Perte de poids rapide: aider les patients à traiter les rides et le relâchement de la peau

Les avantages de la perte de poids peuvent se muer en nouveau problème: la peau flasque et ridée. Avec la popularité grandissante des médicaments à base de sémaglutide, c’est un sujet que les médecins qui encouragent la perte de poids n’abordent pas souvent avec leurs patients, observe la Dre Jean Carruthers, chirurgienne esthétique et professeure au département d’ophtalmologie de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC).La laxité de la peau peut causer une grande détresse chez certains patients et entraîner des problèmes d’estime de soi, d’anxiété et de dépression. Les changements qui se produisent au niveau du visage et du cou sont particulièrement importants. Outre le relâchement de la peau, les rides peuvent aussi se manifester et faire paraître une personne jusqu'à 10 ans plus vieille qu'elle ne l'est. Certaines parties du visage peuvent être déséquilibrées si la graisse disparaît de manière inégale.Non seulement la peau s’affaisse, mais la perte de graisse, voire de certains muscles du visage, fait que la peau colle plus étroitement à l’os. Cela donne l’impression que les gens ne vont pas bien, ce qui peut inciter les autres à garder leurs distances et nuire aux interactions sociales, a indiqué la Dre Carruthers lors d’une entrevue.Sur le même sujet: Le surplus de peau après une chirurgie bariatrique est fréquent, mais on parle peu de ses conséquencesOn parle même de «visage Ozempic» pour désigner ce problème, même s’il est avant tout dû à une perte de poids rapide, quelle qu’en soit la cause. L’Ozempic est l’un des trois médicaments approuvés dans la classe des agonistes des récepteurs du glucagon-like peptide-1 (GLP-1). L’activation des récepteurs GLP-1 dans le système nerveux central joue un rôle central dans la régulation de l’appétit. Ces médicaments sont également associés à des améliorations des taux d’hémoglobine A1c et des résultats cardiovasculaires. La perte de poids contribue à la réduction de la douleur et à la mobilité des patients souffrant d’affections telles que l’arthrite, où le surpoids entraîne un stress supplémentaire sur les articulations.Il ne fait aucun doute que ces médicaments sont efficaces pour lutter contre le surpoids. L’étude STEP (Semaglutide Treatment Effect in People with Obesity) a montré que l’utilisation du sémaglutide pendant 68 semaines a entraîné une perte de poids moyenne de 14,9%, contre 2,4% chez les patients ayant reçu un placebo et modifié leur mode de vie.Toutefois, des études STEP ultérieures ont montré que les patients qui arrêtent de prendre le médicament reprennent du poids. «Par conséquent, le sémaglutide doit être prescrit en pensant qu’il s’agira d’un médicament à vie», selon une note de synthèse publiée dans la revue Facial Plastic Surgery.Lire aussi: Un guide pour optimiser la prise en charge de la perte de poidsComme de nombreux dermatologues et chirurgiens esthétiques, la Dre Carruthers rencontre un nombre croissant de patients en quête de solutions à ce problème. Déjà occupée par les baby-boomers vieillissants dont la peau se relâche en raison de changements dans l’activité des cellules cutanées, les patients présentant un «visage Ozempic» comprennent un mélange d'adultes plus jeunes et plus âgés.Alors, que doit faire une personne qui a perdu du poids rapidement? Le fait d’être confronté à ce problème ne signifie pas qu’il faille sauter vers une solution chirurgicale. En effet, il existe de nombreuses options topiques et non invasives, signale la Dre Carruthers. Les avis sur la manière de gérer le problème, ou sur le moment opportun de le prendre en charge, varient d’un dermatologue à l’autre. Celui de la médecin penche pour une approche plus lente et plus conservatrice. «Les baby-boomers attendent généralement que quelque chose se soit produit avant de le traiter. Les milléniaux se demandent s’il est possible de prévenir le problème», souligne -t-elle.En effet, contrairement à l’approche de la Dre Carruthers, la note de synthèse dans Facial Plastic Surgery indique que «les interventions chirurgicales doivent généralement être reportées jusqu’à ce que le patient ait atteint son objectif de perte de poids, qu’il réussisse à maintenir son poids et que sa nutrition soit optimisée». Les auteurs ajoutent que «pour la plupart des patients, une combinaison de procédures chirurgicales, de traitements cutanés et de restauration du volume donnera les meilleurs résultats».Lire aussi: La popularité des soins esthétiques ne cesse de grandir«Nous voyons les patients à notre clinique, et que nous resserrons leur peau au fur et à mesure», indique la Dre Carruthers. Aider les patients avant que les changements ne deviennent plus extrêmes peut également être bénéfique pour leur santé mentale. «S’ils en arrivent à un point où ils sont déprimés par leur apparence, il est trop facile de ne plus faire d’injections et de laisser le poids revenir», souligne-t-elle.Au cours de la période initiale de perte de poids, les patients traversent une période de changements considérables. Ils sont déjà préoccupés par les problèmes de santé qui les ont probablement poussés à perdre du poids, et leur corps tout entier se transforme. Voir son visage changer, parfois de façon inégale car la graisse n’est pas toujours perdue de façon homogène, peut être bouleversant. Quelles sont les options possibles? Les crèmes topiquesBien qu’une page d’information sur le site web de l’American Academy of Dermatology (AAD) indique que les effets des crèmes sont au mieux subtils, la Dre Carruthers mentionne qu’il en existe plusieurs sur le marché qui aident de nombreux patients. Elles contiennent des peptides et des acides aminés, ainsi que certaines plantes, qui raffermissent la peau en déclenchant la croissance du collagène et de l’élastine. Ces produits-là sont populaires pour le visage et le cou. Les produits de comblementIl en existe différents types, tel l’acide hyaluronique, qui sont injectés juste sous la peau et servent à remplacer la graisse perdue pour lisser la peau. Il est possible d’en ajouter un peu au fur et à mesure que le visage ou le corps du patient se modifie avec la perte de poids.Procédures non invasives de resserrement de la peauElles peuvent être utilisées n’importe où sur le corps et ne nécessitent pas de piqûres ou d’incisions. Il peut s’agir de lasers non ablatifs, de dispositifs de radiofréquence ou d’ultrasons. Le terme «ablatif» vient du latin et signifie «enlever» ou «retirer». Les lasers non ablatifs comprennent la lumière pulsée, les lasers à colorant pulsé et les lasers fractionnés. Ils peuvent être utilisés pour traiter la rosacée, les varicosités et les problèmes de peau liés à l’acné, ainsi que pour resserrer la peau. Les lasers ablatifs comprennent quant à eux les lasers au CO2 et ceux à l’erbium. Les lasers au CO2 sont généralement utilisés pour se débarrasser des cicatrices, des verrues et des rides profondes, tandis que les lasers à l’erbium sont réservés aux rides plus fines. Ces deux types de lasers éliminent les couches extérieures de la peau. Ils peuvent être douloureux et les patients ont besoin de deux à quatre semaines pour se rétablir.Les appareils de radiofréquenceIls produisent de la chaleur lorsque les signaux traversent la peau. La chaleur active les cellules qui fabriquent du collagène.Les dispositifs à ultrasonsIls génèrent également de la chaleur sous la peau pour stimuler les cellules productrices de collagène et d’élastine.Procédures invasivesIl s’agit de procédures chirurgicales telles que les liftings et les abdominoplasties.Le modus operandi préféré de la Dre Carruthers consiste à utiliser des crèmes topiques, des traitements par ultrasons si les traitements topiques ne suffisent pas, et des produits de comblement. Cette approche fonctionne pour la plupart de ses patients. «Un lifting est souvent perçu comme une intervention pratiquée à la fin d’une perte de poids massive. Mais peut-être que si vous resserrez la peau au fur et à mesure, vous n’aurez pas besoin d’avoir recours à la chirurgie», relève-t-elle.Bien entendu, la question de l’accessibilité se pose puisque ces traitements sont tous considérés comme cosmétiques. Ils ne sont donc pas pris en charge par les régimes d’assurance maladie provinciaux. «C’est une question sur laquelle les gouvernements devraient se pencher. Dans l’ensemble, l’obésité a remplacé le tabagisme en tant que problème de santé publique. Si l’on veut que les gens vivent plus longtemps et soient plus productifs, il serait très important que ce problème soit pris en charge», estime la chirurgienne esthétique. Après tout, notre apparence influe sur la façon dont nous nous sentons dans notre peau et sur notre capacité à être pleinement fonctionnel.

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