Septicémies: 7 jours d’antibiothérapie sont aussi efficaces que 14

Relativement fréquentes, les septicémies font partie des infections bactériennes les plus graves. Rien qu’en Amérique du Nord, 600 000 cas sont répertoriés chaque année et environ 90 000 personnes en meurent. Une antibiothérapie précoce et appropriée améliore la survie des patients, sa durée la plus courante étant de 14 jours selon une revue de la littérature. Cependant, «la durée optimale du traitement n’a pas été suffisamment étudiée», observent des chercheurs qui viennent de combler cette lacune en menant une étude dans 74 hôpitaux en Australie, au Canada, en Israël, en Nouvelle-Zélande, en Arabie Saoudite, en Suisse et aux États-Unis.Les résultats de cet essai randomisé, dénommé BALANCE (pour Bacteremia Antibiotic Length Actually Needed for Clinical Effectiveness), ont été publiés la semaine dernière dans The New England Journal of Medicine. «Nous pouvons affirmer très clairement que le traitement de sept jours n’est pas inférieur (à celui de quatorze jours) dans le traitement des infections sanguines», résume dans un communiqué le co-auteur principal de l’étude, le Dr Nick Daneman.Le clinicien chercheur à la division des maladies infectieuses du Sunnybrook Health Sciences Centre, à Toronto, ajoute avoir également constaté que l’administration d’un traitement de sept jours dès le départ permettait «de réduire l’utilisation totale d’antibiotiques au cours du suivi et de raccourcir la durée du séjour à l’hôpital.»À lire aussi: La résistance aux antimicrobiens est devenue une urgence mondiale, il faut réagir avant qu’il ne soit trop tardEntre octobre 2014 et mai 2023, l’essai BALANCE a inclus 3608 patients: 1814 ont été assignés à un traitement antibiotique de sept jours et 1794 à un traitement de quatorze jours. Dans l’ensemble, 1922 patients (53,3%) étaient des hommes et leur âge médian était de 70 ans. Au moment de leur inclusion, 55% des participants se trouvaient dans une unité de soins intensifs et 45% dans un autre service hospitalier. Leurs infections ont été contractées dans la communauté (75,4%), à l’hôpital (13,4%) ou plus spécifiquement dans les unités de soins intensifs (11,2%). Les septicémies provenaient le plus souvent des voies urinaires (42,2%), du système intra-abdominal ou hépatobiliaire (18,8%), des poumons (13,0%), des cathéters (6,3%) et de la peau ou des tissus mous (5,2%). Divers organismes en étaient responsables, dont 2562 bactéries Gram-négatives (71%), 625 bactéries Gram-positives (17,3%) et 421 organismes polymicrobiens (11,7%).À consulter: L'antibiorésistance: où en sommes-nous?Les patients sévèrement immunodéprimés, ceux qui avaient des prothèses valvulaires cardiaques ou subi une greffe endovasculaire, ou encore ceux dont les cultures ont révélé la présence de Staphylococcus aureus (nécessitant un traitement prolongé) ont été exclus de l’essai. Le choix des antibiotiques, la posologie et la voie d’administration étaient laissés à la discrétion des équipes soignantes. Résultats significatifsLe résultat principal de l’essai était le décès, toutes causes confondues, à 90 jours. Les résultats secondaires comprenaient le décès à l’hôpital, le décès en unité de soins intensifs, les infections à C. difficile, les infections secondaires et la colonisation par des organismes résistants aux antibiotiques.Au final, 261 patients (14,5%) ayant reçu une antibiothérapie pendant sept jours étaient décédés au cours de la période étudiée de 90 jours, contre 286 (16,1%) dans le groupe traité pendant quatorze jours. Soit une différence de 1,6 point de pourcentage (intervalle de confiance [IC] à 95%: - 4,0 à 0,8), ce qui répondait aux critères de non-infériorité. Les patients ont été traités plus longtemps que la durée assignée dans 23,1% des cas pour le groupe de sept jours et dans 10,7% des cas dans le groupe de 14 jours. Une analyse perprotocole a également montré la non-infériorité, avec une différence de 2 points de pourcentage (IC à 95%: - 4,5 à 0,6). Lire aussi: Ce que les médecins doivent savoir sur les infections invasives à streptocoque ACes résultats étaient généralement cohérents pour la plupart des résultats secondaires ainsi que pour les sous-groupes préspécifiés. Les infections à C. difficile et les infections ou colonisations par des bactéries antibiorésistantes étaient peu fréquentes dans les deux groupes.«Nos résultats peuvent contribuer à éclairer les décisions qui améliorent les systèmes de soins, comme l’augmentation des économies sur les coûts des médicaments et la réduction de la résistance aux antimicrobiens au niveau des individus et de la population en général», mentionne l’autre co-auteur principal de l’étude, le Dr Rob Fowler, intensiviste Sunnybrook Health Sciences Centre.Les chercheurs indiquent toutefois que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour tester des durées de traitement individualisées et potentiellement plus courtes, «afin que chaque patient reçoive un traitement aussi long que nécessaire et pour mieux équilibrer les avantages et les inconvénients possibles du traitement antibiotique».

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