Ça peut faire très mal: remise à niveau sur la fasciite plantaire

La fasciite plantaire peut être très douloureuse pour les patients et dure souvent des mois, voire des années. Cette inflammation du fascia plantaire, une bande de peau épaisse située sous le pied, est la cause la plus fréquente de douleur au talon qui s’accompagne généralement d’une douleur importante au niveau de la voûte plantaire.Les cas se multiplient souvent pendant la période estivale, non seulement parce que les patients sont plus actifs, mais aussi parce qu’ils marchent davantage pieds nus ou portent des chaussures sans soutien, comme des sandales. Mais à tout moment de l’année, le simple fait d’être chez soi et de marcher pieds nus, comme lorsque l’on travaille à domicile, peut provoquer une inflammation qui entraîne des douleurs lancinantes au talon et à la voûte plantaire.«Ici, sur la côte ouest, les gens commencent tôt dans l’année à s’entraîner pour des courses et des marathons, ce qui peut entraîner des douleurs au talon et une fasciite plantaire», explique Jenny Ling, docteure en médecine podiatrique qui exerce au Metrotown Podiatry, à Burnaby, en Colombie-Britannique. «Mais ce ne sont pas seulement les sportifs du dimanche qui peuvent être touchés. Il se peut que les patients travaillent à domicile, sans chaussures adaptées, et marchent pieds nus ou en chaussettes toute la journée.»À lire aussi: Et si avoir des pieds plats était… normal?Le fait d’avoir un travail ou un mode de vie qui oblige à rester debout toute la journée peut également être un facteur de risque. Le poids du patient peut également jouer un rôle. La fasciite plantaire touche environ 10% de la population, 83% de ces patients étant des adultes actifs âgés de 25 à 65 ans. Dans environ un tiers des cas, elle affecte les deux pieds. Cette condition peut être tenace, certaines estimations indiquant qu’elle dure de trois à six mois. Selon l’article Plantar Fasciitis publié en ligne sur StatPearls (2024), dont l’auteur principal est le Dr Benjamin K. Buchanan, médecin du sport, de 70 à 80% des patients atteints de fasciite plantaire ne voient leurs symptômes s’atténuer qu’au bout de neuf à douze mois, et de 5 à 10% d’entre eux doivent subir une intervention chirurgicale de libération du fascia plantaire.Diagnostic différentiel courantLes épines calcanéennes coexistent souvent avec la fasciite plantaire, mais ne sont généralement pas la cause principale de la douleur.La tendinite du tendon d’Achille provoque une douleur postérieure au talon, en particulier chez les personnes actives.Une tendinopathie tibiale postérieure ou un affaissement de la voûte plantaire peut expliquer une douleur à la voûte médiale, tandis qu’un pied creux (voûte plantaire haute) peut entraîner une gêne au niveau de la voûte latérale.Les causes neuropathiques (comme le syndrome du canal tarsien, lorsque le nerf tibial est endommagé) doivent être suspectées lorsque la douleur au talon s’accompagne d’une sensation de brûlure ou d’engourdissement.La bursite du talon provoque une douleur postérieure au talon, qui s’aggrave au fil de la journée.L’arthrose touche généralement plus que le talon/la voûte plantaire et s’aggrave avec l’activité.Les fractures de stress du calcanéum (os du talon) sont plus fréquentes en cas d’ostéoporose.La fasciite plantaire doit faire l’objet d’un diagnostic clinique et l’imagerie n’est généralement pas nécessaire, selon l’article Plantar Fasciitis. La meilleure pratique consiste à commencer par établir un historique complet: quand la douleur a-t-elle commencé? Quelles activités ou chaussures l’aggravent? Y a-t-il des antécédents de surmenage ou de problèmes biomécaniques? Un examen ciblé évaluant la démarche, les points sensibles, la structure de la voûte plantaire, la souplesse du tendon d’Achille et l’état neurologique vous mettra généralement sur la bonne voie.Examen cliniqueUne douleur lancinante lors des premiers pas le matin, qui s’atténue progressivement, est un indicateur clinique clé de la fasciite plantaire. La douleur diminue généralement avec les premiers mouvements ou le début de l’activité physique, mais elle a tendance à s’aggraver à mesure que l’activité se poursuit tout au long de la journée. La sensibilité est souvent provoquée par la palpation du tubercule calcanéen médial plantaire, où le fascia plantaire s’insère dans le talon. La gêne peut également être reproduite par une flexion dorsale passive du pied et des orteils.Une radiographie ou une échographie peut être justifiée si les antécédents ou l’examen physique indiquent d’autres blessures ou affections, ou si l’état du patient ne s’améliore pas après quelques mois. La radiographie et l’échographie peuvent révéler des calcifications dans les tissus mous ou des épines calcanéennes. L’IRM peut être utile dans les cas réfractaires ou complexes.Pas qu’un problème localSelon Jenny Ling, les médecins doivent savoir que la fasciite plantaire n’est pas seulement un problème localisé.«Il peut s’agir davantage d’un problème postural qui se manifeste par une fasciite plantaire», indique la membre du conseil d’administration de l’Association médicale podiatrique canadienne. «Il faut traiter l’inflammation locale au niveau du talon, mais le traitement peut ne pas être totalement efficace si la cause profonde est posturale. Il faut remonter la chaîne cinétique et traiter le problème rapidement avant qu’il n’affecte gravement d’autres articulations et muscles.»Des mollets tendus, par exemple, peuvent être liés à une fasciite plantaire. «Les gens n’ont pas les mollets tendus de façon isolée. En général, cela signifie également qu’ils ont les ischio-jambiers et les fessiers tendus, des douleurs au genou, à la hanche ou au bas du dos, voire au plancher pelvien», explique la podiatre.Les blocs JengaC’est un peu comme les blocs Jenga, observe-t-elle: si une zone est désalignée, le corps s’adapte en compensant de différentes manières, éventuellement en poussant une autre zone à se désaligner.«Votre corps et votre cerveau essaient constamment de maintenir votre colonne vertébrale droite. C’est ce à quoi s’attaque la thérapie orthétique, en conjonction avec un programme de renforcement musculaire et d’étirements.»À consulter: Pieds froids et mains glacées: quand faut-il s’en inquiéter?Jenny Ling explique que lorsqu’elle traite un patient atteint de fasciite plantaire, son approche est multidimensionnelle, commençant par une technique de glaçage appropriée (voir les directives ci-dessous). «Une application correcte de glace peut être plus utile que la prescription d’anti-inflammatoires systémiques, car elle agit exactement là où il faut», souligne-t-elle.Un élément clé pris en compte et discuté dans la clinique où exerce Jenny Ling concerne les chaussures des patients, qu’ils portent à la maison ou pour leurs activités physiques. Les orthèses ne sont pas toujours nécessaires, mais lorsqu’elles sont prescrites, les chaussures doivent être adaptées. «Même les meilleures orthèses ne fonctionneront pas avec de mauvaises chaussures.»Exercices et étirementsComme indiqué précédemment, la fasciite plantaire peut être associée à des facteurs biomécaniques proximaux tels que l’instabilité du tronc, la faiblesse des hanches et une altération de la mécanique de la marche. Jeanny Ling souligne qu’en plus de la raideur et du désalignement, il faut également traiter la faiblesse, en particulier celle du tronc. «Les muscles abdominaux profonds, y compris le plancher pelvien, déterminent la stabilité de votre bassin et de vos membres. Ainsi, en cas de dysfonctionnement, de faiblesse ou de raideur, une partie tirera d’un côté et l’autre côté compensera», mentionne-t-elle. «Un programme d’exercices et d’étirements participe donc largement à la guérison, tout comme le traitement de l’inflammation aiguë par massage à la glace.»Équilibre et yogaLa podiatre recommande à ses patients de pratiquer des exercices d’équilibre et du yoga pour traiter la douleur au talon (et d’autres problèmes liés au pied) et augmenter leur force et leur alignement afin d’éviter que la douleur ne réapparaisse.Elle estime qu’avec des massages à la glace ciblés, des chaussures et des orthèses adaptées, ainsi que des exercices appropriés, la majorité des patients peuvent se rétablir complètement. Elle ne recommande pas les attelles nocturnes pour immobiliser le pied.«Le principe de ces attelles nocturnes est de mettre le pied en position de flexion dorsale afin d’étirer le mollet et le tendon d’Achille pendant la nuit. Nous savons que la tension du mollet est rarement isolée. En général, toute la chaîne postérieure est impliquée. Un programme complet d’étirements et de renforcement donnerait de meilleurs résultats que l’utilisation d’une attelle nocturne.»Injections de plasma riche en plaquettesDans les cas tenaces, il existe des options telles que les injections de plasma riche en plaquettes et la thérapie par ondes de choc radiales, que Jenny Ling préfère aux injections répétées de corticostéroïdes en raison du risque de rupture du fascia plantaire et d’atrophie du coussinet adipeux associé à ces dernières.«Ces traitements ciblent les zones inflammatoires, comme la glace, et je dis à mes patients qu’il faut parfois plusieurs semaines avant de constater et de ressentir une amélioration avec ces traitements (plus avancés). D’un autre côté, les patients sont surpris de voir à quel point une simple application de glace, si elle est effectuée correctement, peut être efficace et agir rapidement.»

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