La responsabilisation des patients est essentielle pour les systèmes de santé

Les Canadiens souhaitent un système de santé performant. Cela nécessite (sans s'y limiter):un financement adéquatun dossier médical électronique transparentun soutien solide aux médecins de famille (épine dorsale d'un système de santé performant)une surveillance optimale pour répondre aux besoins des divers secteurs du Canadaet bien plus encore.Mais un aspect essentiel dont on parle trop peu est la responsabilisation des patients.Les médecins diagnostiquent et traitent les patients. Heureusement, nous sommes de plus en plus nombreux à discuter de mesures proactives pour prévenir la maladie, comme un dépistage approprié, des conseils sur le mode de vie, sur la ménopause et l'andropause, et j’en passe.MAIS les patients ont également une responsabilité essentielle quant à leur propre santé. Lorsque les patients sont responsabilisés, c'est-à-dire informés, engagés, proactifs ET qu'ils utilisent le système de santé de manière appropriée, ce dernier est plus performant. En revanche, les patients passifs et non adhérents qui abusent des soins de santé mettent les systèmes de santé à rude épreuve.À lire aussi: En santé, «la population doit collaborer pour son propre bénéfice»Qu'est-ce au juste que la responsabilisation des patients? Il s'agit en partie du degré de responsabilité des individus dans la gestion de leur santé. Cela englobe l’adhérence aux traitements prescrits, les choix de vie, la présence aux rendez-vous médicaux, le respect des recommandations de soins préventifs, etc.Concrètement, les patients qui respectent les recommandations actuelles, par exemple en matière de prise en charge du diabète, présenteront moins de complications, seront moins souvent hospitalisés et utiliseront moins de ressources de santé. C'est pourquoi il a été démontré qu'investir dans une formation proactive pour les diabétiques améliore non seulement les résultats des soins, mais aussi les coûts pour le système de santé.La responsabilisation des patients ne peut exister sans une littératie en santé adéquate. Les patients doivent comprendre la terminologie médicale, s'y retrouver dans les systèmes de santé et évaluer les risques pour prendre des décisions éclairées. Sans littératie en santé, on ne peut s'attendre à ce que les patients gèrent efficacement leurs soins. Un patient diabétique qui apprend à lire les étiquettes des produits alimentaires, à surveiller sa glycémie et à ajuster son taux d'insuline illustre la responsabilisation en pratique. Compte tenu du caractère incohérent de notre système de santé actuel, il est clair que nous avons beaucoup à faire pour améliorer la littératie en santé de nos patients, et que les fonds investis dans ce domaine seront de l’argent bien dépensé.Mais la responsabilisation des patients concerne également la manière dont ils utilisent le système de santé. Notre système de santé est soumis à une pression croissante, à des ressources limitées et à des coûts croissants. La responsabilisation des patients joue un rôle essentiel pour atténuer ces difficultés.À lire aussi: Thérapies alternatives et traitements non reconnus: comment en parler avec les patients?On estime que la non-observance thérapeutique coûte à elle seule des milliards de dollars par an en hospitalisations, visites aux urgences et complications évitables. Par exemple, une mauvaise prise d'antibiotiques peut entraîner des infections résistantes nécessitant des soins plus intensifs. De même, les patients qui manquent fréquemment leurs rendez-vous ou qui recourent aux urgences pour des besoins non urgents sollicitent excessivement les systèmes conçus pour les soins plus aigus.En revanche, lorsque les patients gèrent des problèmes mineurs à domicile, accèdent aux soins préventifs dans les délais prévus et suivent les recommandations des médecins, ils réduisent le recours inutile à des services coûteux. Cela permet non seulement de libérer des ressources pour les patients ayant des besoins plus importants, mais aussi de garantir que les fonds sont orientés vers des soins axés sur la valeur plutôt que vers des interventions évitables.Au cours de ma carrière, je n'ai vu qu'un seul document gouvernemental traitant de la responsabilisation des patients: le tristement célèbre rapport Price-Baker de 2015, rédigé par les Drs David Price et Elizabeth Baker, auteurs principaux, et dont le comité d'experts comptait des sommités comme la Dre Danielle Martin.L'un de ses dix principes stipulait: «Le système repose sur la responsabilité conjointe: chaque groupe de prestataires de soins primaires est responsable d'une population donnée et de ses besoins en soins de santé primaires. Tant les groupes de prestataires que les citoyens sont tenus d'utiliser le système de manière responsable.»Depuis lors, je n'ai toujours pas entendu les Drs Price, Martin ou aucun autre auteur parler publiquement de responsabilisation des patients.Comment ça fonctionne à l’étranger?En Finlande, on explique aux patients qu'ils ont droit à des soins de qualité, respectueux de leur opinion et garantissant un consentement éclairé au traitement. Cette responsabilité incombe aux médecins. Cependant, la Finlande impose également des mesures de responsabilisation aux patients sous forme de frais d'utilisation. Ces frais sont généralement minimes, mais ils existent et, à mon avis, servent à inciter les patients à se demander s'ils utilisent le système de santé à bon escient.En Norvège, un concept similaire s'applique. Les soins de santé sont largement subventionnés par l'assurance maladie publique. Cependant, des frais d'utilisation sont appliqués jusqu'à un plafond annuel prescrit (environ 250$ actuellement si ma conversion est exacte). Au-delà, tous les besoins de santé sont couverts (personne ne fait faillite en cas de cancer).Par ailleurs, aux Pays-Bas, la loi oblige les patients à souscrire une assurance maladie (il existe apparemment de nombreux prestataires). Ils peuvent choisir entre différentes formules, de la formule de base à la formule la plus complète, et les coûts varient. Sans surprise, il existe également une franchise appelée Eigen Risico, que vous devez payer avant que votre assurance ne prenne en charge. Elle est obligatoire.Non seulement ces pays ont la réputation d'offrir d'excellents soins de santé, mais ils sont souvent vantés par les deux médecins moteurs du changement dans les soins primaires en Ontario: la Dre Jane Philpott (présidente de l'Équipe d'action en soins primaires de l'Ontario) et la Dre Tara Kiran (chercheuse principale du projet Nos Soins).À lire aussi: Les «no-shows»: Sanctionner ou non les patients?La Dre Philpott mentionne fréquemment des pays comme la Finlande et la Norvège, non seulement dans son livre, La santé pour tous, mais aussi dans diverses entrevues. La Dre Kiran a également souvent parlé des Pays-Bas. Elles sont généralement pleines d’éloges pour l'efficacité du système de santé dans ces pays et du fait que presque tout le monde y a un médecin de famille.Je ne les ai jamais entendu critiquer la façon dont ces pays exigent que les patients soient responsables de leur utilisation du système de santé.Actuellement, notre système de santé est mal noté par rapport à ses pairs. Les Canadiens veulent et méritent un meilleur système. Mais pour y parvenir, nous devons reconnaître que préserver notre système de santé est une responsabilité partagée. Malgré ce qu’en disent les politiciens, on ne devrait PAS se contenter d'entrer dans un établissement de santé et s'attendre automatiquement à ce qu'il soit parfait. Au contraire, nous devons tous reconnaître que nous, contribuables, sommes propriétaires du système. En tant que propriétaires, nous avons la responsabilité de l'utiliser de manière équitable, judicieuse et appropriée. Et oui, cela implique de mettre en place des mécanismes tels que les franchises pour inciter les gens à réfléchir à leur utilisation des soins de santé.Ou bien, nous pouvons maintenir un système de santé en crise perpétuelle. Le choix nous appartient.Le Dr Sohail Gandhi est un ancien président de l'OMA et ses opinions n'engagent que lui et ne reflètent pas nécessairement celles du conseil d'administration de l'OMA. Cet article est une reproduction de son blogue: justanoldcountrydoctor.com.

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