Un mauvais odorat serait un marqueur de risque de mortalité chez les personnes âgées

Les troubles olfactifs sont un marqueur du risque de mortalité chez les personnes âgées, le risque le plus élevé étant associé à la mortalité neurodégénérative, selon une étude menée en Suède.Bien que des publications antérieures aient également établi un lien entre l'odorat et le risque de mortalité, cette nouvelle étude élargit la recherche existante en identifiant des «médiateurs», notamment la démence et la fragilité, qui contribuent à expliquer cette association, selon un communiqué.L'odorat peut être lié à la mortalité par de multiples mécanismes, expliquent les auteurs de l'étude1, publiée dans le JAMA Otolaryngology-Head and Neck Surgery. De façon directe, les déficits olfactifs peuvent nuire à la capacité d'une personne à détecter des dangers comme des aliments avariés ou du gaz naturel, bien que les décès dus à de tels incidents soient rares. De façon indirecte, un mauvais odorat peut être un marqueur de conditions sous-jacentes, y compris la neurodégénérescence.À lire aussi: Vous avez entendu parler de la COVID longue, mais qu'en est-il du rhume long?«La déficience olfactive est étroitement associée aux maladies d'Alzheimer et de Parkinson, avec des changements neuropathologiques précoces observés dans les régions du cerveau qui supportent le système olfactif», écrivent les auteurs.Les déficits olfactifs peuvent également être le signe d'une «inflammation systémique accrue, d'une plasticité neuronale réduite et d'une capacité de réparation diminuée, contribuant à la fragilité et au déclin de la fonction physique, ainsi qu'à une vulnérabilité accrue aux maladies et aux accidents», poursuivent-ils, en ajoutant que «cela peut aussi augmenter indirectement le risque de mortalité en modifiant les comportements alimentaires, ce qui conduit à la malnutrition».Il est probable que ces mécanismes interagissent, ce qui signifie que la déficience olfactive est potentiellement à la fois un facteur et un marqueur du risque de mortalité, selon l'étude.Passer le test de l'odeur: conception de l'étude et résultatsL'étude de cohorte longitudinale a analysé les données de l'étude nationale suédoise sur le vieillissement et les soins à Kungsholmen. Elle a rassemblé plus de 2500 participants dont l'âge moyen était de 72 ans au début de l'étude. Les évaluations de base, qui excluaient les patients atteints de démence connue, ont eu lieu entre mars 2001 et août 2004. Les participants ont été suivis après six et douze ans. L'analyse des données a eu lieu entre février 2024 et juillet 2024.Les évaluations de base ont mesuré les capacités olfactives des participants à l'aide d'un «test d'identification des odeurs» en 16 items. Les odeurs comprenaient le citron, l'ail et le café. En fonction de leurs réponses, les participants ont été classés comme anosmiques (zéro à six réponses correctes), hyposmiques (sept à dix réponses correctes) ou normosmiques (11 à 16 réponses correctes).Les chercheurs ont constaté que chaque mauvaise réponse au test était associée à une augmentation du risque de mortalité d'environ 6% à six ans et de 5% à 12 ans. Lors des deux suivis, le groupe anosmique présentait un risque de mortalité supérieur de près de 70% à celui du groupe normosmique.À lire aussi: À la recherche de l’odorat perduEn ce qui concerne les causes spécifiques de décès associées à un mauvais odorat, le risque le plus élevé concernait les décès d'origine neurodégénérative, suivis par les décès d'origine respiratoire et cardiovasculaire. Les déficits olfactifs n'ont pas été associés à la mortalité par cancer ou à d'autres causes.Après six ans de suivi, la démence, la fragilité et la malnutrition étaient des «médiateurs clés de l'association olfaction-mortalité». La démence représentait 23% de cette association, «ce qui en fait le médiateur le plus important de la mortalité toutes causes confondues». Cependant, au bout de 12 ans, la démence ne représentait plus que 6% de l'association. «Vous avez différents types de progression de la maladie, et je pense que quelqu'un dans le suivi de 12 ans, vous incluez encore les survivants qui ont une progression très lente de la maladie et leur démence n'a plus vraiment d'importance [pour l'association olfaction-mortalité]», explique l'auteure principale de l’étude, Ingrid Ekström, dans le communiqué. «Il s'agit davantage de facteurs tels que la fragilité.»Implications cliniques: les arguments en faveur d'un dépistage olfactif systématiqueEn plus d'être associé à des pathologies sous-jacentes, un mauvais sens de l'odorat peut être un problème de sécurité qui augmente le risque de mortalité, par exemple lorsqu'une personne ne peut pas sentir le gaz naturel ou la fumée.Dans certains cas, les déficits olfactifs peuvent être «facilement devinés», selon le communiqué citant Ingrid Ekström. Par exemple, si un patient présente des signes de malnutrition, il est judicieux de l'interroger sur son odorat. Cependant, les patients ne se rendent pas toujours compte que leur odorat est compromis, ajoute la chercheuse.Une solution potentielle consiste à mettre en œuvre des pratiques de dépistage olfactif similaires aux évaluations de routine de la vision ou de l'audition selon elle. Ces dépistages devraient commencer tôt dans la vie. «Si nous commençons à examiner l'olfaction uniquement chez les personnes âgées, nous ne savons pas vraiment s'il s'agit d'une déficience liée à l'âge ou d'une déficience qui dure toute la vie», conclut Ingrid Ekström.Référence:Ruane R, Lampert O, Larsson M, Vetrano DL, Laukka EJ, Ekström I. Olfactory Deficits and Mortality in Older Adults. JAMA Otolaryngol Head Neck Surg. 2025;151(6):558–566. doi:10.1001/jamaoto.2025.0174

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