Un patient atteint d'un cancer sur trois se rend aux urgences dans les 90 jours précédant le diagnostic

Une nouvelle étude révèle que dans les mois précédant le diagnostic, environ un patient atteint d'un cancer sur trois se retrouve aux urgences.La recherche, publiée lundi dans le JAMC, a examiné les données de plus de 650 000 patients ontariens ayant reçu un diagnostic de cancer entre 2014 et 2021. Parmi eux, 35,3% s'étaient rendus au moins une fois dans un service d'urgence dans les 90 jours précédant leur diagnostic de cancer. En outre, un peu plus de la moitié d’entre eux (51,4%) ont été admis à l'hôpital à la suite de leur plus récente visite.À lire aussi: Des mois d'attente, mais des patients cancéreux satisfaits du système de santéParmi les patients ayant visité un service d'urgence, 77,9% l'ont fait dans les 30 jours précédant le diagnostic, tandis que 13,3% l'ont fait entre 31 et 60 jours plus tôt. Seulement 8,8% de ces patients se sont rendus aux urgences entre 61 et 90 jours avant le diagnostic.La plupart des patients (64%) n'ont effectué qu'une seule visite aux urgences avant leur diagnostic de cancer, mais 23% d'entre eux ont fait deux visites et 13% s'y sont rendus trois fois ou plus.«Les services d'urgence ne sont pas l'environnement idéal pour prendre en charge les patients chez qui l'on soupçonne un diagnostic de cancer. Ils sont régulièrement surchargés et offrent peu d'intimité. La réception d'un diagnostic de cancer potentiel dans ce contexte a été décrite par les patients comme pénible», écrivent les auteurs.Les raisons les plus fréquentes de leurs visites aux urgences étaient liées au cancer sous-jacent. Par exemple, les patients atteints d'un cancer colorectal se présentaient aux urgences avec une obstruction et des douleurs abdominales, tandis que les patients souffrant d'un cancer gastro-œsophagien recevaient un diagnostic de saignements gastro-intestinaux ou de dysphagie. «En outre, les patients atteints de cancers qui peuvent initialement se présenter par des symptômes vagues – tels que les cancers du pancréas, du foie ou du thorax – avaient également une forte probabilité d’avoir recours aux services d'urgence avant le diagnostic. Il est nécessaire de mener d’autres travaux sur la manière d'identifier ces cancers à un stade précoce», écrivent les auteurs.À lire aussi: Cancérologie: Québec veut mettre l'accent sur le dépistage et l'accès aux traitementsLes patients plus âgés, de statut socio-économique moins élevé et originaires de zones rurales ou nordiques étaient surreprésentés parmi ceux qui s'étaient rendus aux urgences avant le diagnostic de leur cancer. Les auteurs suggèrent que des problèmes systémiques tels que le manque d'accès à d'autres types de soins, ainsi qu'une participation plus faible aux programmes de dépistage, pourraient expliquer pourquoi ces groupes de population utilisent davantage les services d'urgence.«Le manque d'accès aux soins ambulatoires peut conduire ces patients à recourir de manière disproportionnée aux services d'urgence pour leurs besoins de santé, ou à retarder les soins et à se présenter aux services d'urgence une fois que leur cancer est devenu symptomatique, nécessitant une attention médicale aiguë», soulignent les auteurs.Les comorbidités, l'existence de plusieurs cancers et le fait d'avoir été diagnostiqué pendant la pandémie de COVID-19 sont également des facteurs associés à un recours plus important aux services d'urgence. Selon les chercheurs, il faut poursuivre les recherches pour comprendre pourquoi certains groupes de patients se rendent plus souvent à l’urgence, et assurer un accès équitable à des examens diagnostiques fiables dans les services d'urgence.

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