ITSS: mise à jour du guide d’usage optimal sur l’approche syndromique

L’institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) a jugé pertinent de revoir ses recommandations sur la prise en charge des syndromes cliniques potentiellement associés à des infections transmissibles sexuellement et par le sang avant l’obtention des résultats des analyses de laboratoire (approche syndromique), considérant que la dernière mise à jour du guide d’usage optimal (GUO) datait de 2020 et que les lignes directrices nationales et internationales avaient été modifiées. Alors que la résistance de la gonorrhoeae aux antibiotiques progresse, les GUO sur les infections confirmées à Chlamydia trachomatis ou à Neisseria gonorrhoeae et sur l’herpès génital ont également été mis à jour aux mois de septembre et novembre 2024. À lire aussi: VIH, hépatites et ITSS: une semaine pour encourager et prôner un meilleur accès au dépistageEn accord avec ces modifications, l’INESSS apporte les changements suivants: Lorsque le syndrome clinique est potentiellement associé à une infection transmissible sexuellement et par le sang, le traitement empirique recommandé doit couvrir au minimum l'infection à C. trachomatis et l'infection à N. gonorrhoeae.S’il n’y a pas de grossesse, le traitement empirique à privilégier contre l’infection présumée à C. trachomatis est la doxycycline. Le traitement empirique à privilégier contre l’infection présumée à N. gonorrhoeae est la ceftriaxone intramusculaire. La dose unique recommandée de ceftriaxone intramusculaire utilisée pour le traitement empirique de la gonorrhée a été augmentée à 500 mg dans le cadre de la présente mise à jour (la dose recommandée était auparavant de 250 mg).L’INESSS indique que lorsqu'une infection à C. trachomatis ou à N. gonorrhoeae est confirmée, le test de contrôle recommandé est un test d’amplification des acides nucléiques (TAAN) effectué le plus tôt possible à partir de 3 semaines après la fin du traitement. Toutes ces recommandations concernant les personnes âgées de 14 ans et plus. De plus, l’Institut rappelle que les infections à C. trachomatis, à N. gonorrhoeae ainsi que la lymphogranulomatose vénérienne (LGV) sont des maladies à déclaration obligatoire, dont le traitement est gratuit pour les personnes inscrites à la RAMQ et détentrices d’une carte d’assurance maladie, d’un carnet de réclamation ou d’une preuve temporaire d’admissibilité aux médicaments valide – inscrire sur l’ordonnance le code K (pour la personne atteinte) ou le code L (pour les partenaires). L’infection à Chlamydia trachomatis, l’infection gonococcique et la syphilis sont les trois ITSS à déclaration obligatoire les plus fréquemment déclarées dans la région de Montréal, et la chlamydia trachomatis demeure l’ITSS la plus déclarée avec 8820 cas en 2023, représentant une augmentation de 39% depuis 2014 selon le Portrait épidémiologique des ITSS dans la région de Montréal 2023 diffusé le 29 novembre dernier par la Direction régionale de la santé publique. Interventions auprès des patients et des partenaires concernésDans le détail, l’intervention auprès de la personne atteinte devrait inclure une évaluation clinique (examen physique, identification des facteurs de risque d’ITSS, recherche des ITSS selon les facteurs de risque et les manifestations cliniques), un traitement adéquat et un suivi, ainsi qu’une recommandation indiquant de s’abstenir d’avoir des contacts sexuels jusqu’à 7 jours après la fin d’un traitement à dose unique ou jusqu’à la fin d’un traitement à doses multiples, et jusqu’à la résolution des symptômes. Afin de soutenir leurs patients dans leur démarche de notification et de traitement de ses partenaires, les professionnels de la santé peuvent les référer à la Direction de la santé publique. Concernant les partenaires, ces derniers doivent être joints s’ils ont été en contact avec la personnes atteinte dans les 60 jours précédant les premiers symptômes ou le prélèvement, pendant que la personne avait des symptômes ou avant la fin du traitement à doses multiples ou moins de 7 jours après un traitement à dose unique. Les GUO indiquent qu’il peut être justifié, dans certains cas, de rechercher des partenaires sur une plus longue période.L’intervention auprès des partenaires devrait inclure une évaluation clinique, un dépistage de l’infection à laquelle la personne a été exposée et des autres ITSS selon les facteurs de risque décelés, une approche syndromique en présence de risques ou de symptômes, et un traitement épidémiologique sans attendre les résultats du dépistage en l’absence de signes ou de symptômes.Plusieurs outils, disponibles dans l’encadré ci-dessus, sont mis à disposition des professionnels de la santé afin de les aider dans leurs interventions. Dans son nouveau GUO, l’INESSS détaille les manifestations cliniques, l’étiologie, le traitement et de le suivi pour plusieurs infections transmissibles sexuellement et par le sang: Cervicite et urétriteÉpididymite/orchi-épididymiteAtteinte inflammatoire pelvienneRectiteLorsque les résultats des analyses de laboratoire (culture ou TAAN) révèlent la présence de C. trachomatis ou de N. gonorrhoeae, les soignants doivent vérifier si un test de contrôle est indiqué. À lire aussi: L’Association des pharmaciens du Canada publie de nouvelles ressources sur la MpoxPour l’infection à C. trachomatis, un test doit être réalisé en cas de: Persistance ou apparition de signes ou symptômesGrossesseProblème anticipé d’adhésion au traitement Utilisation d’un schéma thérapeutique autre que ceux recommandésInfection rectale à C. trachomatis traitée sans doxycycline Infection à C. trachomatis de génotype L1-3 (LGV)un TAAN doit être effectué le plus tôt possible à partir de 3 semaines après la fin du traitementPour l’infection à N. gonorrhoeae, un test doit être réalisé dans tous les cas, et un TAAN doit être effectué le plus tôt possible à partir de 3 semaines après la fin du traitement.«Ces outils devraient permettre le rehaussement et l’harmonisation de la pratique et contribuer à la prise en charge efficace des personnes qui présentent un syndrome clinique compatible avec une infection transmissible sexuellement et par le sang et celle de leurs partenaires sexuels», conclut l'INESSS dans le rapport de soutien au GUO. L'Institut prévient toutefois que ce rehaussement et cette harmonisation dépendront de plusieurs facteurs, dont la diffusion du guide d’usage optimal et de l’algorithme décisionnel mis à jour, l’adhésion aux changements et de l’appropriation des recommandations par les professionnels de la santé concernés, la disponibilité de formations et la promotion de ces outils au sein du réseau.

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