Soyez attentifs aux troubles du sommeil dans le diabète de type 2

Le diabète et le sommeil sont intimement liés. Malgré cette prévalence élevée, les problèmes de sommeil chez les personnes vivant avec le diabète de type 2 (DT2) ne sont pas toujours bien reconnus ou traités.1 En fait, une récente revue systématique a révélé que peu de directives de pratique clinique sur le diabète fournissent des recommandations pour l'évaluation et la gestion du sommeil chez cette population de patients.2 Les médecins et les pharmaciens peuvent jouer un rôle important dans l'identification et la prise en charge des troubles du sommeil chez les patients atteints de DT2. Une étude récente a révélé que 25% des personnes diabétiques dorment moins de six heures ou plus de huit heures par nuit.3 La relation entre la durée du sommeil et les valeurs d'hémoglobine glyquée (A1C) chez les patients atteints de DT2 suit une courbe en forme de U, les valeurs d'A1C les plus mauvaises étant retrouvées chez ceux qui dorment moins ou plus longtemps que sept à huit heures par nuit.4 Il existe une relation bidirectionnelle entre le diabète de type 2 et le sommeil. Le diabète lui-même peut provoquer des problèmes de sommeil et, inversement, les problèmes de sommeil semblent également jouer un rôle dans le diabète, comme nous allons l'explorer dans cet article. Les causes des troubles du sommeil liés au diabète Tant l'hyperglycémie que l'hypoglycémie pendant la nuit peuvent entraîner des insomnies et une fatigue le lendemain. En outre, le fait de vivre avec une maladie chronique, comme le diabète, a un impact émotionnel important susceptible de perturber davantage les habitudes de sommeil. Hyperglycémie L'hyperglycémie peut entraîner une augmentation de la fréquence des mictions, ce qui nécessite un plus grand nombre d'allées et venues aux toilettes pendant la nuit et perturbe ainsi le sommeil. Une période de latence des mouvements oculaires rapides (REM) (c'est-à-dire le temps entre le début du sommeil et la première période de sommeil paradoxal) plus courte ou plus longue que d'habitude peut être causée par un manque de sommeil ou des troubles du sommeil. Il a été démontré qu'un taux d'A1C plus élevé est significativement associé à une réduction de la latence du sommeil paradoxal chez les personnes atteintes de DT2. Cela suggère qu'un mauvais contrôle glycémique peut être associé à une altération de la qualité du sommeil par le raccourcissement du cycle de sommeil le plus important et le plus profond.5 Hypoglycémie Les symptômes de l'hypoglycémie peuvent inclure la transpiration, l'irritation et la confusion, ce qui peut également entraîner des interruptions du sommeil. Dépression Les personnes atteintes de diabète présentent également un risque nettement plus élevé de développer une dépression par rapport à leurs homologues non diabétiques. La dépression est l'un des facteurs importants contribuant à un mauvais sommeil dans la population diabétique.6 Un mauvais sommeil ou un sommeil lent moins réparateur est lié à une glycémie élevée chez les personnes atteintes de diabète ou de prédiabète.5 On pense que les troubles du sommeil peuvent affecter la glycémie en raison de leur effet sur l'insuline, le cortisol et le stress oxydatif.7 Le manque de sommeil peut également augmenter le risque de développer une résistance à l'insuline, même dès l'enfance.8 Types de troubles du sommeil chez les diabétiques de type 2 L'apnée obstructive du sommeil et le syndrome des jambes sans repos sont les deux troubles du sommeil les plus fréquents chez les personnes atteintes de diabète de type 2. Bien que l'apnée du sommeil ne soit pas directement à l'origine du diabète, elle en est un facteur de risque et il a été démontré qu'elle augmente la résistance à l'insuline, même chez les personnes non diabétiques ou qui ne sont pas en surpoids.9 L'apnée obstructive du sommeil se caractérise par des épisodes de collapsus partiel ou complet des voies aériennes supérieures (apnée) pendant le sommeil, entraînant une hypoxémie et une fragmentation du sommeil.10 Les interruptions de la respiration provoquent des «micro-éveils» (réveils très brefs) qui interfèrent avec la progression naturelle des stades du sommeil et altèrent la qualité du sommeil. Les symptômes peuvent inclure des ronflements forts, des épisodes d'étouffement et de halètement, un réveil en sueur pendant le sommeil, une sensation de manque de fraîcheur le matin, des maux de tête matinaux, une somnolence et une léthargie excessives pendant la journée. En général, la personne n'est pas consciente de ses symptômes nocturnes. L'apnée obstructive du sommeil est plus fréquente chez les personnes en surpoids ou obèses, car l'excès de graisse dans le cou (signifié par une circonférence du cou > 16 pouces chez les femmes ou > 17 pouces chez les hommes) interfère avec les voies respiratoires. L'apnée du sommeil a également fait l'objet d'une attention accrue au cours de la dernière décennie en raison de ses associations indépendantes avec les maladies cardiovasculaires.10 Un polysomnogramme, ou une étude du sommeil, peut être recommandé pour diagnostiquer initialement l'apnée obstructive du sommeil. Le traitement comprend l'utilisation d'un appareil de pression positive continue (CPAP). La CPAP maintient les voies respiratoires ouvertes, ce qui contribue à rétablir une respiration normale et, par conséquent, un rythme de sommeil normal.11 Les personnes atteintes du syndrome des jambes sans repos (SJSR) peuvent ressentir des picotements ou d'autres sensations irritantes dans les jambes, ce qui entraîne un besoin incontrôlable de bouger les jambes et peut nuire au sommeil. Les symptômes de la neuropathie périphérique, une complication courante chez les personnes atteintes de diabète de type 2, peuvent être similaires à ceux du SJSR, notamment des engourdissements, des picotements et des douleurs dans les extrémités. Les symptômes neuropathiques diffèrent des symptômes du SJSR en ce qu'ils ne sont généralement pas associés à une agitation motrice ou aidés par le mouvement. Ils peuvent également survenir le jour ou la nuit, alors que les symptômes du SJSR surviennent généralement le soir ou la nuit. La neuropathie et le SJSR peuvent coexister chez une personne atteinte de diabète.12 Les personnes souffrant du SJSR devraient subir un test de dépistage pour la carence en fer. Le traitement médicamenteux du SJSR primaire est essentiellement symptomatique et peut inclure des agents dopaminergiques, des benzodiazépines, des anticonvulsivants ou des sels de fer. Le traitement peut ne pas être nécessaire chez les patients présentant des symptômes légers ou sporadiques ou chez ceux qui ne présentent pas de déficience significative.13 Comment améliorer la qualité du sommeil Pour les personnes chez qui l'on a diagnostiqué une apnée obstructive du sommeil, la combinaison d'une perte de poids et d'un traitement par CPAP peut être la méthode la plus efficace pour améliorer les habitudes de sommeil et, par la suite, la résistance à l'insuline et au métabolisme déficient du glucose.14 De bonnes habitudes d'hygiène du sommeil sont particulièrement importantes et peuvent inclure: - Le respect d'un régime alimentaire qui contribue à contrôler la glycémie - Faire de l'exercice régulièrement - Respecter une heure régulière de lever et de coucher - Éviter les stimulants (par exemple, la caféine, la nicotine) avant le coucher - Garder la chambre à coucher fraîche, sombre et calme - Mettre les téléphones portables et autres appareils en mode silencieux/éteint.15 Prise en charge de l'insomnie La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est recommandée comme traitement de première intention de l'insomnie chronique. Toutefois, la TCC n'est pas toujours très accessible et peut être coûteuse, et la réponse du patient peut être faible dans certains cas. La prise en charge pharmacologique est donc couramment utilisée. Les effets indésirables et un indice thérapeutique étroit peuvent limiter l'utilisation de certains des anciens médicaments. Les options pharmacologiques plus récentes ont démontré un meilleur profil de sécurité et une efficacité à plus long terme. Les preuves sont contradictoires en ce qui concerne les effets indésirables d'un traitement à long terme. Par conséquent, l'utilisation des médicaments doit toujours être individualisée. Il est important de considérer les risques potentiels de la poursuite de la médication hypnotique par rapport aux risques d'une insomnie persistante non traitée et les limitations fonctionnelles qui y sont associées.16 Comment aider les patients souffrant de diabète et de troubles du sommeil? Étant donné qu'une somnolence diurne excessive peut nuire à l'humeur et à la performance au travail, en plus d’augmenter le risque de blessures professionnelles et d'accidents de transport, l'évaluation de la qualité du sommeil et des troubles du sommeil est d'une importance capitale pour les personnes vivant avec le DT2. Comment pouvez-vous faire la différence? - Conseillez aux patients de parler avec leur équipe de soins du diabète pour déterminer s'ils ont besoin d'un traitement pour les symptômes du SJSR ou de la neuropathie périphérique. - Suggérez une étude du sommeil si l'apnée obstructive du sommeil est une possibilité, surtout chez les patients en surpoids ou obèses. Le cas échéant, intégrer le partenaire du patient à la discussion, pour identifier les symptômes nocturnes. - Orientez tous les patients souffrant de troubles du sommeil vers une évaluation de la dépression. - Recommandez de bonnes habitudes d'hygiène du sommeil (voir ci-dessus) et, si nécessaire, orientez le patient vers une évaluation pour des approches comportementales supplémentaires (par exemple, TCC, thérapies de relaxation). - Envisagez une pharmacothérapie à court terme en complément des thérapies cognitives et comportementales de l'insomnie, si nécessaire. - Des habitudes de sommeil perturbées peuvent rendre les personnes diabétiques moins enclines à suivre les pratiques recommandées d'autogestion du diabète, telles que l'exercice régulier et la surveillance de la glycémie. Aidez les patients à se remettre sur la bonne voie en leur fixant un objectif à la fois. Cette démarche est importante et doit coïncider avec votre évaluation de la meilleure façon de soutenir ou d'orienter le patient vers un spécialiste des troubles du sommeil. Résumé La prise en charge réussie des troubles du sommeil chez les patients atteints de diabète de type 2 nécessite souvent une approche multidimensionnelle comprenant le soulagement des symptômes et le traitement des comorbidités courantes. Travaillez avec vos patients et leurs prestataires de soins pour améliorer les habitudes de sommeil. Un bon sommeil est essentiel à la santé et au bien-être de chacun!

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