Une consultation sur le changement - d’un médecin à un autre

Nous entendons de plus en plus souvent parler d'épuisement professionnel, de maladie mentale et de toxicomanie chez les médecins. La plupart d'entre nous connaissent aujourd'hui des collègues médecins qui se sont suicidés. Quelque chose doit changer. Nous devons changer. Peut-être que la situation n'est pas aussi grave et que nous cherchons simplement à manger plus sainement, à faire plus d'exercice, à passer plus de temps avec notre conjoint ou nos enfants ou à nous adonner à un nouveau passe-temps. Nous recherchons le contraire de l'épuisement professionnel. Nous recherchons l'engagement, l'entrain, la vigueur et peut-être même la réalisation de soi et le bonheur. Et, pour réaliser cette quête, nous devrons probablement apporter quelques changements dans notre vie. Qu'il s'agisse de notre vie personnelle ou professionnelle, peut-être que les deux devront changer. Cet article n'a pas pour but de dresser une liste de résolutions qui ne seront pas tenues au moment où vous lirez cet article, en mars. Cette chronique a pour but d'explorer le monde du changement dans la mesure où il concerne spécifiquement les médecins. Sommes-nous à ce point uniques que nous avons besoin de nos propres principes directeurs? Eh bien... oui. Je m'explique. Nous sommes des personnes intelligentes, travailleuses et très performantes qui ont tendance à ignorer ou à différer leurs propres besoins, tout en restant à l'écoute, en faisant preuve d'empathie et en répondant aux besoins de leurs patients. Les patients d'abord. Le personnel et les collègues sont tous à égalité, en deuxième position. Peut-être aussi que les dossiers, les résultats de laboratoire, les rapports, les courriels viennent en troisième position. Oups, comment avons-nous pu oublier la famille? Elle devrait certainement figurer plus haut sur notre liste. Et les amis? Et pourquoi pas... vous? Il semble que nous soyons toujours les derniers sur la liste. Le changement est difficile. En tant que médecins, nous ne le savons que trop bien. Nous nous efforçons d'amener nos patients à modifier leurs comportements malsains, à suivre leurs propres thérapies et à se conformer à nos prescriptions. Les vieilles méthodes paternalistes du passé ne fonctionnent plus très bien. La confrontation et les ordres autoritaires ne sont généralement pas très efficaces et il est rare qu'une prise de conscience et une éducation adéquates suffisent à provoquer un changement. Par conséquent, si les approches de la «vieille école» ne fonctionnent pas avec nos patients, il est encore moins probable qu'elles fonctionnent avec nous-mêmes. Nous pouvons nous inspirer du modèle des étapes du changement. Précontemplation (pas prêt), contemplation (se préparer), action (prêt), maintien (s'y tenir) et rechute (apprendre de ses erreurs). Il s'agit sans aucun doute d'un pas en avant. Si nous comprenons où nous nous situons dans les étapes du changement, l'approche sera adaptée à cette situation et sera probablement mieux définie et plus efficace. On peut citer la hiérarchie des besoins du psychologue américain Abraham Maslow. Il s'agit d'une théorie de la motivation selon laquelle cinq catégories de besoins humains dictent le comportement d'un individu. Il s'agit des besoins physiologiques (nourriture et vêtements), de sécurité, d'amour et d'appartenance, d'estime et de réalisation de soi. Mais nous savons probablement tout cela. Et pourtant, nous continuons à lutter pour changer. Les médecins semblent avoir besoin de plus! L'entretien motivationnel est devenu un outil très utile pour gérer les comportements malsains, les dépendances et les maladies chroniques. En voici les quatre principes: Résister au réflexe de redressement Comprendre les motivations du patient Écouter avec empathie Responsabiliser le patient L'entretien motivationnel s'appuie sur les principes de collaboration/partenariat et sur l'évocation des motivations du patient, tout en respectant son autonomie. Les techniques d'entretien comprennent des questions ouvertes, des affirmations, des réflexions et des résumés. L'accent est mis sur un «plan d'action pour le changement», avec des questions sur les inconvénients du statu quo par rapport aux avantages du changement, ainsi que sur l'optimisme et l'intention de changer. Cela vous semble familier? La plupart d'entre nous utilisent ces techniques tous les jours dans leur vie clinique sans trop y penser. Si nous avons la chance d'avoir un médecin de famille, il est peu probable que nous prenions rendez-vous pour qu'il nous aide à élaborer un plan de changement. Il ne nous viendrait pas à l'idée de lui faire «perdre son temps». C'est triste, mais vrai. Nous devrions probablement nous appuyer sur eux et leur permettre d'utiliser leurs compétences en matière d'entretien motivationnel. Mais pourquoi accabler un collègue avec des problèmes qui devraient être réglés facilement par toute personne assez «intelligente» pour obtenir un diplôme de médecine? N’est-ce pas? Ce n'est pas si simple. Le changement est difficile! Je vous prescris donc des stratégies de changement spécifiques aux médecins. Elles doivent être prises tous les jours, avec un repas sain à faible teneur en glucides et après 30 minutes d'activité modérée. Commencer modestement, aller lentement (comme pour la prescription de médicaments) Il n'est pas toujours préférable de faire les choses en grand. Nous nous débattons lorsque le changement prévu est tout simplement «trop important» pour être géré en une seule fois. Nous bloquons en ayant une mentalité de «tout ou rien» ou lorsque les changements sont tout simplement trop intenses. La logique et l'émotion ne s'accordent pas toujours, car nous sommes constamment distraits par le «tourbillon» du quotidien. Nous sommes bien trop occupés et parfois nous n'avons tout simplement pas le temps. Et ce n'est pas grave. Il n'est pas nécessaire de courir un marathon, mais il faut faire les premiers pas et avancer dans la bonne direction. Ne planifiez pas trop et ne vous perdez pas dans la liste de listes Ne détestez-vous pas les patients qui arrivent avec une longue liste de questions et de préoccupations? Eh bien, ne vous infligez pas cela! Contrairement à l'attention méticuleuse que notre profession nous demande d'apporter aux détails, il arrive que, pour nous, le moins soit le mieux. Si nos plans sont trop vagues et comportent trop de variables confusionnelles, le médecin trop intelligent qui sommeille en nous prend le dessus. Les petits changements graduels ne viennent parfois que d'actions ennuyeuses et répétitives. Un objectif énoncé simplement n'est pas toujours synonyme de «trop facile». Il est difficile de percer notre épaisse boîte crânienne de type A, qui est trop exigeante. Soyez indulgent avec vous-même; la maîtrise de soi est épuisante Nous sommes physiquement et mentalement épuisés dans les meilleurs moments. Nos responsabilités quotidiennes interminables nous obligent à jongler avec nos engagements personnels et familiaux, et avec les défis incessants que représente la gestion d'un cabinet médical très actif. Un vrai changement, c'est du travail en plus, ajoutez-le à la pile. Fixez-vous donc des objectifs que vous pouvez atteindre chaque jour et continuez à travailler pour faire en sorte que la pile soit aussi petite que possible. La plupart des jours. Vous n'avez pas besoin d'obtenir 100% pour réussir. L'échec fait partie du processus de réussite Il faut donc s'y habituer. La peur de l'échec nous empêche de procéder aux changements dont nous savons que nous avons le plus besoin. Ne la laissez pas empêcher le processus de démarrer. Dans nos carrières médicales, nous sommes soumis aux normes les plus strictes et devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour ne jamais commettre d'erreur. Nous ne pouvons pas nous astreindre à cette norme inaccessible dans notre propre vie. Je crains que cette maxime ne soit truffée de nombreux clichés, alors je m'arrête! Cessez les blâmes, prenez vos responsabilités Nous pouvons pester contre l'incompétence des gouvernements fédéral et provinciaux. Nous pouvons nous en prendre à nos autorités sanitaires locales pour leurs mauvaises décisions. Nous pouvons nous plaindre de nos longues listes de patients, de nos patients difficiles, de notre DME. Nous pouvons blâmer tout et tout le monde pour notre malheur et notre incapacité à faire de «vrais changements» dans notre vie. C'est facile! Ou nous pouvons prendre la responsabilité de notre propre vie. Regardons-nous dans le miroir et prenons en charge ce qui est sous notre contrôle. Dans ce scénario, nous ne pouvons pas nous inquiéter de la façon dont les autres peuvent nous juger, sous-estimer ou surestimer nos actions. C'est difficile à faire, mais nous devons l'assumer avec audace... Vous n'êtes pas obligé de le faire seul Recherchez des soutiens. Explorez et utilisez les ressources. Lisez et apprenez, motivez-vous. Appuyez-vous sur vos collègues et prenez exemple sur les personnes les plus saines et les plus heureuses. Parlez-en à votre partenaire, à vos enfants, à vos amis. Nous avons tellement l'habitude de donner des conseils qu'il est libérateur de demander l'avis et la sagesse de quelqu'un d'autre sur le changement. Cette prescription est valide pendant 90 jours et peut être renouvelée à l'infini Ne la perdez pas! Écoutez les conseils du pharmacien, mais qu'il soit bien clair qu'il n'y a pas de substitut générique.

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