Oh non, l’arbre!

Dans mon billet précédent, j’abordais l’augmentation toujours croissante des tâches qui guette les pharmaciens. En fait, soyons francs, l’augmentation des tâches touche l’ensemble des acteurs du réseau de la santé. Face à des enjeux qui apparaissent ou qui évoluent, la population québécoise a une soif croissante de soins de santé. Nous pourrions nous poser de nombreuses questions sur la prévention, bien entendu. L’exercice, l’alimentation, la gestion de la surcharge mentale, l’éducation à la santé et tout le reste, c’est très beau, mais la réalité est que ces leviers sont complexes et difficiles à mettre en place. Comme pour l’environnement, la volonté commune n’est pas au rendez-vous. Il ne reste donc plus qu’à tenter de soigner autant que faire se peut. Mais qui dit besoins croissants, dit ressources encore plus étirées. Il me semble que ça fait plus de 40 ans qu’on demande de faire plus avec moins. À force de suivre cette idée, nous arriverons possiblement au bout de la logique et nous ferons tout avec rien, j’imagine… Évidemment, les coûts pour soigner sont partagés entre les humains et le matériel. Le coût toujours plus élevé des appareils médicaux, mais surtout des médicaments de pointe, nous touche indirectement. Cependant, au-delà du coût «matériel» qui devra être contrôlé notamment par de difficiles choix de thérapie, il faudra investir dans les humains pour prodiguer ces soins. Or ici, on risque de frapper un mur ou, comme Georges de la Jungle, un arbre! J’évoquais donc le mois dernier l’idée de plan d’effectifs. L’Ordre demande aux pharmaciens propriétaires de se livrer à cette réflexion régulièrement. C’est à mon avis une excellente idée. Si l’on veut par exemple installer de la DVCC dans le contexte actuel de pénurie d’employés, il faut prévoir le personnel disponible quelques mois à l’avance. Mais au niveau collectif, si un tel exercice se fait, je n’en vois pour l’instant aucune trace. Regardons les chiffres tirés des rapports annuels de l’Ordre des pharmaciens du Québec de 2017-2018 à 2020-2021 (les plus récents à ce jour): La variation en pharmacies communautaires (propriétaires + salariés) est de +80 en moyenne. Pour donner une idée de l’ampleur du problème, au moment de rédiger ce blogue, UNE SEULE des compagnies de recrutement affiche 70 postes de pharmaciens. Imaginez la demande totale. Le deuxième tableau, quant à lui, montre que les démissions restent plus élevées que les premières inscriptions pour la même période de référence. Heureusement, les réinscriptions (souvent à la suite d’une absence temporaire, par exemple les congés de maternité) sauvent la donne et le nombre total d’inscrits continue de grimper lentement. Avec, de plus, les difficultés de recrutement encore plus aiguës en région, quel est le plan pour augmenter les effectifs de pharmaciens? Le télé-enseignement en coopération avec des universités de région serait-il une solution? Est-il possible d’augmenter les cohortes des universités existantes? Les pharmaciens qui arrivent de l’étranger pourraient notamment recevoir une formation accélérée, mais il y a possiblement des enjeux de qualité des soins de ce côté, à mon avis, puisque les diplômes étrangers ne sont pas tous équivalents. Les fameuses «TP» vont donner un coup de main, mais elles seront peu nombreuses initialement. À quand une concertation générale sur les effectifs professionnels de la pharmacie au Québec? Une planification en profondeur qui inclurait l’Ordre, certaines associations (AQPP, APPSQ, AQATP), les universités et les ministères de la Santé et de l’Éducation. Nous sommes fermement accrochés à la liane, mais de grâce, tentons d’éviter l’arbre!

Stratégies et tactiques

Oh non, l’arbre!

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Derrière ce blogue:

Philip Morgan

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