Un traitement au syndrome de l’hubris: Écouter pour mieux agir!

Monsieur Dubé, Ce qui transparaît de vos propos, c’est votre méconnaissance du travail du médecin de famille aux prises avec des patients de plus en plus âgés, avec plus de pathologies lourdes, complexes, des enjeux psychosociaux, qui rebondissent dans les bureaux des omnipraticiens, incapables d’avoir accès aux examens radiologiques, aux soins spécialisés et même aux examens de laboratoire dans des délais raisonnables. Et que dire de l’absence de soins psychologiques gratuits. Vous appliquez comme un comptable des solutions mathématiques, alors que les médecins ont affaire à des humains souffrant de problèmes physiques et psychologiques. Nous ne pouvons fractionner le patient en morceaux pour ne régler qu’un problème à la fois, nous ne pouvons soustraire certains enjeux pour réduire le temps par patient. Nous ne sommes pas dans une logique comptable, mais humaine. Giuliano Da Empoli, dans son dernier livre L’heure des prédateurs, décrit bien les trois étapes par lesquelles passent les dirigeants politiques. «Dans un premier temps, lorsqu’ils prennent le pouvoir, ils sont à l’écoute, ils savent qu’ils ne savent pas, ils essaient de comprendre. Au bout d’un certain temps, il sont convaincus qu’ils ont accumulé suffisamment d’expérience, ils en savent assez pour s’imaginer qu’ils ont tout compris. C’est la phase la plus risquée, celle de l’hubris (sentiment d'orgueil qui pousse à la démesure): vous n’avez plus envie d’écouter les autres, vous êtes le patron, qui en sait plus que vous? Seuls quelques-uns atteignent la dernière étape, celle de la maturité où l’on se rend compte que son expérience et ses connaissances politiques ne suffisent pas et où l’on recommence à écouter les autres. La plupart des leaders n’y parviennent jamais». Vous devez écouter ceux qui sont au cœur du système médical et non les dénigrer. Vous devriez être imputable des conséquences de votre détermination aveugle. VOTRE PERFORMANCE devrait être calculée. Votre bilan risque fort d’être négatif: désintérêt des plus jeunes à choisir la médecine familiale, départ prématuré des plus vieux médecins et la flamme pour tout travail qui a tendance à s’éroder par ce climat délétère, par ce mépris incessant. Pour les solutions, nombreuses sont celles apportées par les médecins et d’autres corps professionnels, mais c’est tellement plus facile de chercher une cible et de la démoniser. Cette rupture dans un échange qui pourrait être constructif et respectueux ne peut mener qu’à un échec. Est-ce dans la confrontation, M Dubé que vous réglez vos différends avec vos enfants, vos proches, vos collègues? Nous vous tendons la main, prenez-la. Ce sera gagnant pour tous et avant tout pour nos patients, vos électeurs. Dre Sylvie Dufresne est médecin de famille à Verdun.

Un traitement au syndrome de l’hubris: Écouter pour mieux agir!

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