Une cuillerée de probiotiques pour faire baisser la fièvre?

Un essai clinique mené par des chercheurs italiens a montré que les enfants ayant reçu des probiotiques présentaient en moyenne deux jours de fièvre en moins que ceux ayant reçu un placebo. Les résultats ont été publiés dans JAMA Network Open.Les infection des voies respiratoires supérieures (IVRS) sont fréquentes chez les enfants et représentent environ 90% de toutes les infections respiratoires dans le monde, selon l’étude. Il n’est pas rare qu’un enfant de cinq ans ou moins présente entre cinq et huit épisodes d’IVRS par an. Les chercheurs n’ont pas répondu aux demandes d’entrevue envoyées par courriel.En général, les symptômes d'une IVRS culminent au bout de trois à cinq jours, et disparaissent dans un délai de deux semaines. Toutefois, ces infections sont un motif courant de consultation médicale, et environ 1% des patients peuvent nécessiter une hospitalisation.«L'utilisation d'antipyrétiques diminue transitoirement la température corporelle mais n'a pas d'effet sur la durée globale de la fièvre», écrivent les auteurs. De même, les antibiotiques sont inefficaces dans la plupart des cas.Au cours des deux dernières décennies, les probiotiques et leurs effets possibles sur le système immunitaire et la santé respiratoire, par le biais de leurs effets sur le microbiome intestinal, ont fait l'objet d'une attention croissante.«L'interaction entre le microbiome intestinal, les processus inflammatoires et la réponse immunitaire suggère un rôle possible des probiotiques dans des conditions infectieuses qui ne se limitent pas au tractus gastro-intestinal», ont-ils ajouté. Mais il existe peu d'informations sur les effets possibles des probiotiques dans les conditions infectieuses en dehors du tractus gastro-intestinal.Consultez: Cas prise de tête: une fièvre étrange, un patient récalcitrant aux investigationsEntre le 19 novembre 2021 et le 20 juin 2023, des chercheurs d'un service d'urgence pédiatrique d'un hôpital de Milan, en Italie, ont mené un essai clinique randomisé en triple aveugle, contrôlé par placebo. Les patients ont été recrutés s'ils étaient âgés de 28 jours à quatre ans et présentaient une fièvre mesurée par voie rectale de 38,5 °C ou plus.Les patients ont été recrutés à leur sortie de l'hôpital et ont été répartis au hasard entre des groupes recevant une dose quotidienne unique d'un mélange de probiotiques ou un placebo, pendant 14 jours. Le mélange probiotique contenait Bifidobacterium breve M-16V, Bifidobacterium lactis HN019 et Lactobacillus rhamnosus HN001. Les doses administrées étaient de 0,5 ml ou 1,5 g.Les mélanges placebo et actif, d'allure identique, se présentaient sous forme de bâtonnets ou de gouttes. Il s'agissait de préparations en vente libre en Italie.Pour suivre l'évolution de la fièvre, les parents ou les soignants ont appris à mesurer la température corporelle rectale, trois fois par jour. Les évaluations de suivi ont été effectuées par appel téléphonique environ sept jours après l'inscription. Des appels de suivi supplémentaires ont été effectués si les enfants souffraient d’une fièvre persistante.Les types de probiotiques utilisés dans l'étude ont été choisis parce qu'il existe des preuves dans la littérature médicale que «les bifidobactéries et les lactobacilles peuvent moduler l'expression de l'interleukine 1, de l'interleukine 6 et du facteur de nécrose tumorale, qui jouent un rôle clé dans le développement de la fièvre. Ces mécanismes peuvent expliquer en partie la réduction significative de la durée de la fièvre observée dans cet essai», explique l'article.Au total, 69 garçons et 59 filles ont été inclus dans l'étude. Il y avait 65 enfants dans le groupe placebo et 63 dans le groupe de traitement. La plupart des patients (92%) avaient un poids normal. Dans le groupe placebo, 25% étaient sous antibiotiques au moment de l'inscription, contre 27% dans le groupe de traitement.Les enfants exclus présentaient soit une utilisation récente de probiotiques, soit une maladie auto-immune chronique, soit un traitement immunosuppresseur, ou ceux qui ont dû être hospitalisés.Les analyses ont montré que les enfants ayant reçu des probiotiques ont eu une durée de fièvre significativement plus courte que ceux ayant reçu un placebo - une différence de trois jours en moyenne par rapport à cinq jours dans le groupe placebo. L'article précise que cette différence est statistiquement significative.À lire aussi: Psyllium, probiotiques: les suppléments sont-ils efficaces pour réguler le cholestérol?Par ailleurs, il n'y a pas eu de différences en ce qui concerne la diarrhée entre les deux groupes, indépendamment de l'utilisation d'antibiotiques. «L'administration de ces suppléments n'a pas réduit l'incidence de la diarrhée chez les enfants recevant des antibiotiques ou la prescription d'antibiotiques après la sortie des urgences», ont précisé les chercheurs.Les chercheurs ont conclu que «cet essai a montré pour la première fois, à notre connaissance, l'efficacité d'un mélange probiotique contenant Bifidobacterium breve M-16V, Bifidobacterium lactis HN019 et Lactobacillus rhamnosus HN001 pour raccourcir la durée de la fièvre d'environ 2 jours chez les enfants souffrant d'IVRS.»Les auteurs de l'étude ont toutefois relevé certaines limites. L'une d'elles est que l'effet sur des maladies infectieuses spécifiques n'a pas été analysé et qu'il n'y a pas eu de différenciation entre les infections bactériennes et virales. De plus, les enfants n'ont pas reçu les suppléments probiotiques au même stade de l'évolution de la maladie.Au cours des deux dernières décennies, les probiotiques ont fait l'objet d'une attention croissante, de même que leurs effets possibles sur le système immunitaire et la santé respiratoire par le biais de leurs effets sur le microbiome intestinal. Certains suggèrent que certains probiotiques pourraient raccourcir l'évolution des infections des voies respiratoires (IVR).Dans une étude non liée, les chercheurs ont examiné l'impact des probiotiques en général sur les IVR chez les enfants. L'objectif était d'évaluer les effets de probiotiques spécifiques à une souche sur les IVR chez les enfants fréquentant les garderies.Il s'agissait d'une revue systématique d'essais contrôlés randomisés qui comparait les études utilisant différentes souches de probiotiques.Elle a conclu que «l'utilisation de Lactobacillus rhamnosus GG réduit modestement la durée des infections des voies respiratoires». Cette conclusion s'appuie sur trois études portant sur cet organisme particulier. Les analyses des études concernant d'autres probiotiques ne semblent pas avoir un effet aussi important.Bien que l'article ne traite pas spécifiquement de la fièvre, il illustre la possibilité que certains probiotiques puissent raccourcir la durée de la maladie. Les auteurs ont affirmé que «d'autres essais contrôlés randomisés portant sur des souches probiotiques spécifiques ou leurs combinaisons dans la prévention des IVR sont nécessaires».Ne manquez pas: Une chercheuse étudie le cytomégalovirus chez les éducatrices de la petite enfance En 2013, un aperçu de l'utilisation des probiotiques dans la prise en charge des maladies pulmonaires a été publié dans Mediators of Inflammation. On peut y lire que «la physiologie et la pathologie des voies respiratoires et gastro-intestinales sont étroitement liées. Cette similitude entre les deux organes peut expliquer pourquoi le dysfonctionnement d'un organe peut induire une maladie dans l'autre».Les auteurs donnent en exemple le tabagisme, un facteur de risque majeur pour la BPCO et les MICI qui augmente également le risque de développer la maladie de Crohn.Les probiotiques sont capables de «moduler les systèmes immunitaires locaux et systémiques des muqueuses de l'hôte. Par exemple, les probiotiques peuvent faire évoluer le système immunitaire des muqueuses vers un modèle non inflammatoire et tolérogène en augmentant les niveaux d'IL-10», indique l'article.«Malgré cela, de nombreux aspects de la diaphonie entre les probiotiques et le système immunitaire de l'hôte sont encore inconnus», ajoutent-ilsUn aperçu plus récent des probiotiques, publié dans le Journal of Clinical Medicine, met en garde contre le fait que les probiotiques varient et peuvent ne pas convenir à certains patients.Il existe notamment des problèmes de sécurité «pour les personnes immunodéprimées, telles que les personnes atteintes du VIH/SIDA, celles qui reçoivent une chimiothérapie ou qui prennent des médicaments immunosuppresseurs à la suite d'une transplantation d'organe, les prématurés, en particulier ceux dont le poids à la naissance est extrêmement faible ou qui présentent d'autres complications médicales, les patients gravement malades, les personnes âgées présentant des comorbidités graves et les personnes âgées présentant des problèmes de santé sous-jacents importants », a indiqué le journal.

Une cuillerée de probiotiques pour faire baisser la fièvre?

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes