L’hygiène, ce n’est pas juste mettre du Purell

Je me permets aujourd’hui de paraphraser Pierre Falardeau qui écrivait: «La liberté n’est pas une marque de yogourt.» Depuis deux ans, l’hygiène a pris une place immense dans nos vies. On passe et repasse nos mains à l’alcool dans le but d’améliorer notre santé collective. Or, en ce moment, il n’y a pas que notre santé physique qui est affectée par les événements liés à la pandémie, mais aussi notre santé mentale. Et plus précisément, notre santé mentale au travail. Avec la pénurie d’employés qui s’accompagne d’une hausse des tâches à effectuer dans nos pharmacies (mais bon, ça pourrait être dans les hôpitaux, les écoles et une foule d’autres milieux), la pression sur tout un chacun s’accentue. Très difficile alors de motiver nos employés ou même de les garder. Entre ici en scène une théorie très intéressante en psychologie du travail: la théorie des deux facteurs d’Herzberg. Selon celle-ci, il existe deux types de facteur qui influent sur la motivation des employés. Premièrement, les facteurs de motivation, qui incluent la reconnaissance, l’accomplissement, le développement personnel. Ces facettes de la motivation sont difficiles à implanter, surtout lorsque le travail peut être répétitif. Néanmoins, ce sont ceux qui pourront augmenter la motivation des employés. Deuxièmement, les facteurs d’hygiène. On ne parle pas ici de propreté physique, bien entendu, mais plutôt de l’organisation du milieu de travail. S’ils motivent peu lorsqu’on les améliore, les facteurs d’hygiène, peuvent rapidement démotiver lorsqu’ils sont négligés. Ces facteurs sont liés au bas de la Pyramide de Maslow1: On y retrouve les besoins physiologiques et de sécurité, et on va même jusqu’à toucher le besoin d’appartenance. Si ces besoins ne sont pas comblés, notre système se met en mode «fight or flight» pour se protéger. Pas surprenant alors que les employés soient irritables ou absents! Quels sont donc les besoins à combler au travail? En ce qui concerne la faim, la soif et les facteurs physiologiques, combien de vos employés (incluant les pharmaciens!) ont des pauses et des repas? Pour ce qui est des besoins de sécurité, nous pourrions penser que le travail en pharmacie est relativement sécuritaire. Mais si on introduit la sécurité psychologique, qui inclut un besoin de stabilité et un milieu sans anxiété, qu’en est-il? L’organisation du travail entre en jeu. Quand on dit que «les procédures, ce n’est pas juste pour l’Ordre», on est en plein dans les facteurs d’hygiène. Travailler dans un milieu désorganisé, avoir à chercher des produits manquants, subir les foudres des patients et des collègues sont toutes des activités anxiogènes. Les budgets d’heures ATP calculés sans marge de manœuvre peuvent aussi provoquer des catastrophes dès qu’une absence survient. Le manque de formation, qui crée un sentiment d’incompétence régulier, entre clairement dans cette catégorie. Presque toutes les pharmacies que je connais travaillent en mode «go-Go-GO» la majorité du temps. Est-ce un milieu de travail normal en 2022? La société traverse de grands bouleversements en ce moment. Plus de livraisons, fermeture de commerces le dimanche, attentes générationnelles différentes. Ne serait-il pas temps de reprendre le contrôle de notre pratique pour nous et nos employés? Diminuer le nombre d’heures d’ouverture, recentrer les ressources vers les périodes de pointe, répondre aux facteurs d’hygiène pour conserver des équipes stables et non démotivées2? Il me semble n’y avoir qu’une réponse logique. 1. Maslow, par ailleurs, n’a jamais illustré sa théorie sous forme de pyramide! 2. N’oublions pas que ces facteurs ne peuvent que démotiver, alors le mieux qu’on puisse espérer en les travaillant, sera la non-démotivation. Je vous reviens avec la motivation dans un autre blogue.

Stratégies et tactiques

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Derrière ce blogue:

Philip Morgan

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