Obésité: le poids du père avant la naissance est un important facteur de risque pour l’enfant

Les études sont nombreuses concernant la santé des mères et son incidence sur la croissance de leur enfant. Mais peu incluent également des données sur la santé paternelle. Or, leur état de santé peut grandement influencer celle de leur futur enfant, et notamment leur poids, à en croire une nouvelle étude de l’Université de Toronto publiée dans l’International Journal of Obesity1. L’équipe de la Faculté de médecine Temerty a analysé les données de 2238 participants canadiens à l'étude de cohorte CHILD, l'une des plus importantes études de cohorte prospectives sur la grossesse au pays. L'indice de masse corporelle (IMC) paternel prénatal moyen était de 27,44 (ET = 4,77) et 22,83% des pères étaient obèses. L'IMC des enfants a également été mesuré à plusieurs reprises de la naissance à l'âge de cinq ans.Un risque d’obésité près de deux fois plus importantEn comparant l’IMC des parents avant la grossesse avec celui des enfants de la naissance à cinq ans, et en prenant en compte un grand nombre de variables – revenu, temps passé devant un écran, activité physique, allaitement, fréquentation d'une garderie, etc. – , les chercheurs ont constaté que les enfants de pères classés comme obèses ou en surpoids en fonction de leur IMC pendant la grossesse avaient près de deux fois plus de chances de connaître une croissance rapide de leur IMC jusqu'à l'âge de cinq ans. Une tendance également liée à un risque accru d’obésité plus tard dans la vie. Dans le détail, les enfants de mères ayant un poids normal et de pères obèses avaient 1,86 fois plus de risques (OR: 1,86; IC à 95%: 1,22–2,84) d'être classés dans la trajectoire de z-scores d’IMC (IMCz) à croissance rapide, par rapport aux enfants de pères de poids normal. Les risques d’être dans la trajectoire de croissance rapide de l’IMCz étaient presque multipliés par quatre lorsque les mères et les pères étaient tous deux obèses (OR: 4,35; IC à 95%: 2,65–7,14).Inclure les pères dans les conseils de santé prénatauxSi les mécanismes à l’origine de ce lien sont encore à l’étude, l’une des coauteurs de la recherche avance dans un article de l’Université de Toronto plusieurs hypothèses pour l’expliquer: la génétique, l'épigénétique et l'environnement. «Nous étudions si une mauvaise alimentation et un excès de poids chez les hommes peuvent transmettre le risque par le biais de modifications épigénétiques du sperme et comment les comportements partagés au sein du foyer peuvent également y contribuer», indique ainsi Kozeta Miliku, professeure adjointe de sciences nutritionnelles à la Faculté de médecine Temerty de l'Université de Toronto, professeure adjointe de médecine à l'Université McMaster et chercheuse au Centre Joannah et Brian Lawson pour la nutrition infantile.Aujourd’hui, près de 70% des hommes canadiens en âge moyen de procréer – environ 34 ans – sont classés comme étant en surpoids ou obèses en fonction de leur IMC. Mais les messages de santé publique concernant la santé prénatale restent focalisés sur les femmes. Selon Kozeta Miliku, «ces résultats déplacent une partie de la responsabilité, montrant que la santé d'un père peut avoir un impact non seulement sur son propre avenir, mais aussi sur celui de sa partenaire et de son enfant.»Référence: Rossi A, Chen ZH, Ahmadiankalati M et coll. Determining the interplay of prenatal parental BMI in shaping child BMI trajectories: the CHILD Cohort Study. Int J Obes (2025). https://doi.org/10.1038/s41366-025-01792-8

Obésité: le poids du père avant la naissance est un important facteur de risque pour l’enfant

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes