Manque d’ATP en pharmacie: pénurie d’emplois ou de moyens?

Si un sujet a été fortement éclipsé par la pandémie de COVID-19, c’est bien la pénurie de personnel. Mais comme le Soleil ne disparaît pas pour toujours derrière la Lune, le sujet commence à poindre à nouveau. Évidemment, la pharmacie n’est pas le seul type d’entreprise à subir ce problème. Quelques chanceux ont pu profiter de la pandémie pour aller piger dans le lot des employés en restauration ou en hôtellerie, mais ces secteurs seront bientôt rouverts et la concurrence sera féroce. Y a-t-il une façon de se sortir de cette quadrature du cercle ou sommes-nous condamnés à «subir» l’embauche d’ATP? On va se le dire tout de suite: la job d’ATP n’est pas facile. Il faut s’intégrer à une équipe pas toujours conviviale qui travaille souvent sous pression, dans un endroit où les capacités à travailler ensemble sont primordiales. Ensuite, il faut apprendre un système de caisse. Ah oui, et le travail implique des soirs et des week-ends ainsi que gérer des clients pas faciles. Jusque-là, pas pire, ça ressemble au travail de caissière chez Home Depot. Mettons 14 $ de l’heure. Une fois ça fait, il faut apprendre un logiciel de gestion des ordonnances, comment lire les ordonnances, les noms de médicament, les types d’assurance, des codes de réclamation (P-O-N-G-6, et j’en passe). Ajoutons qu’il faut préparer des médicaments en pot, préparer des magistrales et monter des piluliers avec les processus afférents d’impression et de réclamation. Et tout ça en série avec un haut niveau de qualité. Est-ce que ça ressemble à un niveau «technicien en administration» ou «secrétaire médicale»? Si oui, on est de 18 $ à 22 $ de l’heure. On continue: notre ATP devra connaître et appliquer différentes procédures (chaîne de froid, narcotiques, périmés et j’en passe une dizaine d’autres). Ce faisant, elle aide directement et indirectement à la gestion du laboratoire selon le niveau d’implication demandé. Une inattention à cet égard peut notamment mener à la remise d’un produit périmé, à l’oubli d’un produit réfrigéré sur le comptoir, à la commande d’un produit très dispendieux non désiré ou à la remise d’un médicament au mauvais patient. Où en sommes-nous dans nos comparaisons de salaire? Certainement plus que ce qui est offert en moyenne. Et juste parce que je suis gentil, je vais arrêter avant de parler de DVCC et de tech-chef. En bout de ligne, il n’y a pas de bonne réponse. Il y a plusieurs autres facteurs que les salaires, mais je pense que la structure actuelle de salaire n’est pas adéquate pour recruter et conserver des employés qui ont les capacités et qualités requises pour faire le travail d’ATP. Les revenus des pharmacies ne pourraient pas absorber une hausse mur-à-mur des salaires des ATP. Pour certaines pharmacies, le «cash-flow» ou les contrats avec les chaînes et bannières sont des obstacles. Pour celles qui le peuvent, il y a, malgré tout, les problèmes de formation et de rétention. Après tout, la concurrence entre les pharmacies, mais aussi avec les autres secteurs d’emploi comme l’assurance restera féroce. Bien entendu, la robotisation et l’amélioration des processus feront un bout de chemin, mais après? À l’aube de l’arrivée des ATP formées au niveau collégial, il va falloir une réflexion généralisée sur la profession d’ATP et sur la rémunération de ces employés, surtout si on veut éviter que cette réflexion nous soit un jour imposée.

Stratégies et tactiques

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Derrière ce blogue:

Philip Morgan

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