Santé Québec: le point avec Christian Dubé

Pilote d’une réforme contestée mais «historique» du système de santé québécois selon lui, le ministre de la Santé et des Services sociaux Christian Dubé a accordé un entretien à Profession Santé début janvier, quelques jours après la toute première réunion du comité de transition chargé de mettre en place la future agence Santé Québec, étendard du projet de loi 15 adopté début décembre. Lorsqu’on lui demande quelles sont ses attentes, le ministre n’y va pas par quatre chemins: «J’ai une philosophie de gestion axée sur les résultats.» Le message est clair: le comité de transition et la future agence Santé Québec devront poursuivre le Plan pour mettre en œuvre les changements nécessaires en santé. «Le comité de transition est bien lancé, se félicite Christian Dubé. Il doit maintenant trouver un équilibre entre ce qui est urgent et ce qui est important.» Ce qui est important, selon lui: les ressources humaines, les infrastructures technologiques et immobilières, l’accès aux données, ou encore la gouvernance. Ce qui est urgent: le personnel de première ligne, les urgences, la prise en charge des patients et l’accès aux spécialistes via les CRDS, entre autres. Pas de refonte de la structure des CISSS et des CIUSSSLe comité de transition, initialement mis en place pour un an – six mois avant la création de Santé Québec et six mois après, dans un souci de suivi –, doit répartir au mieux les tâches entre la nouvelle agence et le Ministère. Mais d’ailleurs, qui fera quoi? «La job du Ministère reste de déterminer les grandes orientations, pour que le clinique, les plaintes, la participation des médecins, les attentes en lien avec les indicateurs de performance soient bien définis. Être sûr que les orientations et l’exécution des résultats sont aux bonnes places pour que la gouvernance que l’on est en train de mettre en place nous permette d’atteindre nos objectifs», explique le ministre. À lire aussi: Transformation du système de santé: «le gouvernement doit inclure les pharmaciens d’établissement»De son côté, Santé Québec aura à sa charge cette exécution et pilotera la gestion des résultats pour les 36 établissements de la province. «La création de Santé Québec est un élément de structure qui va apporter des bénéfices et aura une implication majeure concernant la gouvernance syndicale, précise Christian Dubé. Un employeur unique, et six conventions collectives contre 144 auparavant. C’est l’élément structurel le plus important.»Mais, si Christian Dubé annonce une révolution dans la gouvernance du réseau, il tient aussi à rassurer: pas question de changer la structure des CISSS et des CIUSSS territoriaux et non territoriaux: «ce qui change, c’est une meilleure coordination entre eux, en termes de gouvernance clinique, syndicale, sur les enquêtes, ainsi qu’avec la création d’un comité national des usagers». «Je ne veux pas faire de centralisation»Face aux inquiétudes de certains syndicats comme l’Association des pharmaciens des établissements de santé (APES) et la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), le ministre affirme en outre que la future structure de Santé Québec ne répliquera pas celle des établissements. «On ferait de la centralisation et c’est justement ce que je ne veux pas faire, soutient Christian Dubé. Je dois trouver la façon de faire interagir le comité de direction de la future agence avec les 36 présidents d’établissement. Ce qui est important, c’est que le futur chef des opérations respecte les principes que nos établissements sont intégrés.»Justement: le comité de transition, pour le moment composé de 11 membres du secteur de la santé, doit s’assurer que l’appel de candidatures pour le poste de président ou présidente, valable jusqu’au 1er mars, soit fait en bonne et due forme. La nomination de la nouvelle équipe de direction est attendue pour le mois d’avril.À lire aussi: La déroute du système de santé en 2023La question du ou de la chef ou cheffe des opérations fait couler beaucoup d’encre, au grand désarroi du ministre: quelqu’un du réseau ou de l’extérieur? Christian Dubé se laisse le temps de la réflexion. S’il a «un fort biais» pour une personne qui n’est «pas nécessairement du réseau», cette dernière devra cependant bien le connaître. «C’est pour donner les bons outils à ces nouveaux gestionnaires, qui vont venir s’ajouter aux 36 déjà présents, que nous avons travaillé pendant deux ans, explique le ministre. Mon choix sera plus facile lorsqu’on aura choisi les 7 ou 8 personnes potentielles aux postes clés, dont celui de numéro 2. Cela nous permettra de déterminer la meilleure organisation entre la tête et les opérations. Au cours de ma carrière, j’ai eu l’occasion de voir beaucoup de CA, et la complémentarité entre le board [NDLR, le conseil d’administration] et le chef des opérations, l'exécutant, est très importante.» Un site web pour suivre les chantiers à venir«Pour avoir des résultats, il faut revoir la gouvernance. C’est ça le PL 15, argue le ministre. On l’associe beaucoup, malheureusement, à un changement de structure. Oui, il y a la création de Santé Québec, mais ce n’est que l’un des éléments du projet de loi. Il faut qu’on explique mieux ces changements maintenant que le projet est passé.» Pour permettre un suivi des différents chantiers qui restent à mettre en place – auxquels «les médecins et les pharmaciens ont tout intérêt à participer», glisse Christian Dubé –, le Ministère a mis en ligne le site Transition Santé (des mises à jour devraient être publiées prochainement). Quant aux inquiétudes que ce projet colossal soulève encore, le ministre y répond plein d’optimisme: «On est rendus à un moment intéressant, car on est sur le point d’avoir les leviers d’action. Cela a pris du temps, mais c’est ce qu’il fallait pour arrêter de faire des petites mesures au compte-goutte.». Il compte également sur les nouvelles conventions collectives pour faire revenir les employés, «ce qui prendra un autre 12 mois à mettre en place».

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