Le coût astronomique de l'inaction dans le traitement de l'obésité

27,6 milliards de dollars. C’est le coût estimé de l’incapacité du Canada à reconnaître l’obésité comme une maladie chronique et du manque d’accès à des interventions efficaces au pays selon un récent rapport commandé par Obésité Canada et financé par Eli Lilly Canada. Un chiffre titanesque, qui dépasse de 20% les estimations précédentes. Première dépense de cette facture globale: le coût annuel supplémentaire de l’obésité pour le système de santé canadien. L’obésité est associée à 19 millions de visites supplémentaires chez le médecin, et le montant des frais médicaux annuels par personne est estimé à 572$. Selon le rapport, plus de 10 000 personnes âgées sont entrées en soins de longue durée en raison de maladies liées à l’obésité seulement en 2023, ce qui représente un coût de 639 millions de dollars... Au total, ces dépenses supplémentaires pour le seul système de santé sont estimées à 5,9 milliards de dollars.Ensuite viennent les coûts économiques indirects: les coûts de productivité sur le lieu de travail avoisinent les 22 milliards de dollars. On parle ici du présentéisme au travail (qui coûte 6,8 milliards de dollars), de l’absentéisme (682 millions de dollars, entre les blessures et les maladies chroniques), de la perte de revenus et de recettes fiscales (3,8 milliards), des coûts des pensions liées à l’invalidité (268 millions), et de la perte de revenus due à la réduction de la participation à la vie active (8,2 milliards). À lire aussi: Les dépenses de santé continuent de croître fortement au CanadaAu cours de la dernière décennie, on estime que les décès liés à l'obésité ont prématurément retiré 45 200 personnes de la vie active, représentant une perte de salaire potentielle de près de 2 milliards de dollars. En découle une perte de recettes publiques liée à ces décès prématurés, à la réduction de la participation à la main-d’œuvre et à la baisse des revenus, estimée à 5,1 milliards de dollars en termes de revenus de ventes et de recettes fiscales pour les entreprises. Ces répercussions accentuent par ailleurs les disparités économiques entre hommes et femmes, puisque l’obésité affecte davantage les salaires des femmes et leur capacité à travailler. En effet, les femmes souffrant d’obésité gagnent 4% de moins par an que les femmes ayant un poids sain, et l’obésité réduirait leur taux d’emploi de 5,3% contre seulement 0,3% pour les hommes.«Un signal d’alarme collectif»Ce rapport est «un signal d’alarme collectif», prévient l’un de ses auteurs, Ian Patton, directeur de la défense des intérêts et de l’engagement du public chez Obésité Canada, dans un communiqué. «Nous savons ce qu'il faut faire, nous disposons de lignes directrices pour la pratique clinique de référence reconnues au niveau mondial, mais nous ne les appliquons pas efficacement.»Alors que près d’un Canadien sur trois est obèse, et que cette maladie est liée à 200 problèmes de santé, aucune province ni aucun territoires ne reconnaît officiellement l’obésité comme maladie chronique, dénonce Obésité Canada – contrairement à l'Association médicale canadienne et à l'Organisation mondiale de la Santé.De plus, le système de santé canadien ne dispose pas de soutiens interdisciplinaires adéquats pour la prise en charge de l'obésité, peut-on lire dans le communiqué de l’organisme. Moins de 20% de la population canadienne bénéficiant d'un régime privé d'assurance médicaments a accès aux médicaments approuvés par Santé Canada pour le traitement de l'obésité, selon les données d’Obésité Canada. Aujourd'hui, un traitement au sémaglutide peut coûter jusqu'à 400$ ou 500$ par mois et n'est donc pas à la portée de tous.Outre des interventions plus précoces pour ralentir ou stopper la progression de la maladie et de ses effets, tant individuels que sociétaux, il est nécessaire de regarder l’obésité autrement, souligne la directrice générale d'Obésité Canada, Lisa Schaffer. «En tant que société, nous devons arrêter de perpétuer le mythe selon lequel l'obésité est le fait d'une personne de forte corpulence qui a un penchant malsain pour la nourriture ou qui se refuse à faire de l'exercice. [...] Lorsque nous changeons notre état d'esprit, nous reconnaissons que l'obésité est une maladie chronique qui nécessite le même type d'interventions et de traitements médicaux que toute autre maladie chronique.»

Le coût astronomique de l'inaction dans le traitement de l'obésité

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes