Douleurs chroniques et toxicomanie: la clinique Mayo mise sur la psychoéducation

Selon une étude présentée au congrès annuel de l’American Academy of Pain Medicine, un seul et même programme intensif de réadaptation centré sur la douleur permettrait de traiter les patients souffrant de douleurs chroniques, que le risque de toxicomanie qu'ils présentent soit élevé ou faible, et ce avec le même succès.«À la sortie de la clinique, avec le programme visant les toxicomanies, toutes les mesures de résultats se sont trouvées améliorées, cela pour l'ensemble des patients, mais, le plus intéressant, c’est qu’il n’y a eu aucune différence entre les patients à risque élevé et ceux à faible risque», a signalé Sarah Hayes, adjointe de recherche étudiante à la Pain Rehabilitation Clinic de la Clinique Mayo à Rochester (Minnesota).La chercheuse a précisé que le programme a permis un taux de retrait de 97%. «L’objectif du programme n’est pas de réduire les douleurs, même si nous observons quelques cas de réduction de la douleur. Son but est la restauration fonctionnelle et l’arrêt du traitement par opioïdes et des polymédications», a-t-elle précisé.Les chercheurs ont analysé de façon rétrospective les dossiers de 476 patients consécutifs souffrant de douleurs chroniques qui ont participé au programme de réadaptation centré sur la douleur d’une durée de trois semaines entre février 2010 et mai 2011.Un total de 246 patients était considéré à risque élevé de toxicomanie et les 230 patients restants étaient considérés à faible risque. La définition du risque élevé s'appuyait sur une dépendance passée ou présente à des drogues (toxicomanie) ou à de fortes doses d’opioïde (dépendance clinique) ou à des substances psychotropes.Au départ, il n’y avait pas de différence entre les deux groupes pour ce qui était de la durée de leurs douleurs (environ 11 à 12 ans) ou de leur consommation d’opioïdes (entre cinq et sept ans).Toutefois, comparativement aux patients à faible risque, à des doses équivalentes de morphine plus élevées (124 contre 60 mg/jour), les patients à risque élevé utilisaient des opioïdes, des benzodiazépines, de la marijuana, du tabac et de l’alcool à des fréquences plus élevées et signalaient une dépression plus forte, plus de dramatisation de la douleur, plus d’interférences causées par la douleur et une autoefficacité plus faible en raison de la douleur.Tous les patients ont été traités pendant trois semaines au moyen d’un programme comprenant des journées entières de thérapie cognitivo-comportementale (TCC), de physiothérapie, d’ergothérapie, de rétroaction biologique et de techniques de relaxation, de gestion du stress, d’informations sur le mieux-être (hygiène du sommeil, régime alimentaire-santé par exemple), d’informations sur les effets des produits chimiques sur la santé et d’entraînement à la gestion de la douleur (modération des activités, élimination des comportements associés à la douleur, par exemple).«Le programme portant sur le risque élevé, enseigné par une infirmière spécialiste de niveau avancé, remplaçait quelques heures de TCC et se concentrait sur le cycle de la douleur et de la toxicomanie, a indiqué Mme Hayes. Nous offrons vraiment une psychoéducation à ces patients, les outils dont ils ont besoin pour gérer les situations à haut risque qu’ils vivront à l’avenir.»À la fin du programme, malgré leurs niveaux de départ plus graves, les patients à risque élevé étaient semblables aux patients à faible risque en termes d’intensité de la douleur, de dramatisation de la douleur, d’interférences causées par les douleurs, de dépression et de perception de contrôle sur leurs vies et leurs douleurs.«Ainsi, le point à retenir, c’est que tous les patients ont connu une amélioration fonctionnelle significative, a commenté Mme Hayes. Nous pouvons traiter ces patients qui présentent ce chevauchement mystérieux, parfois très difficile à comprendre, entre dépendance et douleur chronique.»Au cours de la période des questions, le Dr Kelvin Gorrell, médecin spécialisé dans la douleur qui exerce en pratique privée à Spring Hill (Floride), a mis en doute le taux de réussite «ridiculement élevé» du programme.

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