Maigreur à l’adolescence, risque pour la santé osseuse à l’âge adulte

La littérature scientifique a montré que l’adolescence est une période critique durant laquelle la construction du capital osseux atteint son pic. Pourtant, les données concernant l’impact d’un faible indice de masse corporelle (IMC) avant 18 ans sur la santé osseuse à l’âge adulte, et le risque d’ostéoporose étaient jusqu’ici «insuffisamment documentés», écrivent des chercheurs israéliens dans un article publié dernièrement dans le JAMA Network Open. Pour combler cette lacune, ils ont mené une étude de cohorte rétrospective qui a impliqué 1 083 491 adolescents âgés de 16 à 19 ans, suivis entre 1967 et 2022 via le registre d’ostéoporose de Maccabi Healthcare Services, le deuxième système d'assurance maladie d'Israël. Ce registre comprend des mesures de poids et de taille à l’adolescence, complétées par des données sociodémographiques et médicales. De plus, l’IMC à l’âge adulte était disponible chez 74% des sujets, permettant d’analyser leurs trajectoires pondérales.À consulter: L'anorexie associée à des altérations majeures du cerveauLes données parlent d’elles-mêmes. Le taux d’incidence d’ostéoporose à l’âge adulte chute de 330,2 pour 100 000 années-personnes parmi les participants qui présentaient une «extrême maigreur» à l’adolescence (c’est-à-dire inférieur au 3e percentile) à seulement 78,9 chez les adolescents en situation d'obésité (égal ou supérieur au 95e percentile). Les rapports de risque (hazard ratios, ou HR), ajustés en fonction de l’âge, du statut socio-économique, du niveau d’éducation ou encore de la performance cognitive, révèlent un contraste marqué entre les sexes. Chez les femmes, un IMC faible est associé à un HR de 1,88 (IC à 95% de 1,74 à 2,04), tandis que l’obésité correspond à un HR réduit à 0,83 (IC à 95% de 0,77 à 0,89) par rapport à un IMC normal. Chez les hommes, un IMC très bas est lié à un HR de 1,82 (IC à 95% de 1,64 à 2,01), alors que l’obésité s’accompagne d’un HR de 1,04 (IC à 95% de 0,93 à 1,16), sans effet protecteur statistiquement significatif.La trajectoire compte plus que le poids initialPlus révélateur encore, «le risque le plus élevé était observé chez ceux qui sont restés maigres de l’adolescence à l’âge adulte», indiquent les auteurs, suggérant que c’est davantage la persistance d’un faible poids que le poids initial qui impacte le risque.À lire aussi: Quiz - Prévention des fractures et prise en charge de l’ostéoporoseLes chercheurs en concluent qu’un adolescent durablement trop mince risque de payer la facture… des décennies plus tard. En rappelant qu’un IMC faible et persistant double presque le risque d’ostéoporose à l’âge adulte, ils soulignent que «les habitudes pondérales se construisent tôt, et leurs effets se font sentir longtemps».En clinique, ces constats pourraient encourager les médecins à repérer dès l’adolescence les IMC très faibles, particulièrement chez les filles, et envisager une prise en charge ciblée (nutrition, activité portante, investigation des causes sous-jacentes, suivi densitométrique adapté). L’accent doit clairement être mis sur la prévention plutôt que sur une intervention tardive, mentionnent les auteurs.Référence:Simchoni M, Landau R, Derazne E, et coll. Adolescent Body Mass Index, Weight Trajectories to Adulthood, and Osteoporosis Risk. JAMA Netw Open. 2025;8(8):e2525079. doi:10.1001/jamanetworkopen.2025.25079

Maigreur à l’adolescence, risque pour la santé osseuse à l’âge adulte

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