près d'un millier d'employés ont ainsi été congédiés et les heures d'ouverture réduites dans des centaines de pharmacies. La présence de pharmaciens, assistants techniques et infirmières en officine a également diminué. Tout cela entraine une accessibilité réduite pour les patients.Il ressort du sondage que la disponibilité des pharmaciens a régressé partout, avec 3 545 heures d'ouverture en moins chaque semaine depuis septembre. Plus de 48 000 heures de travail hebdomadaires ont été coupées. Plusieurs pharmacies ont licencié au total 934 employés, dont 187 pharmaciens.Le déplafonnement était prévu dans l'entente signée avec les pharmaciens propriétaires en juin 2015. «Nous savions que les délais liés au déplafonnement se répercutaient sur les services de proximité, mais l'ampleur des conséquences révélée par le sondage est alarmante», affirme Jean Bourcier, vice-président exécutif et directeur général de l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP).En juin 2015, les pharmaciens propriétaires ont accepté de contribuer à l'effort budgétaire du gouvernement en lui versant 400 millions $ sur trois ans, à même leurs honoraires. Comme mesure d'atténuation, le gouvernement s'est engagé à lever temporairement le plafond des allocations professionnelles. Depuis septembre, les pharmaciens ont ainsi versé près de 50 millions $ au gouvernement. Or, cinq mois après le début des compressions et huit mois après la signature de l'entente, le déplafonnement promis par le ministre de la Santé et des Services sociaux n'est toujours pas en vigueur.Jean Bourcier rappelle que les pharmacies du Québec représentent une force économique de 41 000 emplois, soit davantage que les emplois québécois de Rona, Bombardier et Rio Tinto réunis. «S'il s'agissait d'emplois perdus au sein d'une même entreprise, le gouvernement mettrait tout en œuvre pour les sauver. Or, dans le cas présent, il ne suffirait que de mettre en vigueur une entente signée il y a huit mois!»Autres donnéesVoici un tableau de la situation depuis le 30 septembre, tel que le révèle le sondage:La moitié des pharmacies a réduit les heures de travail des pharmaciens (53 %), soit 6 heures de moins/semaine;Les assistants techniques (dans 47 % des pharmacies), le personnel de plancher (dans 44 %) et les autres professionnels de la santé, dont les infirmières (dans 19 %), ont aussi vu leurs heures réduites;La grande majorité des pharmacies (87 %) a cessé ou diminué ses contributions à des organismes communautaires, un montant qui représente 4,5 M$.«C'est une période inquiétante pour les pharmacies communautaires. Depuis le début des compressions, plus du quart des pharmaciens propriétaires a dû faire appel à du nouveau financement, pour un total de 62 M$. On oublie souvent qu'ils portent le double chapeau de professionnels de la santé et d'entrepreneurs», conclut Jean Bourcier.Non seulement le déplafonnement n'est toujours pas autorisé, poursuit-il, mais le gouvernement étudie le projet de loi 81 sur les appels d'offres pour les fabricants de médicaments génériques. Une partie des allocations professionnelles disparaitrait avec cette procédure, ce qui, de facto, trahit la portée de l'entente conclue en juin dernier avec le gouvernement. Pourtant, les allocations professionnelles font partie intégrante de la rémunération globale des pharmaciens, elles sont obligatoirement réinvesties à 100 % dans le maintien des services de proximité aux patients et sont essentielles pour assurer la viabilité des pharmacies.L'AQPP présente aujourd’hui son mémoire en commission parlementaire, en lien avec le projet de loi 81.*Sondage sur le déplafonnement des allocations professionnelles auprès des pharmaciens propriétaires, Léger, mars 2016. Mené dans 1 145 pharmacies, soit 61 % des pharmacies du Québec.Source : Association québécoise des pharmaciens propriétaires

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