Les agonistes du GLP-1 peuvent augmenter le risque de DMLA néovasculaire

La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) est l'une des principales causes de cécité irréversible chez les personnes âgées. Elle se caractérise par une détérioration progressive de la vision centrale à haute résolution, essentielle pour des activités quotidiennes telles que la lecture et la conduite automobile. La DMLA se présente principalement sous deux formes: atrophique (sèche) et néovasculaire (humide). La forme atrophique représente 85 à 90% des cas de DMLA, mais la dégénérescence maculaire néovasculaire liée à l'âge (DMLA néovasculaire) est responsable de 90% des cas de perte de vision grave.Les agonistes des récepteurs du glucagon-like peptide-1 (GLP-1, par exemple le sémaglutide) sont largement utilisés dans le traitement du diabète et de l'obésité, mais leurs incidences oculaires à long terme sont peu connues. Des effets indésirables oculaires ont toutefois été signalés avec les GLP-1, notamment la rétinopathie diabétique et la neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique. On suppose que la réduction rapide du taux de glucose dans le sang provoquée par les GLP-1 RA entraîne un état d'hypoxie de la rétine qui favorise une angiogenèse anormale. Comme la pathogenèse sous-jacente de la DMLA néovasculaire implique une angiogenèse anormale et excessive, des chercheurs de Toronto ont cherché à évaluer le risque d’en développer une parmi des patients diabétiques sous GLP-1.À lire aussi: Ozempic naturel: comment augmenter son taux de GLP-1 sans médicamentsCette étude de cohorte rétrospective s’appuie sur des données exhaustives concernant la santé et la démographie des patients de l'Ontario, recueillies par l’Institute for Clinical Evaluative Sciences à partir des bases de données du régime public provincial d’assurance-maladie. L'étude a porté sur la période allant de janvier 2020 à novembre 2023, avec un suivi pouvant aller jusqu'à trois ans. Elle a impliqué des patients âgés de 66 ans ou plus ayant reçu un diagnostic de diabète et ayant fait l'objet d'un suivi d'au moins 12 mois après le diagnostic initial. Les patients ont été exclus si leurs données étaient incomplètes, s'ils avaient été exposés à des agonistes des récepteurs du GLP-1 pendant moins de six mois ou s'ils avaient reçu un diagnostic de DMLA néovasculaire avant, ou au moment du diagnostic de diabète.Au total, 1 119 517 patients diabétiques étaient éligibles pour l'étude. Les chercheurs ont créé une cohorte appariée 1:2 de 139 002 patients, comprenant 46 334 patients exposés aux GLP-1 pendant au moins six mois et 92 668 patients non exposés. Les comorbidités systémiques associées à tout type de DMLA, ainsi que le statut socio-économique, ont été utilisés pour calculer les scores de propension. Le critère d'évaluation principal était l'incidence et le délai d'apparition de la DMLA néovasculaire pendant la période de suivi (moyenne de 2,4 ans).Lire aussi: Alzheimer, addictions, dépression… les effets bénéfiques de l’Ozempic et des médicaments apparentésLes principaux résultatsSur les 139 002 patients appariés, l'âge moyen était de 66,2 ans et 46,6% étaient des femmes.Le GLP-1 RA principalement utilisé était le sémaglutide (97,5 %), suivi du lixisénatide (2,5%).L'incidence des nouveaux cas de DMLA néovasculaire était plus élevée dans la cohorte exposée aux GLP-1 que dans l’autre.Les modèles de Cox à risques proportionnels, non ajustés (bruts) et ajustés, ont estimé des rapports de risque pour le développement d'une DMLA néovasculaire supérieurs à 2,0 chez les patients exposés aux GLP-1 (exposés, 0,2%; non exposés, 0,1%; différence, 0,1%; bruts: HR, 2,11; IC à 95%, 1,58 à 2,82; ajustés: HR, 2,21; IC à 95%, 1,65 à 2,96).Une durée d'exposition plus longue aux GLP-1 était associée à un risque plus élevé de DMLA néovasculaire. Le risque était le plus élevé (plus de 3 fois) chez les patients ayant été exposés le plus longtemps aux GLP-1.L'âge et les antécédents d'accident vasculaire cérébral étaient également associés à une augmentation substantielle du risque de DMLA néovasculaire dans le modèle ajusté (âge: HR, 1,12; IC à 95%, 1,07 à 1,18; accident vasculaire cérébral: HR, 1,96; IC à 95%, 1,15 à 3,34).Les auteurs concluent que dans cette étude de cohorte, l'utilisation des GLP-1 par les patients diabétiques était associée à un risque deux fois plus élevé de développer une DMLA néovasculaire par rapport à des patients diabétiques similaires qui ne prenaient pas de GLP-1. Ils estiment que ces résultats viennent s'ajouter à une littérature de plus en plus abondante qui soulève des inquiétudes quant à la sécurité oculaire potentielle des GLP-1 chez les patients diabétiques. Cependant, ils soulignent que leurs résultats démontrent des associations plutôt que des relations de cause à effet. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer les mécanismes physiopathologiques impliqués, s'il existe une véritable relation de cause à effet, et pour comprendre les compromis entre les avantages et les risques des GLP-1 chez les personnes âgées atteintes de diabète.À consulter: Les médicaments amaigrissants pourraient réduire le risque de cancer chez les diabétiquesUn commentaire accompagnant cette étude indique que ses résultats suggèrent que jusqu'à un utilisateur de GLP-1 sur 1000 souffrant de diabète pourrait développer une DMLA néovasculaire, par rapport aux patients non exposés. Si ce risque était transposé à des millions d'utilisateurs, un nombre considérable de patients pourrait être affecté. Cependant, on ignore quels patients sont les plus exposés, ce qui nécessite des études supplémentaires. Les chercheurs doivent également déterminer si cet effet indésirable n'apparaît que chez les patients diabétiques ou si ceux qui utilisent des GLP-1 pour la gestion du poids ou d'autres indications sont également à risque. Le sémaglutide a été suggéré comme étant le médicament le plus associé aux événements indésirables oculaires et 97% des patients inclus dans la cohorte GLP-1 de cette étude utilisaient le sémaglutide. Des recherches supplémentaires devraient évaluer si d'autres médicaments de la classe des GLP-1 sont moins susceptibles de provoquer des événements indésirables oculaires. Le commentaire conclut que les prescripteurs doivent garder à l'esprit les événements indésirables oculaires réels et graves qui peuvent survenir avec les GLP-1.RéférencesShor R, Mihalache A, Noori A, et coll. Glucagon-like peptide-1 receptor agonists and risk of neovascular age-related macular degeneration. JAMA Ophthalmol 2025. Publié en ligne le 5 juin 2025. VanderBeek BL. Should we be concerned about glucagon-like peptide-1 receptor agonists? JAMA Ophthalmol 2025. Publié en ligne le 5 juin 2025.

Les agonistes du GLP-1 peuvent augmenter le risque de DMLA néovasculaire

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