Sept mois de radiation pour une série de manquements

Entre février 2019 et août 2020, le Dr Gilbert Alfred Blaise a prescrit des médicaments à 65 patients alors qu’il n’était pas légalement autorisé à exercer cette activité en raison des mesures imposées par l’Ordre. De plus, le Dr Blaise, qui compte près de 40 ans de pratique après des études en Belgique, en France et en Ontario, a avoué n’avoir réclamé à la RAMQ aucun remboursement découlant des prescriptions délivrées à ces patients. Il a affirmé leur avoir offert ses services gratuitement, dans le but de les aider. Par exemple, en 2020, le médecin spécialiste prescrit de l’Ativan et du Xanax au fils d’un de ses amis qui souffre de trouble anxieux. En 2019, il prescrit à un autre patient de la prégabiline, du Naproxen et du diclofénac à l’époque où il fait l’objet d’une limitation de pratique. Pour le patient vu en 2020, il a fait défaut de constituer le dossier du patient afin d’y inscrire tous les renseignements pertinents relatifs aux ordonnances médicales. Dans le cas du patient rencontré en 2019, il a écrit des notes illisibles et celles-ci n'étaient pas suffisamment détaillées. De plus, il n’y avait aucune mention indiquant s’il avait procédé à un examen physique, s’il avait évalué son état psychologique, les circonstances entourant son accident de voiture et son historique de consommation de GHB. Ajoutons à cela qu'entre 2018 et 2020, le médecin s’est prescrit des médicaments, dont deux qui nécessitent une évaluation préalable par un médecin spécialisé dans les domaines de la santé pertinents, et qui ne relèvent pas de son champ d’expertise. Ces médicaments ne sont pas identifiés dans la décision disciplinaire. Lourd historique Pour le conseil de discipline, les quatre infractions reprochées au Dr Gilbert Alfred Blaise sèment «un doute sérieux à savoir s’il adhère aux règles de la profession, s’il comprend l’importance de s’y conformer afin de privilégier l’intérêt public et sa protection». Le conseil considère que les infractions, dont l’intimé s'est avoué coupable, ne constituent pas des écarts de conduite isolés et estime que les risques de récidives sont élevés. En effet, même s’il n’a pas d’antécédents disciplinaires, le Dr Blaise a un lourd historique professionnel au sujet de la tenue problématique de ses dossiers. En 2008, 2016 et 2018, il a dû suivre des cours de perfectionnement pour remédier aux nombreux manquements en la matière. Dans la récente décision disciplinaire, le conseil a rappelé l’importance de consigner les renseignements dans le dossier médical. «Si dès la première consultation, soit lors de l’évaluation initiale, il y a insuffisance de données recueillies et inscrites au dossier par le médecin et qu’à chaque étape du traitement des informations manquent au dossier ou se perdent parce qu’elles sont inintelligibles, le risque est grand que les diagnostics posés soient erronés ou retardés et que les indices exigeant une intervention auprès du patient soient ignorés», indique-t-il. Recours à des techniques approximatives Par ailleurs, en mai 2018, le Comité d’inspection professionnelle de l’Ordre (CIP) a conclu que l’anesthésiologiste utilisait des techniques à risque de complications. Durant une séance d’observation du CIP, le Dr Blaise a utilisé la combinaison non reconnue de médicaments, soit du bupivacaïne, lidocaïne, naloxone, morphine, kétamine, néostigmine, clonidine et dextrose 50% chez un même patient, à des doses différentes et dont les combinaisons varient sans justification. De plus, il a eu recours à des techniques approximatives jugées dangereuses (utilisation de l’échoguidage) et non reconnues scientifiquement (comme le traitement à l’aide de plasma riche en plaquettes. Finalement, il a offert des services en dehors de sa spécialité, dont des services en hormonothérapie et en santé mentale. Une demande jugée illégale Considérant son historique professionnel et la gravité des infractions commises, le conseil de discipline lui a imposé une sanction de sept mois qui répond, selon lui, «à la préoccupation de maintenir l’équilibre entre la protection du public et le droit de l’intimé d’exercer la profession». Dans ce dossier, le syndic adjoint demandait une peine de huit mois, alors que le Dr Blaise suggérait une radiation de deux mois, assortie d’une permission de continuer à travailler sur son projet de recherche sur le traitement de la douleur chronique, durant cette radiation temporaire. Le conseil de discipline a toutefois refusé d'accorder cette permission à l’intimé quant à son projet de recherche, jugeant cette proposition «illégale». «Soit il est radié et ne peut exercer une activité professionnelle réservée aux membres de l’Ordre pendant toute la période où il purge cette sanction, soit il ne l’est pas», concluent les trois membres du Conseil.

Sept mois de radiation pour une série de manquements

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes