Santé cardiovasculaire: les boissons sucrées sont vraiment nocives

Si le sucre a mauvaise réputation pour son rôle dans le syndrome métabolique, l’obésité et le risque de diabète, il est également impliqué dans les maladies cardiovasculaires.Mais ce sont les boissons sucrées telles que les sodas, les boissons énergisantes, les jus de fruits sucrés, les eaux aromatisées et les yogourts à boire qui sont les plus nocifs. Selon la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada (Cœur et AVC), les gens ne devraient pas consommer plus de 10% de leur apport calorique quotidien total sous forme de sucres ajoutés, et idéalement moins de 5%. Pour un régime alimentaire moyen de 2000 calories par jour, 10% correspondent à environ 48 grammes (ou 12 cuillères à café) de sucres ajoutés, selon le site web de la Fondation. Une seule canette de soda contient environ 85% de l’apport quotidien en sucres ajoutés, soit 10 cuillères à café de sucre. La consommation de boissons sucrées et l’excès de sucre sont associés à l’hypertension, aux maladies cardiaques, au diabète, à l’obésité et à d’autres affections, notamment les caries dentaires.Plusieurs études ont d’ailleurs montré un lien étroit entre les caries dentaires et les maladies cardiaques. Une étude réalisée en 2017 par l’Université de Waterloo a estimé que la consommation de boissons sucrées au Canada entraînerait plus de 63 000 décès et coûterait plus de 50 milliards de dollars aux systèmes de santé au cours des 25 prochaines années.Sur les étiquettes alimentaires, Santé Canada utilise les «valeurs quotidiennes recommandées» (ou VQ) et a introduit des étiquettes d’avertissement «teneur élevée en sucres» sur le devant des emballages. Par exemple, une canette de Red Bull, qui arbore une telle mention, contient 50 g de sucre, soit la moitié de la VQ. L’entreprise propose également des produits sans sucre. Les glaces ont également tendance à être riches en sucres: un pot de 188 ml de glace Chapman’s chocolat et brownies contient 33 g de sucre, bien que le fabricant propose également des options sans sucre ajouté. Un beigne aux bleuets de Tim Horton contient 31 g de sucre, soit environ la même quantité qu’une canette de 355 ml de soda au gingembre Canada Dry, qui contient 32 g de sucre liquide. Un grand café moka chez Starbucks contient 35 g de sucre.Il peut être difficile de limiter sa consommation de sucre, en particulier avec la popularité des boissons sucrées. Une étude de Cœur et AVC, intitulée Health and Economic Impact of a Tax on Sugary Drinks in Canada (Impact sanitaire et économique d’une taxe sur les boissons sucrées au Canada), indique qu’«en 2015, les Canadiens ont acheté en moyenne 341 ml de boissons sucrées par jour» ce chiffre passant à 444 ml par jour si l’on tient compte des jus 100% pur jus. Elle ajoute que les jeunes Canadiens sont ceux qui en consomment le plus avec en moyenne environ 578 ml de boissons sucrées par jour, tandis que les enfants de moins de 8 ans en consomment 326 ml par jour.À lire aussi: Dépression: pourquoi avons-nous envie de manger du sucre?De multiples impacts sur la santé cardiovasculaireMais pourquoi de telles quantités de sucre sont-elles si mauvaises pour la santé cardiovasculaire? Une revue de synthèse publiée en 2016 apporte quelques éclaircissements. Elle traitait des risques liés à la fois aux graisses saturées alimentaires et aux différents types de sucres sur les maladies coronariennes, et indiquait que l’excès de sucres pouvait être plus problématique.Une alimentation riche en sucres peut augmenter le cholestérol total (CT), les triglycérides (TG) et le cholestérol LDL, ainsi que le rapport CT/HDL. Une alimentation riche en sucres peut aussi altérer la tolérance au glucose, la résistance à l’insuline, augmenter le taux d’acide urique et modifier la fonction plaquettaire, selon cet article.De plus, la consommation de fructose ou de saccharose peut augmenter la demande en oxygène du myocarde, l’activité nerveuse sympathique cardiaque et l’adhésivité plaquettaire. L’excès de sucres contribue également aux processus menant à l’inflammation vasculaire. Bref, que des mauvaises nouvelles.La bonne nouvelle, c’est que toutes ces anomalies peuvent être inversées en adoptant une alimentation pauvre en sucres, selon l’étude. Les risques varient selon les différents types de sucres. «Le monosaccharide, le fructose et le disaccharide, le saccharose (à la fois le fructose et le glucose), semblent être plus préoccupants que le glucose seul», indique l’article. Mais si différents sucres peuvent affecter certains aspects spécifiques du risque de maladies cardiovasculaires plus que d’autres, aucun n’est innocent. À lire aussi: Trop sucrés, les médicaments pour enfants?L’excès de sucres contribue également au diabète. «Une alimentation riche en sucres ajoutés favorise la résistance à l’insuline et le diabète, et les patients diabétiques présentent davantage d’athérosclérose coronarienne que les patients non-diabétiques», indique l’article.Les chercheurs ont conclu que «pour réduire le fardeau des maladies coronariennes, les recommandations devraient se concentrer en particulier sur la réduction de la consommation de sucres concentrés, notamment les sucres contenant du fructose comme le saccharose et le sirop de maïs à haute teneur en fructose sous forme d’aliments et de boissons ultratransformés».L’Association canadienne du diabète (ACD) souligne que ce sont les sucres ajoutés qui posent problème, et non les sucres naturels que vous consommez lorsque vous mangez un aliment tel qu’une pomme. «La plupart des sucres naturels se trouvent dans des aliments qui contiennent des fibres et/ou des protéines qui contribuent à réduire la réponse glycémique globale. Les sucres ajoutés augmentent le taux de sucre dans le sang plus rapidement que les sucres naturels», rapporte le site web de l’ACD.On peut également y lire que tous les types de sucres ajoutés posent problème, «qu’il s’agisse de sucre blanc, brun ou de canne, de sirop de maïs, de miel, de mélasse ou de sirop d’érable, ils sont absorbés de la même manière par l’organisme et ont le même impact sur la glycémie».Taxer les boissons sucréesAu pays, Cœur et AVC se penche depuis des années sur la question des boissons sucrées et continue de militer en faveur d’une taxe sur le sucre, c’est-à-dire des taxes ou des prélèvements sur les boissons sucrées qui augmentent leur coût, dans l’idée que des coûts plus élevés réduiront les achats, la consommation et les risques de maladies cardiovasculaires.Cette initiative a été couronnée de succès lorsque Terre-Neuve-et-Labrador a mis en place une taxe d’environ 7 cents par boisson. Mais le programme n’a duré que deux ans en raison de son impopularité. Toutefois, Cœur et AVC a observé une baisse de 12% des ventes de boissons sucrées pendant la période où la taxe était en vigueur. Les chiffres auraient pu être plus élevés, mais la taxe excluait certaines boissons contenant des sucres ajoutés, tels que le lait chocolaté et les cafés aromatisés, dont la consommation a augmenté.Cette mesure faisait suite à l’appel lancé par l’Organisation mondiale de la santé, qui exhortait les pays à réduire la consommation de boissons sucrées en instaurant des taxes sur celles-ci. En août 2023, environ 117 pays et territoires avaient introduit des taxes sur les boissons sucrées.Il est difficile de réduire sa consommation de sucre, car il ne se trouve pas seulement dans les boissons et les desserts. Il est souvent ajouté à des aliments tels que les céréales pour le déjeuner, les sauces pour spaghettis en bouteille, les sauces pour curry et les sauces pour cuisiner, le lait chocolaté, etc. Du sucre supplémentaire est même souvent ajouté à des produits qui sont déjà naturellement sucrés, tel que la compote de pommes, les yogourts aux fruits et les jus de fruits. Au cours d’une journée, ce que vous consommez s’accumule. Il vaut donc la peine de lire les étiquettes. Pour le bien de votre cœur.À consulter: Diabète Canada propose une liste d’édulcorants fabriqués à partir de différents types de sucres, certains augmentant la glycémie, d’autres non.

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