Troubles liés à l’utilisation de stimulants: des experts préconisent la prescription de psychostimulants

Les intoxications dues à des drogues non réglementées sont en augmentation au Canada. Bien que les opioïdes synthétiques (par exemple, le fentanyl) soient la principale cause, l'utilisation de stimulants - en particulier la méthamphétamine - est également en hausse; un stimulant ayant été détecté dans près de la moitié des décès dus aux opioïdes au Canada en 2022.1 Un médecin de Colombie-Britannique travaillant dans le domaine de la toxicomanie note que l'accumulation de preuves soutient le traitement du trouble lié à l'usage de stimulants par des psychostimulants prescrits. Cependant, aucun traitement pharmacologique du trouble lié à l'usage de stimulants n'est actuellement approuvé au Canada. Les psychostimulants prescrits peuvent aider à gérer les états de manque et les symptômes de sevrage chez les patients souffrant de troubles liés à l'usage de stimulants, l'objectif global étant de favoriser une réduction de l'usage illégal de stimulants.1 En 2020, la ministre fédérale canadienne de la santé a adressé une lettre aux ministres provinciaux et territoriaux de la santé et aux organismes de réglementation afin d'encourager l'accès à des alternatives pharmaceutiques plus sûres que les drogues illicites, contaminées. Toutefois, à ce jour, la Colombie-Britannique est la seule province à avoir publié une directive sur une politique d'approvisionnement plus sûre, comprenant des conseils pour la prescription de psychostimulants aux personnes présentant un risque de surdose. Au cours de sa première année de mise en œuvre dans cette province, des psychostimulants ont été prescrits à 1220 personnes, ce qui représente moins de 3% des personnes souffrant de troubles liés à l'utilisation de stimulants.1 Une étude systématique récente portant sur 2889 patients a montré que les psychostimulants prescrits (amphétamines ou méthylphénidate) constituent une intervention sûre et efficace dans les cas de troubles liés à l'utilisation de stimulants. Ces agents sont particulièrement utiles dans le traitement de la dépendance à la cocaïne, et lorsqu'ils étaient prescrits à des doses ≥ 60 mg/jour. La prescription de psychostimulants a permis de réduire la consommation de stimulants illégaux, d'améliorer la santé physique et mentale, ainsi que la concentration et l'attention des patients souffrant de troubles concomitants du déficit de l'attention et de l’hyperactivité.1 Ainsi, le médecin britanno-colombien estime que ces données appuient la prescription de psychostimulants à des patients souffrant de troubles liés à l'utilisation de stimulants, en particulier ceux qui souffrent de troubles déficitaires de l'attention/hyperactivité. Les psychostimulants prescrits pourraient être proposés avec des interventions non pharmacologiques (par exemple, la gestion des contingences) afin d'offrir aux patients une gamme complète d'options de traitement dans le cadre d'un continuum de soins.1 En Colombie-Britannique, les psychostimulants sont le plus souvent prescrits par des médecins qui soignent des patients souffrant de troubles liés à l'utilisation de substances. Les médicaments sont délivrés quotidiennement dans les pharmacies communautaires, afin de promouvoir la sécurité. Néanmoins, les visites quotidiennes en pharmacie peuvent constituer un obstacle à l'accès aux psychostimulants prescrits; c'est pourquoi il a été proposé de les doser à domicile (comme c'est le cas pour les traitements par agonistes opioïdes).1 Le détournement des psychostimulants prescrits peut être réduit en établissant des protocoles standardisés, notamment en attendant que le patient ait atteint une dose optimale, en surveillant régulièrement les effets indésirables pour confirmer l'adéquation du médicament et en procédant à des dépistages urinaires pour contrôler la présence du médicament. Il peut s'avérer nécessaire de rétablir le dosage en présence d'un témoin dans les cas où le patient ne prend pas le médicament comme indiqué ou lorsque de nouveaux effets indésirables apparaissent.1 Le médecin britanno-colombien suggère que les programmes de traitement de la toxicomanie établissent des protocoles pour intégrer systématiquement les psychostimulants prescrits dans la gamme des interventions proposées aux patients souffrant de troubles liés à l'usage de stimulants. Une utilisation plus large des psychostimulants prescrits pour traiter les troubles liés à l'usage de stimulants au Canada aiderait les patients à réduire les intoxications dues à l'usage de stimulants illégaux.1 Référence 1. Palis H, MacDonald S. Incorporating prescription psychostimulants into the continuum of care for people with stimulant use disorder in Canada. CMAJ July 17, 2023;195:E934-5. (consulté le 20 juillet 2023).

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