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Plus de 23 millions de vidéos sont téléversées quotidiennement sur TikTok selon la plateforme SendShort, qui a également recensé dans le monde pas moins de 22 millions d’utilisateurs du réseau social ayant moins que l’âge minimal - soit 13 ans - rien que pour le premier trimestre de 20241. Et l’algorithme de la plateforme montre à son jeune public des contenus liés à l’image corporelle et à la santé mentale toutes les 39 secondes, d’après un rapport du Center for Countering Digital Hate2 cité par la précédente étude.Parmi ces contenus, «une vidéo sur cinq traitant de santé mentale contient des informations erronées», constate le Dr Alexandre Hudon, professeur adjoint de clinique au Département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal et directeur d’une recherche3 sur la désinformation en santé mentale sur les réseaux sociaux. La désinformation consiste en la diffusion intentionnelle d'informations incorrectes ou trompeuses dans le but d'induire en erreur ou d'influencer le public – et diffère de la mésinformation, qui est une fausse information diffusée accidentellement, sans intention malveillante.Consultez: La FMSQ propose d'interdire l'inscription sur des réseaux sociaux aux moins de 14 ansAvec son équipe du Département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal (UdeM), le psychiatre a analysé un échantillon de 1000 vidéos traitant de 26 thématiques liées à la santé mentale, publiées sur TikTok et provenant de 16 pays différents. La majorité (830) était en anglais. En plus d’aborder un sujet de santé mentale, les vidéos retenues devaient aussi contenir du matériel psychoéducatif ou avoir une visée psychoéducative, ne pas faire partie d’une série en plusieurs parties et être accessible sans avoir besoin d’un compte TikTok. De fausses croyances qui peuvent éloigner les patients vulnérables des soinsPremier constat: tous les sujets ne sont pas égaux face à la désinformation. «Nous avons remarqué que les contenus de vulgarisation liés aux troubles du neurodéveloppement, comme le trouble déficitaire de l’attention [TDAH], les troubles de l’autisme ou encore le haut potentiel intellectuel, ainsi que celles parlant des troubles de la personnalité ou du suicide, étaient davantage concernés», précise ainsi le Dr Hudon à Profession Santé. De même, les vidéos parlant des traitements pharmacologiques et de l’autodiagnostic contenaient selon lui beaucoup de désinformation. «Ces contenus erronés consistaient à simplifier et minimiser des troubles complexes, à dévaloriser les traitements basés sur les données probantes, voire à inventer des propriétés à certains médicaments non reconnus via des affirmations non vérifiées», précise le professeur de clinique. Parmi elles, le fait que les médecins seraient payés par les industriels pharmaceutiques pour prescrire des médicaments – et donc, que leurs conseils ne seraient pas bons à suivre.Or, ces fausses croyances peuvent faire leur chemin chez un public vulnérable, et conduire à une réticence au traitement, à des choix de vie malsains et à une méfiance envers les professionnels de la santé et les institutions scientifiques, alertent les chercheurs. «Sauf que certains antidépresseurs viennent avec des symptômes de sevrage très importants, qui peuvent mener au suicide», alerte le Dr Hudon, mettant en garde contre un arrêt de traitement sans avis médical.Le risque de propagation de ces fausses informations est en outre d’autant plus important sur les réseaux sociaux, qui agissent comme une chambre d’écho.«Les personnes en souffrance cherchent des réponses»Deuxième constat: toutes les sources d’informations ne sont, là encore, pas égales face aux contenus erronés. L’équipe de l’UdeM a ainsi découvert que certains facteurs étaient moins associés au risque de désinformation ou de mésinformation. Parmi eux, le fait de diffuser des faits basés sur les données probantes, la visée éducative et pédagogique de la vidéo, ainsi que les créateurs de contenus s’identifiant clairement. «Nous avions bien sûr des professionnels de la santé, mais aussi des patients avec un vécu expérientiel qui partageaient leur diagnostic ou leur parcours de soins», illustre Alexandre Hudon. «Dans ce deuxième cas, on sait d’emblée que l’information diffusée sera davantage une opinion, ce qui va davantage permettre au public de la recevoir avec un regard critique.»Ne manquez pas: Plus d'un Canadien sur trois s'informe en ligne, car il ne peut pas voir un médecinEn outre, les vidéos traitant de sujets davantage documentés, comme les dépendances aux substances ou les troubles alimentaires, étaient moins à risque. «Nous avons aussi été rassurés de constater que les vidéos recueillant le plus d’engagement de la part du public étaient associées à un moindre taux de fausses informations», ajoute le psychiatre. Pourquoi un tel niveau de désinformation sur les sujets touchant à la santé mentale? «Les personnes en souffrance recherchent des réponses et de l’information sur leur état, observe Alexandre Hudon. Mais cette information n’est malheureusement pas toujours disponible.» Les médias sociaux sont alors vus comme une source de savoir rapide et facile d’accès. «La tentation est aussi grande de simplifier les troubles de santé mentale à l’extrême, en les résumant à des critères à remplir pour être considéré comme dépressif ou bipolaire. Pour des gens en quête de réponses, c’est une excellente nouvelle.»Références: Ch D. TikTok Statistics: Revenue & Usage. SendShort. Mis à jour en avril 2025. Disponible en ligne: https://sendshort.ai/statistics/tiktok/#0-key-takeways [consulté le 15 juillet 2025]Center for Countering Digital Hate. Deadly by design. TikTok pushes harmful content promoting eating disorders and self-harm into young users’ feeds. Publié en ligne le 15 décembre 2022. 48 pages. Disponible en ligne: https://counterhate.com/research/deadly-by-design/ [consulté le 15 juillet 2025]Hudon A, Perry K, Plate AS, Doucet A, Ducharme L, Djona O, Testart Aguirre C, Evoy G. Navigating the Maze of Social Media Disinformation on Psychiatric Illness and Charting Paths to Reliable Information for Mental Health Professionals: Observational Study of TikTok Videos. J Med Internet Res 2025;27:e64225. doi: 10.2196/64225. PMID: 40532184 PMCID: 12192922

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