TDAH: la prise de médicaments pendant la grossesse présente-t-elle un risque pour l’enfant?

Le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est le trouble neurodéveloppemental le plus répandu, affectant les individus tout au long de leur vie. On estime que 0,8 à 1% des femmes enceintes se voient aujourd’hui prescrire des médicaments contre le TDAH, ce qui en fait l'une des catégories les plus couramment utilisées pendant la grossesse. Plusieurs études se sont intéressées aux effets à court terme d’une exposition in utero aux médicaments contre le TDAH chez les enfants, y compris les malformations congénitales et les résultats indésirables liés au travail et à l'accouchement. Cependant, les résultats à long terme chez les enfants ont reçu moins d'attention. Il n'existe présentement aucunes lignes directrices spécifiques concernant l'utilisation de tout type de médicament contre le TDAH pendant la grossesse, principalement en raison de l'insuffisance des données probantes concernant les risques et les bénéfices de ces médicaments. De nombreuses femmes enceintes cessent d'utiliser des médicaments contre le TDAH en raison de l'insuffisance des données sur la sécurité à long terme chez les enfants après une exposition aux médicaments contre le TDAH pendant la grossesse.À lire aussi: TDAH: la prise d’acétaminophène pendant la grossesse associée à un risque accru chez l’enfantAfin d'élargir les connaissances dans ce domaine, des chercheurs suédois ont mené une étude et réalisé une méta-analyse pour examiner l'association entre l'exposition in utero aux médicaments contre le TDAH et les troubles du développement neurologique chez la progéniture.L'étude de cohorte populationnelle a identifié 861 650 enfants nés de 572 731 mères entre 2008 et 2017, issus des registres suédois. Les chercheurs ont examiné l'exposition in utero au méthylphénidate, aux amphétamines et à l'atomoxétine (séparément et ensemble), ainsi que le risque de troubles neurodéveloppementaux chez les enfants. Ceux exposés aux médicaments contre le TDAH pendant la grossesse ont été comparés aux enfants dont les mères avaient cessé de prendre des médicaments contre le TDAH avant la conception. Les principaux résultats étaient tout trouble neurodéveloppemental, y compris le TDAH et les troubles du spectre autistique (TSA). Le modèle de régression à risques proportionnels de Cox a permis d'estimer les rapports de risque (HR), afin d'ajuster les facteurs psychiatriques et sociodémographiques de la mère. Les analyses de sensibilité comprenaient des stratifications selon le type de médicament, le moment et la durée de l'exposition, ainsi que des comparaisons entre frères et sœurs. Une méta-analyse a également été réalisée en combinant les données de la présente étude avec celles d'une étude danoise antérieure. Les résultats sont les suivants:L'étude a porté sur 861 650 enfants nés vivants; 2257 (0,3%) ont été exposés à des médicaments contre le TDAH pendant la grossesse, dont 2100 enfants dont les mères ont continué à prendre des médicaments contre le TDAH et 157 qui ont commencé à prendre des médicaments contre le TDAH pendant la grossesse;Au total, 3917 (0,5%) enfants sont nés de mères ayant cessé de prendre des médicaments contre le TDAH avant la grossesse; ces enfants constituent le groupe de référence;Le type de médicaments contre le TDAH administrés était similaire entre les mères du groupe de référence et celles du groupe exposé.Au cours d'une période de suivi d'environ sept ans, lorsque les enfants du groupe exposé ont été comparés aux enfants du groupe d'interruption (référence), aucune augmentation du risque n'a été observée pour:- tout trouble du développement neurologique (HR ajusté 0,95, 95% CI 0,82-1,11)- TDAH (HR ajusté 0,92, IC à 95% 0,78-1,08);- TSA (HR ajusté 0,86, IC à 95% 0,63-1,18);Les analyses de sensibilité ont montré des schémas cohérents d'absence d'augmentation des risques en fonction des différentes durées d'exposition, du type de médicament (méthylphénidate, amphétamines ou atomoxétine) et entre frères et sœurs;Les méta-analyses ont également confirmé ces résultats (HR groupé pour tout trouble neurodéveloppemental: 1,00, IC à 95%: 0,83-1,20). Selon les auteurs, cette vaste étude de cohorte basée sur la population fournit des preuves que l'exposition in utero aux médicaments contre le TDAH (méthylphénidate, amphétamines et atomoxétine) n'augmente pas le risque de troubles neurodéveloppementaux à long terme chez la progéniture. Les auteurs soulignent que cette étude reproduit des données antérieures sur la sécurité de l'exposition au méthylphénidate pendant la grossesse et les complète par de nouvelles données sur la sécurité des amphétamines et de l'atomoxétine. Ils affirment que leurs résultats sont essentiels pour élaborer les futures directives cliniques et aider les prestataires de soins de santé et les futures mères à prendre des décisions éclairées sur la gestion des médicaments contre le TDAH pendant la grossesse.À lire aussi: TDAH: des risques liés à l’utilisation prolongée des médicamentsLes auteurs soulignent que, dans l'ensemble, cette étude fournit des preuves rassurantes que la poursuite d’un traitement contre le TDAH pendant la grossesse n'augmente pas le risque de troubles neurodéveloppementaux à long terme chez la progéniture. Pour les nouvelles utilisatrices, le méthylphénidate semble être le choix le plus sûr pour une utilisation pendant la grossesse, étant donné qu'il s'agit du médicament contre le TDAH ayant fait l'objet du plus grand nombre d'études.Toutefois, pour les patientes qui se portent déjà bien sous amphétamines ou atomoxétine, il n'y a actuellement aucune raison impérieuse de changer de médicament en raison des préoccupations de sécurité concernant les effets à long terme sur le développement neurologique de l'enfant. Toutefois, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats et déterminer si l'utilisation de médicaments contre le TDAH pendant la grossesse a des effets à long terme sur d'autres aspects du développement de l'enfant.Madsen KB, Larsson H, Skoglund C, et coll. In utero exposure to methylphenidate, amphetamines and atomoxetine and offspring neurodevelopmental disorders - a population-based cohort study and meta-analysis. Mol Psychiatry 2025; Publié en ligne le 27 mars, 2025. (consulté le 3 avril 2025).

TDAH: la prise de médicaments pendant la grossesse présente-t-elle un risque pour l’enfant?

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes