La Cour supérieure autorise le recours collectif MK-Ultra sur le contrôle mental

La Cour supérieure du Québec a autorisé un recours collectif concernant les tristement célèbres expériences de lavage de cerveau menées en lien avec la CIA dans un hôpital psychiatrique de Montréal.L'Hôpital Royal Victoria, l'Université McGill et le gouvernement canadien sont poursuivis pour leur rôle présumé dans ce qui a été baptisé les «Montreal Experiments» menées par le Dr Ewen Cameron entre 1948 et 1964.La poursuite allègue que le gouvernement fédéral a financé des traitements psychiatriques faisant partie du programme MK-Ultra de la CIA, visant à contrôler secrètement l'esprit, à l'Institut Allan Memorial de Montréal.Ces traitements, selon la poursuite, ont gravement endommagé le corps et l'esprit des patients et comprenaient notamment des médicaments expérimentaux, des électrochocs et la privation de sommeil.À lire aussi: Suicide chez les jeunes: certains signaux plus difficiles à détecter pour les parentsLa «destructuration», comme étaient appelés les traitements du médecin, avait pour objectif «d'effacer les pensées des patients, les immobilisant, les rendant intellectuellement impuissants et les empêchant d'utiliser leurs défenses », a écrit la juge Dominique Poulin dans sa décision, datée de jeudi, autorisant le recours collectif.Ce processus était suivi d'une «restructuration», au cours de laquelle les patients étaient soumis à «des messages audio répétés en boucle, souvent en association avec des paralysants musculaires et des sédatifs pour les maîtriser». Les messages étaient initialement négatifs, souvent des commentaires que les patients avaient exprimés sur eux-mêmes, notamment sur leur égoïsme. Les patients étaient ensuite contraints d'écouter des messages positifs, tels que «vous êtes adorables». La poursuite affirme que ces messages ont été répétés entre 250 000 et 500 000 fois.Les demandeurs soutiennent que les «Montreal Experiments» ont été menées sans le consentement éclairé des patients, voire à leur insu, peut-on lire dans la décision.La poursuite continue en affirmant que les demandeurs blâment le gouvernement du Canada pour les fautes de ses représentants qui auraient financé par négligence les 'Montreal Experiments'. Ils blâment également l'Université McGill et l'Hôpital Royal Victoria pour avoir permis la tenue de ces expériences.La juge Dominique Poulin a identifié comme demandeurs tous les patients ayant subi ces expériences, ainsi que leur famille immédiate, leurs successions et leurs personnes à charge.L'une des principales demanderesses, Lana Ponting, aujourd'hui octogénaire, était adolescente lorsqu'elle était sous la garde du Dr Cameron. L'autre demanderesse principale, Julie Tanny, a déclaré à La Presse Canadienne que jusqu'à 300 familles pourraient être admissibles à se joindre au recours collectif.Le père de Mme Tanny avait été admis à l'Institut Allan en 1957 pour des douleurs faciales et avait passé deux séjours de 30 jours à l'hôpital sous l'effet de substances chimiques, avec un magnétophone sous l'oreiller, semble-t-il.«La majeure partie de sa vie a disparu; il n'a plus jamais été le même homme qu'au début», a confié sa fille.La demande initiale de recours collectif a été déposée en janvier 2019. Jeffrey Orenstein, avocat des plaignants, a déclaré que la décision de jeudi «constitue assurément un pas dans la bonne direction».Le Centre universitaire de santé McGill, qui comprend l'Hôpital Royal Victoria, a refusé de commenter jeudi, l'affaire étant devant les tribunaux. Une porte-parole de Santé Canada a indiqué par courriel que le gouvernement fédéral «examine les conclusions du tribunal afin de déterminer les prochaines étapes».L'Université McGill n'a pas répondu aux demandes de commentaires.Le recours collectif initial incluait la CIA, mais le gouvernement canadien a statué que le gouvernement américain bénéficie d'une immunité contre les poursuites au Canada.Me Orenstein a prévenu que l'affaire mettra du temps à se rendre jusqu'au procès. De nombreux documents ont été détruits, certains intentionnellement, d'autres conformément au protocole en vigueur dans diverses institutions. Le principal témoin, Ewen Cameron, est décédé en 1967.À consulter: Un groupe clame une victoire judiciaire dans une affaire de thérapie psychédélique«La communication préalable sera complexe et il faudra peut-être du temps pour rechercher les documents et trouver les bonnes personnes à qui poser des questions, a expliqué Me Orenstein. Mais vous savez, nous sommes déterminés à porter l'affaire devant les tribunaux.»Les participants au recours n'ont pas indiqué le montant réclamé aux défendeurs, précisant que ce montant sera déterminé ultérieurement.Bien que le recours collectif ait été autorisé pour des dommages et intérêts compensatoires, les demandeurs ne pourront pas réclamer de dommages et intérêts punitifs en vertu de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, car les fautes ont été commises avant l'entrée en vigueur de la Charte.

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