Conduite non professionnelle entre collègues: les médecins de certaines spécialités y seraient plus susceptibles

L’étude, publiée en juin dernier dans le JAMA Network Open, présente des données en lien avec les plaintes de conduite non professionnelle portées à l’encontre de certains médecins en milieu de travail.L’équipe de chercheurs du Vanderbilt Health Center for Patient and Professional Advocacy (CPPA) affilié au Centre hospitalier universitaire Vanderbilt, au Tennessee, a examiné un échantillon total de 35 120 médecins travaillant dans 193 hôpitaux américains et autres sites de pratique médicale.Un programme mis en place dans ces établissements et supervisé par le CPPA permet de porter plainte électroniquement après avoir été témoin d’un comportement non professionnel de la part d’un(e) collègue.Ces comportements ne sont pas exclusifs aux collègues d'une même profession, rapporte le Dr William O. Cooper, l’un des coauteurs de l’étude. Utilisant l’exemple d’un pharmacien contactant un médecin pour clarifier une ordonnance, il illustre comment un manque de professionnalisme peut rapidement survenir. «Si le médecin répond “arrêtez de m’interrompre avec vos stupides questions, l'ordonnance est très claire”, le pharmacien se montrera vraisemblablement hésitant à lui poser des questions à nouveau.»De ces 35 120 médecins répertoriés, 9,1% ont été sujet d’une plainte portée à leur égard pour un comportement inapproprié en milieu de travail. Les chercheurs ont constaté que les médecins de certaines spécialités, telles que la chirurgie et la médecine d’urgence, ont reçu plus de plaintes que ceux issus d’autres spécialités comme la pédiatrie.Pour 1% des médecins répertoriés, des comportements déplacés ont été rapportés à répétition, notent également les chercheurs. Certaines des spécialités associées à ces comportements répétitifs sont la chirurgie et la médecine d’urgence.L’étude précise toutefois que l'environnement de ces spécialités est souvent plus stressant pour les cliniciens qui y exercent. Les chercheurs notent par ailleurs que le travail d’équipe dans ces spécialités est indispensable au traitement du patient, de sorte que la pression sous laquelle se trouvent ces médecins peut les rendre plus enclins à des conflits entre collègues.Les conséquences négatives de ces comportements«Comment pouvons-nous aider [ces médecins] à devenir une meilleure version d’eux-mêmes? Bien qu’il ne s’agisse que d’un très petit nombre [de cliniciens], ils ont vraiment des conséquences énormes sur leurs collègues, le fonctionnement de l’équipe, et la santé des patients», explique le Dr Cooper.«Se comporter de manière non professionnelle envers ses patients et ses collègues mène à une augmentation des complications chirurgicales et du taux de mortalité chez les patients victimes de traumas», poursuit-il. Ces comportements sont aussi associés à des allégations de faute professionnelle et à des vagues de démission chez les collègues du clinicien fautif, ajoute-t-il.À lire aussi: Garder sa motivation: la santé mentale en priorité absolue!Le Dr Cooper signale que les communications irrespectueuses peuvent mener à une réduction de la communication dans l’équipe en général, tel que le fait de ne pas demander de l’aide en cas de besoin pour éviter d’avoir à interagir avec un collègue désagréable. La crainte de représailles peut aussi s’installer et faire passer certaines situations inacceptables sous silence.Selon le Dr Cooper, les comportements non professionnels répétés peuvent être évités si un membre de l’équipe de direction de l’établissement intervient et discute de la situation avec ces individus dès la première plainte. Ces interventions peuvent améliorer leur performance dans 85% à 90% des cas, ce qui a mené à l’observation d’une diminution des comportements non professionnels et des plaintes associées.«Les directions des organisations médicales peuvent aider à ce que tous soient tenus responsables en établissant clairement les valeurs de l’organisation», affirme le Dr Cooper. Tous les employés, peu importe leur rôle, doivent être traités de manière équitable, fait-il valoir.«Les chefs d’équipe doivent être des modèles de professionnalisme et traiter les gens avec honneur et dignité», conclut le Dr Cooper.

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