Simplification administrative: Québec promet 310 000 nouveaux rendez-vous médicaux libérés

Ce nouveau projet de règlement présenté par Québec vise à alléger certaines démarches imposées aux médecins, notamment en abolissant l’obligation d’une prescription médicale pour le remboursement de services rendus par certains professionnels de la santé, comme les physiothérapeutes, lorsqu’ils sont couverts par les assureurs privés. Selon le ministre de la Santé, Christian Dubé, cette simplification vise à dégager du temps clinique afin que les médecins «puissent consacrer plus de temps aux patients».Le règlement, qui sera publié aujourd’hui (mercredi 12 novembre) dans la Gazette officielle du Québec, éliminerait aussi la nécessité d’une consultation médicale pour le remboursement de certaines aides techniques, sauf exceptions précises. En tout, ces modifications permettraient de libérer environ 310 000 rendez-vous médicaux par année, selon les chiffres avancés par le ministère de la Santé. Elles s’ajouteraient aux mesures déjà en vigueur en vertu de la Loi 68 – comme la fin des billets médicaux pour absences scolaires de moins de cinq jours ou la simplification des formulaires de la CNESST – pour porter à près de 590 000 le nombre total de rendez-vous potentiellement dégagés.Lors de l’adoption de la Loi 68, dont découle ce nouveau règlement, les fédérations médicales avaient salué une avancée utile, tout en soulignant ses limites. La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) estimait que la réduction de la paperasse ne ferait pas bondir le nombre de rendez-vous, mais qu’elle permettrait d’utiliser les plages horaires «de façon plus pertinente et optimale». Même ton du côté de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), qui parlait alors d’«un pas dans la bonne direction», tout en jugeant que le gouvernement «ne s’attaque qu’à la pointe de l’iceberg bureaucratique».Québec présente ce règlement comme une étape importante de sa stratégie de désengorgement administratif en première ligne, destinée à libérer du temps médical actuellement absorbé par les démarches auprès des assureurs et des employeurs. Selon le communiqué du cabinet du ministre de la Santé, ces mesures «contribueront à libérer de nombreuses plages de rendez-vous en première ligne et à améliorer l'accès aux soins en plaçant les besoins réels des patients au cœur de notre système de santé». Des objectifs salués en principe par les intéressés, mais dont la portée concrète dépendra de l'application sur le terrain.Lire aussi: Invalidité: les assureurs adoptent un formulaire uniqueSurcharge de paperasseCe mouvement de simplification s’inscrit dans un contexte où la surcharge administrative des cliniciens demeure importante. Les données récentes du Sondage national sur la santé des médecins indiquent qu’une proportion importante de cliniciens consacre chaque semaine de nombreuses heures aux tâches administratives, et que le poids de cette charge reste l’un des principaux facteurs d’épuisement professionnel.Or les médecins de famille québécois ne semblent pas disposer d’une large marge de manœuvre. Une analyse du Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) montre qu’ils travaillent déjà à temps plein et que la complexité croissante des cas absorbe une part importante de leur énergie clinique. Dans ce contexte, les mesures de simplification annoncées apparaissent comme un levier utile, mais partiel. Les solutions pour améliorer l’accès passent autant par la réorganisation du travail que par le recrutement, la délégation et le soutien administratif, estiment la plupart des chercheurs en organisation des soins de santé.

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