Un GAMF pour les médecins de famille du Sud-Ouest

L’idée a germé au printemps dernier, lors du dernier congrès des membres de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ). Plus précisément, au cours d’un atelier animé par deux médecins-conseils du Programme d’aide aux médecins du Québec (PAMQ). «Elles ont rapporté les résultats du sondage réalisé en 2021 par l’AMC [Association médicale canadienne] qui montraient que 79% des médecins canadiens avaient un médecin de famille régulier, mais que ce chiffre tombait à 35% au Québec. Ça m’a vraiment interpellé», se souvient le Dr Sylvain Dufresne.Le président de l’Association des médecins omnipraticiens du Sud-Ouest (AMOSO) s’est alors demandé comment encourager les médecins à se faire soigner correctement. «Souvent, ils n’osent pas demander. Et quand ils ont besoin de soins de santé, ils accrochent un collègue sur un bout de comptoir. Mais ce n’est pas une bonne façon de pratiquer», observe le Dr Dufresne qui s’est aussi demandé comment chercher des omnipraticiens pour en soigner d’autres. D’où l’idée de créer une sorte de guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF) réservé aux omnipraticiens de la région de Vaudreuil-Soulanges, Salaberry-de-Valleyfield, Beauharnois et du Haut-Saint-Laurent. Sa pertinence a été confirmée grâce à un sondage maison effectué au début de l’été, auprès des 350 membres de l’AMOSO. Environ 80 y ont répondu. La moitié ont déclaré qu’ils n’ont pas de médecin traitant et, parmi ceux-ci, «80% ont signalé qu’il voulait en avoir un. Plusieurs ont également signalé qu’ils voulaient se rendre disponibles pour prendre en charge des collègues», signale le Dr Dufresne. Des résultats qui ont convaincu le conseil d’administration (CA) de l’AMOSO qu’il fallait faire quelque chose pour ces omnipraticiens orphelins. Dans les prochaines semaines, un GAMF «spécial omnis» va ainsi voir le jour sous la forme d’un site web via lequel les intéressés pourront s’inscrire en indiquant s’ils ont besoin d’un médecin traitant au sein leur réseau local de services (RLS) ou dans un autre. Ils pourront également mentionner s’ils sont disponibles pour suivre des pairs.Déculpabiliser les cliniciens«Si on arrive à mieux soigner les médecins, on va améliorer leur bien-être. Par ricochet, cela sera bénéfique pour la population», souligne le président de l’AMOSO qui entend enlever à ses pairs la culpabilité d’être malade. «On compte y aller graduellement, poursuit-il. Au début, on va offrir ce service-là aux médecins de famille. Si on peut, on va l’élargir à leur famille proche et aussi aux médecins spécialistes.»Un tel service existe déjà dans la région de Laurentides-Lanaudière, ainsi que depuis sept ou huit ans à Laval, et dont le Dr Dufresne dit s’être inspiré. «Au départ, on a sollicité nos membres via notre infolettre et lors de nos assemblées générales. On a ainsi pu former une banque d’une dizaine d’omnipraticiens disponibles pour prendre en charge des collègues. Beaucoup sont des membres du CA», indique le président de l’Association des médecins omnipraticiens de Laval (AMOL), le Dr Jean Rivest. Quand un omnipraticien ou un médecin spécialiste veut se trouver un médecin de famille, il n’a qu’à envoyer un courriel à l’AMOL qui se charge de relayer sa demande.«Ça reste un service apprécié, même si on ne reçoit que quatre à cinq demandes par an», mentionne le Dr Rivest. «Souvent, les gens se débrouillent par bouche-à-oreille ou ils préfèrent s’arranger entre collègues, au sein de leur clinique. Mais ce n’est pas idéal et on n’encourage pas ça. Dans le cas d’une dépression ou d’un burnout par exemple, c’est un peu délicat, il y a la crainte du jugement», ajoute-t-il.

Un GAMF pour les médecins de famille du Sud-Ouest

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