Guide du développement neurologique adolescent pour les parents

C’est difficile d'être parent. Mes enfants sont maintenant de jeunes adultes et ceux qui connaissent ma famille dans la vraie vie me demandent souvent ce que j'ai fait pour que mes enfants s'en sortent si bien. C'est évidemment multifactoriel, mais je pense qu'une partie de mon secret réside dans l’utilisation de la neurologie. J'ai partagé toutes mes connaissances en matière de neurodéveloppement avec mes enfants lorsqu'ils étaient très jeunes, bien avant l'arrivée de l'adolescence, afin qu'ils disposent des outils nécessaires pour faire face aux tempêtes émotionnelles de l'adolescence. Les changements de l'adolescence, généralement attribués aux hormones, sont probablement dus à des modifications majeures de la structure du cerveau. Le cerveau atteint sa taille maximale vers l'âge de 11 ou 12 ans. Pendant l'adolescence, le cerveau rétrécit de 1% par an. Ce processus neurodéveloppemental n'est pas achevé avant l'âge d’environ 25 ans.C'est aussi une période de suractivité de l'amygdale et de sous-développement du cortex frontal. L'amygdale réagit aux problèmes, même mineurs, par la peur et l'agression. Le cortex frontal est essentiel à l'évaluation des risques et à la planification. Sans lui, les adolescents sont plus impulsifs et peuvent prendre des risques inconsidérés.Lorsque mon adolescent hurlait qu'une situation interpersonnelle était la fin du monde, je normalisais son expérience en lui disant: «Mon amour, ton amygdale est vraiment active en ce moment. Je peux voir que tu te sens vraiment effrayé et désespéré en ce moment, et c'est tout à fait normal à ce stade du développement neurologique. Mais ce n'est pas vrai pour autant. Ton cerveau se moque de toi». Une fois rendus en plein milieu de l'adolescence, ils étaient capables de le faire par eux-mêmes: «J'ai l'impression d'être ennuyeux et que personne ne m'aime, mais je sais que c'est à cause de mon amygdale. Je vais voir si mes amis veulent aller manger une crème glacée cette semaine. Ça serait bien».À lire aussi: Nouveau portrait de la santé mentale des jeunes pendant la pandémieLa phrase que j'utilise le plus souvent avec mes enfants est: «Bon travail! Tu fais toutes les bonnes erreurs». Ils apprennent à devenir des adultes. On ne peut pas apprendre sans faire des erreurs en cours de route. Mon rôle en tant que parent est d'être leur copilote et de les laisser se mettre dans le pétrin, mais de les sauver avant qu'ils ne s'écrasent. Ils doivent faire des erreurs afin de fournir des données à leur cortex frontal et d'apprendre à adapter leur approche.Vous ne pouvez pas être un copilote si vous ne les laissez jamais piloter l'avion. J'ai rarement dit «non» à mes enfants lorsqu'ils demandaient à faire quelque chose. Nous avons transformé ces demandes en objectifs et décomposé les étapes composites.Lorsque les enfants étaient très jeunes, je leur ai donné un calendrier basé sur le développement de l'amygdale et du cortex frontal. À 13 ou 14 ans, ils seraient capables de faire des choses simples tout seuls, à condition qu'un adulte de confiance soit à leur disposition. Entre 15 et 16 ans, ils seraient en mesure d'entreprendre progressivement des activités plus complexes et, à 17 ans, ils seraient probablement capables de faire la plupart des choses de manière autonome.Si la question était «Puis-je aller à un concert sans mes parents à l'âge de 13 ans?», la réponse pourrait être: «C'est un bon objectif! Ton cortex frontal n'est pas encore assez développé pour que tu sois certain de pouvoir le faire seul. Tu devras organiser le transport, trouver tes places, te frayer un chemin dans la foule pour rentrer chez toi, et te débrouiller à l'école le lendemain avec moins de sommeil». La solution pourrait consister à s'entraîner à prendre les transports jusqu'au lieu du concert, à télécharger un plan et à regarder des vidéos YouTube du lieu du concert, puis à se rendre à un concert avec un parent. En essayant chacune de ces étapes avec vous comme copilote, l'enfant sent que vous vous intéressez à ses objectifs, il acquiert des compétences et de la confiance, et il reporte la demande réelle jusqu'à ce qu'il ait plus de cortex frontal à bord.Il est également important de garder à l'esprit que leurs besoins de développement social entrent en jeu au cours de ces années. Au début de l'adolescence, ils se concentrent sur leurs pairs et sur la formation d'une identité distincte de celle de leurs parents: Suis-je aimable? À la fin de l'adolescence, ils se concentrent sur les relations émotionnellement intimes: Puis-je aimer quelqu'un d'autre?J'appelle la période qui s'étend de 13 à 17 ans environ «le gouffre de l'adolescence». Parfois, vous avez l'impression que votre enfant est tombé dans un trou où vous ne pouvez pas l'atteindre. J'ai fait savoir à mes jeunes enfants qu'ils pouvaient tomber dans le gouffre de l'adolescence et qu'ils me manqueraient, mais qu'ils finiraient par en sortir. J'ai également fait remarquer à nos amis et voisins qu'ils tombaient dans le puits, afin qu'ils comprennent qu'il s'agissait d'une période de transition commune et qu'ils ne se sentiraient pas seuls ou défectueux lorsque leur tour viendrait.Il peut être difficile de partager un espace de vie avec une personne qui ne considère généralement pas votre bien-être comme une priorité! Lorsque les enfants se concentrent sur leurs pairs et veulent se rebeller contre vous, cela peut être incroyablement frustrant. Ils sont peut-être respectueux et gentils dans le monde, mais comment faire pour qu'ils le démontrent à la maison?La première technique consiste à présenter les tâches ménagères comme une préparation à être un bon colocataire lorsqu'ils iront à l'école ou au travail. Ils ne feront pas nécessairement les corvées pour faire plaisir à leur mère, mais ils pourront le faire si cela fait partie du travail de co-pilotage pour atteindre leur objectif de vie indépendante et apprendre à ne pas être un imbécile.À lire aussi: Couchers tardifs et manque de sommeil peuvent abîmer le cerveau des enfantsJ'ai également commencé à utiliser la formule «J'ai besoin, tu as besoin». Qu'il s'agisse de lui demander de faire la vaisselle ou de faire des projets pour le week-end, je m'assurais que nos besoins à tous les deux étaient satisfaits. Plutôt que de leur demander de faire la vaisselle maintenant, je leur disais : «J'ai besoin que le comptoir soit propre avant 17 heures pour pouvoir préparer le dîner. As-tu besoin que je fasse couler de l'eau chaude dans l'évier, que je t'envoie un texto à 16h30, que je relise ta rédaction pendant que tu fais la vaisselle?» Au début de l'adolescence, ils ont souvent besoin de plus d'accompagnement et de soutien pour accomplir leurs tâches sans se disputer. La formule «J'ai besoin, tu as besoin» est tellement simple qu'elle fonctionne dans tous les domaines du discours interpersonnel avec des personnes de tous âges.Vous serez peut-être surpris d'apprendre que les adolescents ne peuvent pas faire la différence entre les expressions faciales de la tristesse, de la peur et de la colère. Ils peuvent voir le visage inquiet de leur parent et l'interpréter comme de la colère et des reproches. Utilisez vos mots. Avant toute confrontation, rappelez à vos enfants qu'ils peuvent percevoir de la colère lorsque vous êtes émotif. Lors de conversations intenses, soyez clair sur votre réaction: «Je ne suis pas en colère, je suis inquiète», et orientez la discussion vers des solutions: «Comment allons-nous assurer ta sécurité et celle de tes amis? Mes enfants ont appris à ne pas se fier à leur amygdale et à me demander si je suis en colère. C'est en fait un bon moyen pour moi d'examiner mes propres sentiments et de leur donner un résumé de mon état d'esprit lorsque nous abordons des questions émotionnelles.Je me suis heurtée à un certain conditionnement puritain nord-américain lorsqu'il s'est agi d'appliquer ma philosophie parentale à leur vie amoureuse. Je n'aurais jamais imaginé les laisser dormir avec leurs petits amis et petites amies, mais si j'étais leur copilote dans tous les autres aspects de leur vie, pourquoi insisterais-je pour qu'ils naviguent seuls dans la sexualité? Je n'ai pas un système de valeurs qui impose de ne pas avoir de relations sexuelles avant le mariage. Après une réflexion approfondie, nous avons abordé la sexualité comme n'importe quel autre aspect de l'éducation des enfants. Si l'objectif est d'établir une relation intime saine, la meilleure solution pour notre famille était d'avoir le temps et l'espace nécessaires pour établir la confiance, planifier la sécurité et faire de petites erreurs ensemble, avec un parent pour les tirer d'affaire.En plus de supprimer les structures neuronales rarement utilisées, les voies neuronales les plus utilisées sont myélinisées, créant ainsi des super-autoroutes de neurones qui forment les voies par défaut. Les choses que l'on fait à l'adolescence permettent de faire ce que l'on veut faire à l'âge adulte. Faites participer vos adolescents à des activités qui reflètent les espoirs que vous avez pour eux. Si vous voulez qu'ils fassent de l'exercice trois fois par semaine, faites-les bouger régulièrement. Si vous voulez qu'ils deviennent des leaders, mettez-les dans une activité où ils peuvent être des mentors.À lire aussi: Comment la musique agit-elle sur notre mémoire et sur nos émotions?L'inverse est également vrai. Les personnes qui commencent à consommer des drogues et de l'alcool au début de l'adolescence ont des taux de dépendance nettement plus élevés que celles qui commencent à consommer plus tard dans leur vie. Lorsque le cannabis a été légalisé au Canada, les médecins se sont battus pour que l'âge de la légalisation soit fixé à 25 ans. Malheureusement, l'opinion publique l'a emporté sur les données scientifiques, mais j'ai encouragé mes enfants à retarder ou à limiter leur consommation aussi longtemps que possible.Lorsque mon aîné était à l'école primaire, j'ai fait un exposé dans sa classe sur la consommation de drogues. Quelques années plus tard, j'ai entendu mon plus jeune avouer à son grand frère qu'il avait accidentellement vu de la pornographie dans une bannière publicitaire. Leur aîné, qui était encore un enfant à l'époque, les a rassurés en leur disant que ce n'était pas grave, mais qu'ils devaient veiller à ne pas continuer à les regarder, car cela renforcerait leurs voies neuronales et ils risqueraient de devenir dépendants. Il est toujours bon de savoir que les leçons que l'on enseigne à ses enfants sont réellement assimilées et appliquées dans des situations futures!En résumé, mes mantras parentaux basés sur le développement neurologique des adolescents sont les suivants:C'est ton amygdaleTu fais toutes les bonnes erreursPas encore, laisse-moi être ton copiloteJ'ai besoin, tu as besoinLes choses que tu fais prédisent les choses que tu feras.Et vous, quels sont vos mantras parentaux ?La Dre Kim Alexander est gynécologue et éducatrice sexuelle à Brampton, Ontario.

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