«Thank you for the good time»: le Dr Allan B. Climan écope d’une radiation

Le Dr Allan B. Climan est familier avec le syndic du Collège des médecins du Québec (CMQ). Depuis l’obtention de son permis en 1981, l’obstétricien-gynécologue a fait l’objet d’une dizaine d’enquêtes pour différents motifs, dont deux sont toujours en cours. En 2019, l’une d’elles a conduit à sa condamnation pour des propos sexuels déplacés qui lui ont valu une radiation de deux ans. De retour à la pratique, le médecin a récidivé en déclarant à une patiente «Thank you for the good time» [Merci pour le bon moment] après un examen gynécologique anormalement long.Fait rarissime, le Conseil de discipline du Collège n’a pas attendu de statuer sur ces nouveaux propos à connotation sexuelle pour le radier immédiatement, à titre provisoire. Un arbitrage qui revêtait alors «un caractère d’urgence et (nécessitait) d’agir avec diligence», justifiaient ses pairs dans une décision rendue en juillet 2022.Finalement reconnu coupable en janvier dernier pour ses paroles de «nature sexuelle non sollicités» qui outrepassent la relation professionnelle, le Dr Allan B. Climan vient de connaître sa sanction: il est radié pour une durée totale de quatre ans et devra s’acquitter d’une amende de 2500$. Comme sa période de radiation a débuté en juillet 2022, il lui reste donc deux ans et sept mois à purger.L’avocate du médecin plaidait pour une radiation temporaire de 12 mois, accompagnée d’une amende de 2500$, tandis que le syndic du CMQ a requis qu’il soit radié pour sept ans avec une amende de 7500$. Le Conseil a statué que le comportement du Dr Climan «n’atteint pas un degré de gravité visé par une radiation minimale de cinq ans prévue par l’article 156 du Code des professions».En dépit de la «gravité objective» de sa conduite qui «porte ombrage à l’ensemble de la profession», le Conseil souligne qu’il «n’est pas en présence de relations sexuelles ou intimes, ni de gestes à caractère sexuel à l’endroit de sa patiente». Au regard de la jurisprudence, il estime donc que la radiation de sept ans demandée par le syndic «serait punitive à l’égard du Dr Climan, ce qui n’est pas le but du droit disciplinaire». À l’inverse, les 12 mois de radiation proposés par le gynécologue, «pour une infraction aussi grave, lancerai(en)t un message négatif au sein de la profession et risquerait de banaliser des manquements à des devoirs qui sont au cœur de l’exercice même de la profession de médecin».Entre une sanction «trop sévère» et une autre «beaucoup trop clémente», le Conseil a tranché. Il juge ainsi que «les propos abusifs à caractère sexuel prononcés par le Dr Climan à l’endroit de sa patiente justifient l’imposition d’une radiation temporaire de quatre ans et d’une amende de 2500$».Introspection absenteS’agissant du risque de récidive, ses pairs considèrent qu’ils ne peuvent complètement l’écarter. Ils constatent que l’obstétricien-gynécologue «semble beaucoup plus préoccupé par les impacts que ses gestes auront sur sa carrière que sur les conséquences potentielles (qu’ils) ont eues sur ses patientes». En outre, il «démontre peu d’éléments de réhabilitation». En janvier dernier, le médecin a aussi été reconnu coupable d’avoir dérogé à la limitation d'exercice que lui avait imposée le CMQ à l’issue de sa première radiation, prononcée en 2019. Le médecin ne devait effectuer d’examen gynécologique qu’en présence d’un «chaperon» de sexe féminin. Quelques heures après l’avoir remerciée «pour le bon moment» qu’il venait de passer avec elle, en présence d’une infirmière, le clinicien a pratiqué un nouvel examen gynécologique sur sa patiente en travail sans être dûment accompagné. «En faisant fi de la limitation d’exercice qui lui était imposée, le Dr Climan a compromis la protection du public et, plus particulièrement, celle de sa patiente», affirme le Conseil qui, sous ce chef d’inculpation-là, lui impose une radiation de deux ans, à purger simultanément. Enfin, le médecin est également condamné à une amende de 5000$, car il n’a pas inscrit au dossier de sa patiente le suivi qu’il a effectué le soir en question ni les examens qu’elle a subis. «Il s’agit là d’une infraction sérieuse, puisque la tenue de dossiers constitue un élément fondamental à la pratique de tout professionnel dans le domaine de la santé», rappelle le Conseil. «Des notes incomplètes ou absentes du dossier, comme c’est le cas en l’espèce, ne permettent pas d’assurer un suivi adéquat des besoins de la patiente.»

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