La prescription en un mot: «Non»

«Non» est un petit mot très puissant. Il est court, clair, et pourtant, pour beaucoup d'entre nous, il est incroyablement difficile à prononcer. Il est amusant de constater que quelque chose d'aussi simple peut provoquer autant d'anxiété, de culpabilité et même de frustration. Une semaine, à la clinique, je me suis surpris à dire «non» plus souvent que d'habitude. À un moment donné, je n'ai pas pu m'empêcher de rire et de penser: «C'est peut-être le signe qu'il faut que j'écrive un texte à ce sujet!» Nous y voilà donc: parlons de la raison pour laquelle il est si difficile de dire «non» et pourquoi cela pourrait bien être la chose la plus importante que nous puissions faire pour notre bien-être.Dans certains cas, dire «non» est comme une bouffée d'air frais, comme si on se disait «Oui! Je l'ai fait!». C'est ce sentiment de liberté, de fixer des limites et de récupérer son temps. Mais il y a aussi d'autres cas, où dire «non» vous laisse un sentiment de culpabilité et vous fait douter de vous-même. Ceux qui vous font vous demander si vous en faites assez ou si vous êtes trop égoïste. En tant que médecin, c'est particulièrement vrai. À lire aussi: J’ai passé ma vie à faire semblant d’être fortCette semaine, j'ai dû dire «non» à plusieurs reprises, ce qui m'a amené à réfléchir à mon rôle dans le domaine médical, à mes valeurs en tant que médecin et à ma place dans le paysage en constante évolution des soins de santé financés par l'État, constamment critiqués.Pour vous donner un peu de contexte, laissez-moi vous raconter quelques-unes des fois où j'ai dû dire «non» cette semaine:La demande tardive d'un résident en médecine de famille pour faire une présentation lors d'une retraite à venir, un jour où ma clinique était déjà complète. Une présentation de 50 minutes? Euh, non merci.Un baladodiffuseur m'a demandé de faire une chronique sur la santé masculine. Ils étaient convaincus que ce serait une excellente publicité pour ma clinique, ce dont je n'ai vraiment pas besoin. Le hic? Cela ne me prendrait «que quelques heures» et je devrais me rendre à leur bureau en centre-ville, le tout sans rémunération. Je refuse catégoriquement.Un patient qui m’a été référé pour une longue liste de problèmes, alors que le médecin spécialiste qui me l’a envoyé possédait une expertise bien plus adaptée. Non, ce n'est pas pour moi. Je l'ai renvoyé immédiatement.L'invitation d'une organisation nationale à participer à une procédure judiciaire officielle. Cela impliquait un investissement en temps considérable (préparation de déclarations sous serment, comparutions devant les tribunaux) et, bien sûr, aucune rémunération en raison de leur position éthique. Encore une fois, non.Une radio m'a demandé de donner une entrevue sur un sujet d'actualité brûlant dans le domaine de la santé. Je participe déjà à une émission hebdomadaire. Pas aujourd'hui.Trois patients en une seule journée ont demandé des traitements hormonaux qui n'étaient pas médicalement indiqués. Normalement, une ou deux demandes par semaine ne sont pas inhabituelles, mais trois en une journée? C'est trop!Une demande pour remplir un formulaire médical détaillé pour un patient handicapé complexe. Ce n'était pas mon travail, et, alerte divulgâcheur: le formulaire sera rempli, mais pas par moi.En tant que médecins, on attend souvent de nous que nous disions «oui» à presque tout. Il est difficile de dire «non» lorsque les demandes sont bien intentionnées ou lorsque nous savons que dire «oui» pourrait contribuer à l'éducation médicale ou aider un patient dans le besoin. Comment refuser quand cela semble si simple? Il est facile de penser: «Cela ne prendra que quelques minutes et cela les aidera vraiment». Mais voici le problème: lorsque vous dites «oui» à tout, ces quelques minutes s'accumulent. Et avant même de vous en rendre compte, vous avez passé des heures sur des choses qui n'étaient même pas dans vos préoccupations. C'est comme le vieil adage: «La mort par mille coupures». Toutes ces petites demandes peuvent s'accumuler, vous laissant à peine le temps de terminer votre journée.La réalité pour de nombreux médecins est qu'une journée ne compte qu'un nombre limité d'heures. Le travail «supplémentaire» constant constitue une grande source de stress et d'épuisement professionnel: dossiers médicaux, tâches administratives, paperasse, appels téléphoniques, etc. Ces tâches supplémentaires ne prennent pas seulement du temps pendant les heures de consultation; pour certains médecins, elles se prolongent jusque tard dans la soirée.Ne manquez pas: Quels sont les vrais problèmes derrière le manque d’accès aux médecins de famille?Il n'est pas rare que nous disions «non», puis que nous ressentions immédiatement le besoin de nous excuser ou de nous justifier. Nous essayons d'expliquer pourquoi nous ne pouvons pas faire quelque chose, ce qui, dans de nombreux cas, finit par prendre plus de temps que de simplement dire «non» et d'en rester là. Et parfois, nous cédons. Nous disons «oui», même lorsque nous savons que nous ne devrions pas, car il est plus facile d'accomplir la tâche que d'expliquer pourquoi nous ne pouvons pas. Mais voici le problème: dire «non» ne consiste pas seulement à refuser quelque chose, il s'agit de fixer une limite et de s'y tenir, même si cela peut être inconfortable.J'ai appris que l'astuce consiste à dire «non» avec conviction. Sans excuses. Sans explications. Juste un «NON» ferme, puis vous ARRÊTEZ DE PARLER. Cela peut être difficile, surtout pour les Canadiens, qui ont été élevés dans le respect des règles de politesse. Mais en réalité, une fois que vous avez dit «non», vous n'avez pas besoin de vous justifier. Si quelqu'un a vraiment besoin que cela soit fait, il trouvera une solution par lui-même.J'ai remarqué que parfois, lorsque je dis «non», la personne qui m'a demandé quelque chose hausse simplement les épaules et dit: «D'accord, je m'en doutais.» C'est là que vous savez qu'elle ne faisait que tâter le terrain. Dire «non» peut sembler gênant au début, mais avec de la pratique, cela devient plus facile.Consultez: BrûlésCela dit, ne vous méprenez pas, je suis encore en train d'apprendre à le faire moi-même. Je suis loin d'être parfait. Il m'arrive encore de dire «oui» par habitude ou parce que je ne veux pas décevoir quelqu'un. Je tombe encore dans le piège de m'engager à l'excès. Mais je m'améliore dans ma capacité à reconnaître quand je dois prendre du recul et dire «non». C'est un travail en cours, mais j'y arrive peu à peu.Donc, si vous lisez ceci et que vous avez du mal à dire «non», que ce soit dans votre vie personnelle ou professionnelle, rappelez-vous simplement que c'est normal de se sentir coupable. Mais à long terme, il est essentiel de fixer des limites pour votre santé mentale, votre productivité et votre bien-être général. Vous avez le droit de protéger votre temps et votre énergie. Vous avez certainement ma bénédiction.Si vous souhaitez commenter cet article ou partager vos propres expériences en matière de refus, je serais ravi de les entendre. Je dirai «OUI» à cela!Le Dr Ted Jablonski est un artiste et écrivain. Médecin de famille retraité, il se consacre désormais à la médecine sexuelle et à la santé des personnes transgenres dans le sud de l'Alberta, tout en restant fermement ancré dans le domaine des soins primaires aigus.

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