Nouveau modèle de rémunération: travailleriez-vous comme coiffeuse?

La réalité, c’est que la modification semble surtout se faire au niveau de la charge de travail. Nous avons collectivement peu réduit la charge de travail liée à la distribution. En fait, certains diraient que la distribution est plus difficile qu’il y a dix ans. Entretemps, il s’est ajouté un volet clinique qui pèse parfois lourd dans la balance. Et c’est là que les choses se corsent. Pourquoi? Parce que le modèle de rémunération a étrangement stagné. Prenons ici une pause pour parler de la rémunération des coiffeuses. Les coiffeuses sont payées à l’acte. Pour chaque client, la coiffeuse garde une partie des profits que le salon facture, auxquels s’ajoute le pourboire. En revanche, elle doit aussi assumer un risque. En effet, la coiffeuse «loue» sa chaise. S’il pleut, si elle ne fait pas un bon travail, si elle prend trop de temps avec chaque client ou pour toute autre raison, la coiffeuse pourrait ne pas toucher de revenus cette journée-là. Il en va de même pour certains autres professionnels de la santé qui paient des frais périodiques (à la journée, aux semaines ou au mois) en échange d’un lieu, d’équipement et de personnel. Ils facturent leurs actes et conservent le «profit» généré. En pharmacie, nous avons un modèle basé sur une facturation à l’acte, tant pour la distribution que pour les services cliniques. Cependant, ce sont des salariés qui génèrent les actes, et donc la rémunération générale qui transite par le propriétaire. Il arrive parfois que certains revenus d’actes soient partagés, généralement dans le but d’encourager la production de ceux-ci, mais ce n’est pas la norme. Il en résulte une déconnexion entre le travail effectué et la production de services. C’est là que réside, je pense, le problème majeur. La loi du marché a établi un salaire «usuel» pour les pharmaciens, environ 59 $ de l’heure, selon l’enquête 2020 de l’APPSQ. Or pour un même salaire, un pharmacien peut travailler très lentement à la distribution, tandis que son collègue devra compenser en produisant trop rapidement. Un troisième collègue pourrait pendant ce temps pousser fort en clinique grâce à sa productivité et son sens de l’organisation. Toujours au même salaire, il générerait quand même moins de rémunération que le pharmacien «lent» à la distribution et nettement moins que celui qui «drive». Sans compter que le milieu de travail impose parfois des contraintes au pharmacien, lequel n’a pas toujours voix au chapitre en matière d’organisation. Revenons-en aux coiffeuses. La comparaison ne se veut pas péjorative. Certes, les pharmaciens ont un diplôme universitaire, mais les deux professionnels passent des heures debout, doivent faire preuve d’une bonne capacité à communiquer et subissent parfois des clients désagréables! Et si, après réflexion, les coiffeuses possédaient une meilleure perception de leur valeur économique? Le mois prochain, on regarde ensemble des modèles et, pourquoi pas, on se permettra de rêver un peu.

Stratégies et tactiques

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Derrière ce blogue:

Philip Morgan