Résider au Québec favoriserait l’observance des traitements selon une étude

Alors que la loi C24 visant à créer un régime public d’assurance-médicaments universel à payeur unique au Canada est entrée en vigueur au mois d’octobre, un Canadien sur vingt affirme toujours ne pas suivre son traitement d’ordonnance tel qu’il lui a été prescrit par un médecin. Le manque de volonté ou de rigueur n’a souvent rien à voir dans l’équation. Cette non-observance, principalement dûe à un manque de ressources financières, serait davantage associée à des critères individuels, liés à la santé et au système de santé, révèlent des chercheurs de la Faculté des sciences pharmaceutiques de l’Université de la Colombie-Britannique dans une récente étude1. Ces derniers ont analysé le fardeau et les facteurs prédictifs de la non-observance liée aux coûts au Canada – soit le fait de sauter des doses, de réduire les dosages, de retarder le renouvellement des ordonnances ou de ne pas remplir une ordonnance en raison des frais à la charge du patient. «Les coûts liés à l’utilisation à long terme des médicaments peuvent imposer des difficultés économiques considérables aux patients et conduire à des choix de soins sous-optimaux», précise l’étude.Une personne sur 20 ne suit pas correctement son traitementLes chercheurs ont ainsi étudié les profils de 233 085 personnes recueillis parmi les données de plusieurs cycles de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, en limitant l’échantillon aux répondants à qui on a posé des questions sur la non-observance liée aux coûts au cours des 12 mois précédents. L’équipe a par ailleurs utilisé des modèles de régression logistique afin de mesurer l’association de 15 prédicteurs démographiques, de santé et du système de santé de la non-observance liée aux coûts dans son ensemble, et stratifiés par sexe. À lire aussi: Près du quart des Canadiens coupent dans leurs médicaments, selon un sondageL’équipe a constaté que 4,9% des répondants âgés de 12 ans ou plus avaient signalé une non-observance liée aux coûts, soit environ une personne sur 20. Certains facteurs individuels sont ainsi associés à une non-observance liée aux coûts accrue:le sexe féminin: les femmes présentaient 44% plus de chances de signaler une non-observance liée aux coûts que les hommesl’appartenance à certains groupes raciaux ou ethniques: les répondants autochtones, latino-américains, multiraciaux, d'Asie occidentale, arabes et noirs avaient 20 à 67% plus de risques de non-observance liée aux coûts que les répondants blancs l’orientation sexuelle: les répondants bisexuels, pansexuels ou en questionnement avaient 43% plus de risques de non-observance liée aux coûts que les répondants hétérosexuels.le jeune âge: les 18 à 34 ans avaient 9 fois plus de risques de non-observance liée aux coûts que les 75 ans ou plusun faible niveau d’éducationun faible revenu, en particulier les personnes gagnant moins de 40 000$ par anle fait de ne pas être propriétaire de son logement: les locataires présentaient 24% plus de chances de non-observance liée aux coûts que les répondants qui résidaient dans une maison appartenant à un membre de leur ménageD’autres facteurs entrent en ligne de compte, comme une mauvaise santé, une charge de morbidité plus élevée (les répondants souffrant d'une ou plusieurs maladies chroniques présentant 1,91 à 3,41 fois plus de risques de non-observance liée aux coûts que ceux qui n'avaient aucune comorbidité), l’absence de prestataire de soins de santé habituel (30% plus de risques), l’absence de couverture d’assurance de l’employeur (2,76 fois plus de risques de non-observance liée aux coûts) ou encore le fait de ne pas vivre dans la province du Québec. Comparativement aux résidents du Québec, les répondants résidant dans les autres provinces présentaient 6% à 58% plus de risques de non-observance liée aux coûts. «Comme les médicaments sur ordonnance ne sont pas universellement couverts par les systèmes publics d'assurance-maladie du Canada, chaque juridiction a élaboré indépendamment son propre programme d'assurance-médicaments», notent les auteurs.«Nos résultats, représentatifs à l’échelle nationale, révèlent des inégalités qui touchent de manière disproportionnée les personnes marginalisées aux intersections du sexe, de la race, de l’âge et du handicap, et qui varient selon la province», résume l’étude publiée dans le CMAJ. Les chercheurs indiquent que ces données peuvent «servir à déterminer l’admissibilité à la couverture publique des médicaments, le montant des primes et les politiques de partage des coûts afin de réduire le besoin de financement privé, et notamment de frais à la charge du patient», pour, in fine, surmonter les obstacles financiers à l'observance du traitement par ordonnance. Référence: Rebić N, Cheng L, Law M, Cragg J, Brotto L et De Vera M. Predictors of cost-related medication nonadherence in Canada: a repeated cross-sectional analysis of the Canadian Community Health Survey, JAMC, 25 novembre 2024, 196(40)E1331-E1340; DOI: https://doi.org/10.1503/cmaj.241024

Résider au Québec favoriserait l’observance des traitements selon une étude

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