Surmené au travail, un cardiologue falsifiait des ordonnances pour son compte

C’est parce qu’il était en surcharge de travail à la suite des fusions d’établissements de santé provoquées par la loi 10 que le cardiologue Michel Doucet a falsifié des ordonnances pour son usage personnel et contrefait la signature de son médecin traitant.C’est ce qu’a soutenu le médecin de l’Hôpital du Sacré-Cœur lors de son plaidoyer de culpabilité devant le Conseil de discipline du Collège des médecins, dans une décision rendue lundi dernier.Il devra désormais purger une radiation d’un mois et payer une amende de 2500$. Le Dr Doucet n’avait aucun antécédent disciplinaire à son dossier.Pendant deux ans, entre 2015 et 2017, le Dr Michel Doucet a émis, pour son propre compte, cinq ordonnances falsifiées en utilisant le nom de son confrère, le Dr Jihad Paul Khoueir, neurochirurgien au même hôpital, pour obtenir du Célébrex, du Topamax et de l'Empracet.Le Dr Khoueir suivait son confrère pour des problèmes de lombalgies inopérables lui causant des douleurs chroniques importantes. En 2015, il lui avait émis des ordonnances pour ces trois médicaments.Ce n’est que deux ans plus tard, lors d’une rencontre fortuite dans les corridors de l’établissement, que le Dr Doucet se plaint à nouveau de se douleurs à son neurochirurgien, qui lui prescrit à nouveau du Celebrex et de l’Empracet.Puis en septembre 2017, le Dr Khoueir est avisé par une pharmacie que le Dr Doucet a utilisé plusieurs ordonnances à son nom, or l'écriture ne correspond pas à la sienne. Ces cinq ordonnances ont été produites entre février 2015 et juillet 2017.Devant le conseil de discipline, le Dr Doucet a blâmé son horaire chargé résultant de la fusion de l’Hôpital du Sacré-Cœur avec d’autres établissements pour créer le CIUSSS du Nord-de-Montréal à l'époque de l'infraction. Il devait servir trois hôpitaux pour des urgences en cardiologie, avec de longues heures de garde, en plus de devoir faire face à un manque de cardiologues à Sacré-Cœur. Il était également responsable de l'enseignement des étudiants en médecine.Cette situation l’a mené à une forme surmenage, a-t-il fait valoir, en plus de manquer de temps pour prendre rendez-vous avec un médecin. Il n’avait pas non plus, au moment des faits, de médecin de famille.Quand il a découvert la falsification, le Dr Khoueir a mis un terme à sa relation avec le Dr Doucet pour bris de lien de confiance. Il l’a ensuite référé en psychiatrie et au PAMQ.Dans sa décision, le Conseil de discipline note que malgré l’absence de tort causé à autrui dans cette affaire, la gravité du geste est susceptible de ternir l’image de la profession.Toutefois, il existe peu de jurisprudence reliée à l’article 84 du Code de déontologie des médecins (Le médecin doit s'abstenir d'inscrire, de produire ou d'utiliser des données qu'il sait erronées dans tout document, notamment tout rapport ou dossier médical ou de recherche) sur lequel reposait une partie de l’accusation.Le conseil s’est donc plutôt appuyé sur l’article 70 afin de déterminer la peine.

Surmené au travail, un cardiologue falsifiait des ordonnances pour son compte

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes