Suppléments alimentaires: les études sont mitigées

Les multivitamines pour la mémoireVous le savez, je suis friand d’essais cliniques sur les multivitamines – et j'ai un parti pris sur ce sujet. C'est pourquoi les résultats de l'étude COSMOS (COcoa Supplement and Multivitamin Outcomes Study) publiés dans The American Journal of Clinical Nutrition ont attiré mon attention. Cette étude faisait partie d'un essai plus vaste qui a suivi plus de 21 000 adultes de plus de 60 ans pendant deux ans. Les sujets ont reçu soit un placebo, soit un extrait de cacao (500 mg de flavanols) et/ou une multivitamine dans le but de surveiller leurs effets sur la prévention des maladies cardiovasculaires et du cancer. Apparemment, la partie de l'essai consacrée au cacao ne s'est pas très bien déroulée. Mais la sous-catégorie de patients ayant pris des multivitamines et ayant été soumis à des évaluations neuropsychologiques a montré un certain bénéfice. En particulier, la mémoire épisodique et la cognition globale de ceux qui avaient pris une multivitamine pendant deux ans se sont significativement améliorées. Selon les auteurs, cette évolution positive des scores de mémoire équivalait à une réduction du vieillissement cognitif de deux ans.À lire aussi: Trois mythes que l'industrie des compléments alimentaires veut vous faire avalerDevriez-vous donc recommander des multivitamines à vos patients préoccupés par leur mémoire? Cette étude suggère qu'une utilisation à long terme peut avoir des effets bénéfiques. J’ai un autre argument de taille: si vous dépensez deux dollars par jour pour entretenir une voiture que vous n’utilisez qu’une heure par jour et que vous revendrez au bout de 10 ans, ça vaut la peine d’investir 20 cents par jour dans une multivitamine pour aider un corps que vous garderez pour toujours…Les probiotiques, un remède aux allergies alimentaires?Une fois encore, l'idée est que les probiotiques et un régime riche en fibres alimentaires ont toujours une utilité en termes de santé. Cet article de synthèse expose en détail la théorie selon laquelle la microflore intestinale peut aider à lutter contre les allergies alimentaires (AA). Le principe est simple: la barrière intestinale empêche l'absorption des substances alimentaires allergènes nocives. Cette barrière est constituée à la fois de vos propres cellules intestinales et d'une couche de mucoprotéines. Dans ces couches se trouvent les enzymes digestives, le microbiote et les cellules du système immunitaire. Certains facteurs bien connus peuvent perturber l’équilibre de cette barrière saine: l'alimentation, la cirrhose, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), la consommation d'alcool et les régimes riches en graisses saturées. Mon attention a toutefois été attirée par la preuve qu'un régime pauvre en fibres conduit le microbiote à se nourrir des mucoprotéines intestinales, augmentant ainsi la perméabilité de l'intestin. De plus, lorsque le microbiote fermente les prébiotiques, il produit des acides gras à chaîne courte (AGCC), qui sont associés à l'intégrité de la barrière intestinale et à la réduction des réactions aux acides gras. Tout cela semble prometteur, mais les preuves proviennent essentiellement de modèles in vitro et animaux. Que dire alors aux patients atteints d'AA sévère? Devraient-ils prendre des probiotiques? Selon certaines données, cela pourrait théoriquement être une option efficace et sans danger. L'hypothèse selon laquelle les prébiotiques pourraient être utiles est prometteuse. Bien qu'il existe des sources alimentaires de prébiotiques (fructo-oligosaccharides, galacto-oligosaccharides etc.), il peut être difficile de les trouver en quantités suffisantes dans l'alimentation pour qu'ils soient efficaces. Mais consommer davantage de fibres alimentaires provenant des fruits et légumes pourrait aider votre microbiote à entretenir la couche de mucus intestinale.Le magnésium favorise la survie à long terme des patients ayant subi une crise cardiaqueLe magnésium est certainement le macrominéral le plus négligé. Nous soulignons tous l’importance d’un apport suffisant en calcium, mais nous devrions porter davantage attention au magnésium. Cette étude de cohorte a suivi pendant quatre ans plus de 4500 patients ayant subi un infarctus du myocarde sans élévation du segment ST (NSTEMI). Les chercheurs ont constaté que les patients qui présentaient des taux de magnésium sérique plus faibles avaient un risque de décès accru de 24% par rapport à ceux qui présentaient des taux de magnésium sérique plus élevés, indépendamment des autres comorbidités (sexe, diabète, hypertension…). Un faible taux de magnésium est associé à une inhibition de la libération d'oxyde nitrique (un vasodilatateur et un inhibiteur de l'agrégation plaquettaire). Le magnésium antagonise aussi les effets du calcium, favorise la relaxation vasculaire, la réduction de la pression artérielle et possède des propriétés antiarythmiques. Ce que j'ai également trouvé intéressant, c'est qu’il n'existe pas de consensus international sur les niveaux habituels de magnésium sérique.À lire aussi: Les canneberges contribuent à la santé du microbiote intestinal, selon une étudeJe recommande généralement à mes patients de prendre simultanément calcium et magnésium, ne serait-ce que pour réduire les effets secondaires de constipation du premier. Quant au fait de savoir si le calcium affecte l’absorption du magnésium, les recherches sont mitigées. Certaines données montrent qu'il n'y a aucun d'effet1, tandis que d'autres suggèrent qu'il y en a un. Je dis toujours que le meilleur supplément vitaminique est celui que l'on n'oublie pas de prendre. Si le fait de prendre en même temps le calcium et le magnésium vous permet d’avoir une meilleure observance, faites-le. Par ailleurs, une partie du magnésium est absorbée passivement. Les joueurs de sport électronique portugais et brésiliens ont de mauvaises habitudes alimentairesJ’ai lu cet article, publié en 2023 dans la revue Nutrients, alors qu’il n’a pas grand-chose à voir avec la pharmacie. Mais je recommande vivement à tout le monde de le lire, car il regorge de conseils diététiques simples et rapides. Si vous ne connaissez pas certains termes (Twitch, FPS, Counter-Strike ou Valorant), demandez à un ou une jeune collègue. Je reconnais avoir dû en chercher certains sur Google. Comme on pouvait s'y attendre, les habitudes alimentaires des participants n'étaient pas optimales: moins de fruits et de légumes, plus d'aliments transformés et salés, et une consommation de caféine supérieure à celle d'une population de référence. Ce qui est intéressant, c'est que les trois principaux suppléments pris par ces joueurs étaient les protéines de lactosérum, la créatine et les multivitamines (30%). J'ai également été impressionné par le nombre de références mettant en évidence les données relatives à la santé des joueurs. Les parents de jeunes garçons (91,4% des personnes interrogées étaient des garçons) devraient, à tout le moins, être conscients des influences extérieures susceptibles d'avoir un impact sur leur vie quotidienne. 1 Food and Nutrition Board, Institute of Medicine. Magnesium. Dietary Reference Intakes: Calcium, Phosphorus, Magnesium, Vitamin D, and Fluoride. Washington, D.C.: National Academy Press; 1997:190-249

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