Une pharmacienne communautaire en première ligne aux Jeux du Québec à Trois-Rivières

Athlétisme, soccer, tir à l’arc, natation… La ville de Trois-Rivières s’apprête à accueillir la grand-messe du sport jeunesse en plein cœur de l’été. La finale des Jeux du Québec se tiendra dans la ville portuaire du 25 juillet au 2 août, et les organisateurs sont déjà à pied d’œuvre pour garantir des conditions optimales aux 3500 athlètes âgés de 12 à 17 ans. Parmi les petites mains bénévoles de cette 59e édition, une nouvelle recrue qui n’est pas une novice pour autant: la pharmacienne propriétaire Pascale Arsenault. Sa pharmacie Jean Coutu est en effet la seule à faire partie du département santé spécialement installé sur le site des jeux, une première. «On a eu de la difficulté pour mettre ça en place, même l'ordre était pris au dépourvu!», s’amuse-t-elle. «Habituellement, ce sont les pharmaciens des établissements de santé qui sont mobilisés pour ce genre d’événements sportifs, pas les pharmaciens communautaires!»Lorsque la ville de Trois-Rivières lance un sondage d’intérêt pour mobiliser sa population pendant les Jeux, Pascale Arsenault, ancienne championne junior de taekwondo, n’hésite pas une seconde à postuler comme bénévole. Pour elle, la pratique est affaire de solidarité et d'esprit collectif, au même titre que le sport. «J’ai proposé la contribution de ma pharmacie pour fournir les médicaments notamment, et les organisateurs m’ont contactée naturellement», raconte-t-elle. Une clinique de santé temporaire pour intervenir sur siteLa proposition suscite surtout l’intérêt du Dr François Parent, le médecin en chef de la finale. «Il exerce à l’urgence de Trois-Rivières, et craignait que les Jeux du Québec ne surchargent le service de l’hôpital en cette période de vacances», révèle Pascale Arsenault. L'idée du médecin en chef: délocaliser la prise en charge des participants, de leurs accompagnateurs et du public hors de l’hôpital, pour ne diriger vers l’urgence que les cas prioritaires et sévères. Une vision qui résonne avec les préoccupations quotidiennes de la pharmacienne. «On essaie déjà de diminuer les hospitalisations en prenant en charge le maximum de personnes à la pharmacie.»La majorité des cas sera donc gérée au sein d’une clinique de santé inédite et temporaire, présente sur le site principal et les sites satellites des jeux. Parmi les professionnels sur le pont, des étudiants et résidents en soins infirmiers, en chiropratique et en médecine de l’Université du Québec à Trois-Rivières, mais aussi… Pascale Arsenault. La pharmacienne propriétaire sera la seule pharmacienne consultante présente pendant toute la durée des jeux. «Ce sera un peu comme être un pharmacien dans une salle d’urgence», illustre-t-elle. Des discussions sont tout de même en cours avec l’Université Laval pour obtenir un ou une stagiaire et lui prêter main forte. Éviter le dirigisme et tenir la cadenceÇa tombe bien, car le travail d'équipe est une devise pour cette lauréate des Prix Profession Santé en 2023. «Ça va me permettre de voir comment les différents professionnels collaborent, comment on gagne à travailler ensemble, parce qu’on ne comprend pas toujours les responsabilités et les compétences de chacun», se réjouit la pharmacienne qui, pour se mettre en condition, participe avec tous les autres délégués à des simulations régulièrement organisées depuis plusieurs semaines. Objectif: affronter différentes situations médicales et de sécurité. Lors de l'une de ces simulations, un athlète s'est par exemple présenté aux équipes de soins après avoir perdu son inhalateur. «Ça devient dangereux de le laisser participer, et ça retarde toute la logistique», décrypte Pascale Arsenault. L’enjeu est alors de le prendre en charge rapidement et de lui proposer une solution tout en respectant son libre choix de pharmacie. «On ne veut pas se retrouver dans le dirigisme, et en même temps, on veut être sûr que tout se déroule bien.» La solution? Un formulaire de consentement. «Est-ce que l’athlète veut se débrouiller par lui-même pour se trouver une nouvelle pompe? Il peut faire affaire avec la pharmacie de son choix. Sachant que la plupart d'entre eux vont venir de l’extérieur de Trois-Rivières, et que la livraison sur le site devra se faire rapidement.» Pour de telles urgences, la pharmacienne a prévu un livreur supplémentaire en renfort pour toute la durée des jeux – les athlètes ne seront pas les seuls à tenter de battre le chrono cet été.«Jusqu’où ira ma responsabilité de pharmacienne?»En plus de celui de pharmacienne conseil, le principal rôle de Pascale Arsenault sera de gérer l’inventaire et de fournir des médicaments de soins courants, habituellement fournis par l’hôpital dans ce genre de contexte. «On parle de médicaments antidouleurs, de VentolineMD en cas de crise d’asthme par exemple, de pansements…», énumère la pharmacienne. «Les narcotiques seront cadenassés au sein de la centrale principale et inscrits dans un registre.» Des mesures qui respectent les règlements, mais qui ont dû être discutées en amont. En effet, le problème, c’est qu’il n’y a aucun précédent et donc, aucun protocole auquel se référer. «Comment je vais gérer mon inventaire, dont je suis responsable? Jusqu’où ira ma responsabilité de pharmacienne concernant l’administration des médicaments? Même si un médecin sera présent pour superviser la clinique et les étudiants, j’ai besoin d’un cadre.»Pascale Arsenault est en lien avec l’Ordre des pharmaciens (OPQ) afin d’établir un protocole clair. «C’est un test, on va expérimenter, et puis on étudiera le post mortem pour voir les bons et les mauvais points. Ça leur fournira des données pour les événements futurs.» L’enjeu central est selon elle le gaspillage, «car cette clinique temporaire sera en place pour 10 jours et qu’on ne sait pas trop à quoi s’attendre». En cas de surplus ou de médicaments non utilisés, tout dépendra donc de leurs conditions d’entreposage. «C’est sûr que, si ça s’en va sur des sites satellites, la conservation à bonne température sera moins idéale, surtout si on est en période de canicule», anticipe la pharmacienne qui a recueilli de précieux conseils auprès des équipes organisatrices de l'IronMan de Tremblant pour optimiser sa gestion et sa logistique.

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