Loi 2: le CMQ demande d’«appuyer sur PAUSE»

Le Collège des médecins du Québec (CMQ) demande au gouvernement Legault «d’appuyer sur PAUSE» et de suspendre immédiatement l’application de la Loi 2. Il s’inquiète d’un «désarroi» sans précédent au sein de la profession, avec un risque réel de désengagement. Selon les informations relayées par le CMQ, 125 médecins auraient déjà obtenu un droit de pratique en Ontario et 200 autres auraient entrepris des démarches. «La qualité de la médecine est fragilisée», avertit l’ordre dans l’infolettre envoyée aujourd’hui à ses membres.Adoptée samedi dernier sous bâillon, la Loi 2 reprend le contenu du projet de loi 106 visant à lier la rémunération des médecins à des indicateurs de performance collectifs et à renforcer les mécanismes de surveillance. Une réforme décrite comme une «loi d’exception brutalement imposée». «Les résultats préliminaires de l’analyse détaillée en cours par le Collège indiquent que cette loi aura un effet inverse à l’effet recherché dans son titre; si elle est implantée telle quelle, il en résultera des dommages au réseau de la santé et une réduction de l’accessibilité.»Au printemps dernier, lors de l’étude du PL 106, le CMQ avait clairement exprimé son refus que la rémunération des médecins soit liée à la performance, y voyant un «risque pour une médecine de qualité». L’ordre prévenait alors qu’une logique quantitative pourrait «détourner de tâches essentielles» et nuire aux populations vulnérables. Il invitait déjà Québec à «cesser le dénigrement de la profession médicale» et à apaiser les tensions.Aujourd’hui, le ton monte encore d’un cran. «La mission du Collège est de protéger le public en veillant à une médecine de qualité. Lorsque la profession médicale au complet est en désarroi, la qualité de la médecine est fragilisée.» Le Collège dit capter des «signaux de détresse et de découragement» liés aux conséquences anticipées sur la pratique et la rémunération. «Il faut les écouter et y répondre, sous peine d’assister à un désengagement de leur part.»Appel urgent à la désescaladeLe public n’est pas en reste. «Les patients sont inquiets de l’accès à leur médecin et du climat dans lequel se déroulera leur épisode de soins.» Le CMQ souligne que la responsabilité collective de l’accès ne peut «être étendue aux seuls médecins» et déplore des mesures «punitives et de surveillance» dont «l’effet principal est d’exacerber le climat et de démoraliser les médecins». L’ordre s’adresse autant au gouvernement qu’aux fédérations: «Les parties ne s’écoutent plus et de là vient le principal danger.» Il les invite à «cesser immédiatement l’escalade dans leurs discours» et à rétablir une communication fondée sur «l’écoute et le respect». Le Collège exige: • la suspension immédiate de l’application de la loi; • le retrait des cibles de performance et des mesures punitives et de surveillance; • de s’abstenir de s’immiscer dans la déontologie professionnelle; • la mise en place de mécanismes de dialogue constructif – avec tiers neutre au besoin.«La priorité absolue de tous doit être de rassurer la population et de maximiser l’accessibilité à des soins et services de santé de qualité», martèle l’ordre, en rappelant que la protection du public passe par une médecine exercée dans un climat sain et durable.

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