Un médecin de famille avec 4500 patients

Ancienne médecin de famille et ministre fédérale, chargée par le premier ministre Doug Ford de remédier à la pénurie d’omnipraticiens, la Dre Philpott a une tâche immense à accomplir. Plus de six millions de Canadiens n'ont pas de médecin de famille.La praticienne souhaite que les médecins de famille ontariens travaillent en équipe pour prendre en charge un plus grand nombre de patients et éviter les patients orphelins. Il faut savoir que le médecin de famille canadien moyen a 1500 patients.Actuellement, plus de deux millions d'Ontariens n'ont pas de médecin de famille, et la situation s'aggrave avec le départ à la retraite des médecins de la génération baby-boom dont la patientèle est importante et âgée. Le médecin le plus âgé de cette génération a aujourd’hui 78 ans. J'en ai 77 et j'ai pris ma retraite il y a un an.La Dre Philpott recommande que, tout comme les enfants qui déménagent dans un nouveau district scolaire ont toujours une école où aller, les patients puissent s'inscrire dans une clinique de médecine familiale. Ils n'auront plus à faire la queue dans les cliniques sans rendez-vous ou à se rendre aux urgences pour des visites non urgentes.À lire aussi: Choyez les vieux docteurs au lieu de les écoeurerRécemment, à Walkerton (Ontario), une petite ville située près de London, des centaines de personnes ont fait la queue à deux heures du matin, par une froide nuit de janvier, pour s'inscrire dans le cabinet d'un nouveau médecin de famille.Les cliniques sans rendez-vous n'acceptent généralement qu'une seule condition et proposent un médecin différent à chaque fois. Les patients âgés ou ceux qui souffrent de problèmes multiples ou de maladies chroniques ne bénéficient pas de soins holistiques. J'ai moi-même travaillé dans une clinique sans rendez-vous.Pendant ce temps, les urgences sont submergées de personnes qui ne sont pas dans des situations d’urgence, mais qui n'ont pas d'autre endroit où aller. J'ai été médecin urgentiste pendant 20 ans. Les urgentistes ne gèrent tout simplement pas les maladies chroniques.De leur côté, les spécialistes ont des listes d'attente à rallonge et ne peuvent pas prodiguer de soins primaires. Aux États-Unis, il y a davantage de spécialistes, mais ils font beaucoup de soins primaires, comme les frottis réalisés par les gynécologues, et les soins primaires pédiatriques réalisés par les pédiatres et les internistes.Je me suis entretenu avec le Dr O'Mahony, un médecin de famille qui compte 4500 patients à Sarnia, en Ontario. Son système fonctionne comme suit. Une infirmière est présente de 9h à 5h en semaine dans chaque salle d'examen. L'infirmière fait venir le patient de la salle d'attente principale, l’interroge sur ses antécédents, prend ses signes vitaux et saisit le tout dans le dossier médical électronique. Elle s'occupe de toute la paperasserie pour le patient, comme l'examen des résultats de laboratoire, d'imagerie et des notes de consultation, et remplit tous les formulaires des employeurs, du gouvernement, des avocats et des compagnies d'assurance sous la supervision du Dr O'Mahony, avant que ce dernier ne les signe.Le médecin entre ensuite dans le cabinet et passe tout en revue, effectue un bilan de santé ciblé et indique au patient et à l'infirmière ses projets: laboratoire, imagerie, référencement vers un spécialiste, prescription, régime alimentaire, exercice physique, etc. L'infirmière inscrit ces informations dans le dossier. Le Dr O'Mahony ne fait que son travail de médecin. Il ne fait pas celui de l'infirmière ni de l'administrateur. J'ai creusé un peu plus, en lui posant des questions sur la manière dont il s'y prend pour que ça fonctionne.Y a-t-il des inconvénients à ce système?Le principal inconvénient est que j'ai un grand nombre de patients. Cela implique une grande responsabilité dans la gestion des résultats de laboratoire anormaux, des références, etc. Cela est d'autant plus difficile que, dans ma région, nous avons un accès limité aux spécialistes qui pourraient accepter nos patients dans un rayon de 30 km. Sarnia ne compte que deux chirurgiens généralistes, alors que nous en avions cinq auparavant. Les délais d'attente en ORL et en neurologie sont d'un an et, bien sûr, la difficulté d'accès aux services de santé mentale est un problème comme dans le reste du Canada. À lire aussi: Chers patients, veuillez respecter la limite par rendez-vousJ'ai dû réduire ma pratique de médecin hospitalier auprès des nouveau-nés et à l'obstétrique, car ma liste de patients hospitalisés devenait parfois aussi importante que celle d'un médecin hospitalier à temps plein. Il m’est devenu presque impossible de commencer ma journée en faisant le tour de 10 patients hospitalisés en phase aiguë, alors j'ai dû y renoncer. J'ai construit mon espace sur mesure pour ma liste de 4500 patients avec ce que nous appelons notre «bullpen», c'est-à-dire la réception, et j'ai six salles d'examen. Que se passe-t-il si vous êtes absent ou malade?J'ai une excellente infirmière praticienne et une excellente équipe de médecins auxiliaires composée des infirmières auxiliaires et des administrateurs médicaux. Ils sont en mesure de trier une grande partie du travail pendant mon absence. Comme c'est dans ma nature, je fais régulièrement le point avec eux et je m’occupe des résultats de laboratoire. Le plus gros problème, c’est le retour de vacances. Il faut un jour ou deux pour rattraper le retard.Est-ce stressant pour vous?La seule chose que je trouve stressante en médecine familiale, c'est de prendre du retard dans mon emploi du temps, ce qui peut facilement arriver lorsque vous gérez cinq salles de consultation et que vous avez une visite inattendue ou prolongée avec un patient. Cela dit, j'ai des rendez-vous le jour même et je refuse rarement des patients qui doivent être vus le jour même. Les patients sont conscients des délais d'attente; je laisse un chronomètre dans la salle d'attente pour qu'ils sachent si je suis en retard et pour combien de temps. La gestion de ces attentes nous soulage, mon personnel et moi-même.S'agit-il d'une médecine à la chaîne?Pas du tout. N'oubliez pas que les consultations avec les patients durent de 15 à 20 minutes. Les dix premières minutes, avant que je n'arrive, sont passées avec mes infirmières auxiliaires. Lorsque je dois passer plus de temps avec eux, je le fais. Les patients sont heureux de sortir rapidement et ils savent que je prendrai le temps qu'il faut. Qu'en pensent les patients? Ce n'est pas pour tout le monde. Environ 90% de mes patients apprécient ce que mon équipe fait pour eux et l'accès que nous leur offrons. Je le répète, notre cabinet est rarement fermé. Nous sommes ouverts cinq jours par semaine et nous avons des places d'urgence tous les jours, surtout grâce à mon infirmière praticienne qui peut voir 20 patients par jour. Une infirmière auxiliaire diplômée travaille également à plein temps dans sa salle d'examen, où elle rédige des notes et participe aux tâches administratives.Et vous, que pensez-vous de ce système? Commentez ci-dessous ou envoyez-moi un courriel à l'adresse drjohncrosby@rogers.com. Mon site web sur l'efficacité des bureaux est www.countryquack.com. Cet entretien a été édité pour des raisons de longueur et de clarté.

Un médecin de famille avec 4500 patients

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes