Robert Marchand: un médecin qui a le cœur sur la main

Vocation sociale | 2023 Le Dr Robert Marchand a consacré de nombreuses années de sa vie professionnelle à aider une clientèle vulnérable : celle en fin de vie. Geneviève Larochelle-Guy Cela ne fait aucun doute que le Dr Robert Marchand est un soignant reconnu et apprécié. À peine arrivé au CHSLD Champlain de Verdun, il se fait saluer énergiquement par collègues et patients. «J’habite à cinq minutes à pied de mon lieu de travail. C’est plus facile de venir rapidement lorsqu’ils ont besoin de moi», explique le Dr Marchand, «de garde» à tout moment pour ses patients. «Ça fait 43 ans que je traîne ma pagette sur moi!» Sa longue carrière comme médecin généraliste l’épanouit encore aujourd’hui. Il s’est occupé dans son cabinet privé d’une clientèle familiale fidèle qui pouvait compter jusqu’à quatre générations. Mais il a aussi été au front dans les urgences, fait de la santé communautaire et de l’enseignement clinique, il a fait partie des premiers à démarrer un Groupe de médecine familiale à Montréal et en être chef et a été chef de service à l’hôpital de Verdun. Il est le co-instigateur de la Fondation Jacques-Bouchard, qui a pour mission de maintenir à domicile les patients en fin de vie. C’est d’ailleurs son apport aux soins de fin de vie qui lui a valu une reconnaissance particulière du jury des Prix Profession Santé. Il pratique l’aide médicale à mourir depuis plusieurs années maintenant et il dit le faire pour le bien-être de ses patients, même si c’est parfois difficile sur le plan moral. «Les deux premières fois où j’ai réalisé cette procédure, j’ai eu des patients extraordinaires qui m’ont guidé et m’ont permis d’être en paix avec la pratique de l’aide médicale à mourir. J’estime que mon rôle dans tout ça est de défendre l’autonomie du patient, son libre arbitre et de faire en sorte que ses décisions soient le plus éclairées possible», indique le Dr Marchand. D’un patient à l’autre, il se donne la mission de trouver ce qui résonne le plus chez eux, de comprendre leur besoin. «Une fois, il y avait un patient qui était en crise et qui allait probablement succomber dans les 72 prochaines heures et il voulait l’aide médicale à mourir pour demain matin. Puisque ce n’est pas possible, en creusant un peu, on s’est rendu compte que ce qu’il voulait vraiment, c’était un certain contrôle sur les derniers moments de sa vie, qu’il ne voulait pas souffrir. On s’est donc entendu pour commencer une sédation et, juste avant, il disait des aurevoirs à sa famille et il me remerciait et me souhaitait une bonne vie dans la bonne humeur. La crise était passée», raconte le médecin. Dans ce moment particulièrement délicat, le Dr Marchand n’accompagne pas uniquement le patient, mais aussi sa famille. «Lorsque la personne a eu une belle vie et que la fin approche, je pense qu’il est important de vivre sereinement avec l’idée de la mort, surtout lorsqu’elle arrive à point. J’essaie de travailler avec la famille pour avoir des moments de “chapelle ardente”, en créant de beaux moments avant, on fête avec le mourant parfois», exprime-t-il. Ce médecin à la carrière bien accomplie aime le leadership discret; rendre service à ses patients au mieux de ses capacités est ce qui le valorise en soi. «Je les aime, mes patients, je trouve que c’est important de les défendre et de les protéger, car ils sont vulnérables, exprime le Dr Marchand. Je veux faire ce que le patient souhaite jusqu’à son dernier souffle.» Son amour pour la profession ne s’est pas effrité au fil des années. Même qu’à l’approche des dernières années de sa carrière, le Dr Marchand avait envisagé de faire de la recherche pour clore sa contribution, mais il se dit incapable d’être loin de ses patients. «Je les aime trop, c’est eux qui m’amènent à vivre. En recherche, il manque le côté rencontre avec l’autre, l’empathie et les conflits d’ordre humain», confie le médecin de 72 ans. Même si la retraite commence à se pointer le bout du nez, le Dr Marchand n’est pas encore prêt à arrêter complètement. Il a commencé à réduire ses heures de travail, mais il veut continuer d’accompagner ses patients. Merci à notre commanditaire des Prix Profession Santé 2023.

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