Radié 3 mois pour une «blague» à connotation sexuelle

«Est-ce que vous voulez que je vous fasse un examen gynécologique à la place?» Cette question posée à brûle-pourpoint par le Dr Michel Bernier à la sœur d’un de ses patients constitue «une infraction objectivement grave et sérieuse», juge le Conseil de discipline du Collège des médecins du Québec (CMQ). Dans leur décision rendue dernièrement à l’encontre du médecin de famille, ses pairs lui ont rappelé que «le respect est une valeur phare en médecine». Pour en avoir manqué envers cette femme, ils lui ont imposé une radiation de trois mois.Durant l’enquête comme à l’audience, le Dr Bernier a admis que son commentaire était inapproprié. Il l’a lui-même qualifié de «sexiste, vulgaire, dégradant et humiliant». En conséquence, il a plaidé coupable et reconnu d’avoir enfreint l’article 17 de son code déontologie. Celui-ci stipule que «le médecin doit avoir une conduite irréprochable envers toute personne avec laquelle il entre en relation dans l’exercice de sa profession». En y dérogeant, le clinicien qui cumulait 48 ans de pratique au moment de l’infraction «a porté ombrage à l’ensemble de la profession et ternit son image», affirme le Conseil.À lire aussi: Propos sexuels déplacés: un gynécologue récidiviste radié immédiatementLes faits remontent au 5 mai 2024. Ce jour-là, une femme accompagne son frère lors de son premier rendez-vous avec le Dr Bernier à la clinique Cité médicale, située à Sainte-Foy, dans le centre commercial Place de la Cité. Au moment où son frère est appelé pour sa consultation, ce dernier se trouve aux toilettes. Sa sœur – identifiée comme «Mme A» dans la décision – se présente à la porte de l’omnipraticien pour l’informer que son frère sera là dans quelques minutes. C’est alors que celui-ci lui propose soudainement un examen gynécologique.Dans sa demande d’enquête formulée auprès du syndic du Collège, Mme A disait qu’elle avait trouvé la remarque du Dr Bernier «complètement déplacée, sexiste et très humiliante». Elle prétendait également que le médecin avait ensuite traité son frère de manière «irrespectueuse» et «peu professionnelle».Le Conseil de discipline n’a pas abordé ce dernier point. En revanche, il a estimé qu’en questionnant Mme A de la sorte, le médecin a contrevenu à une «obligation claire et centrale, soit celle d’avoir une conduite irréprochable dans l’exercice de sa profession». Le Conseil souligne de plus que la gravité de son infraction est «exacerbée en raison de la connotation sexuelle des propos inappropriés» tenus par le Dr Bernier. «Ce geste ne doit pas être banalisé. C’est un manquement grave», insistent ses pairs.«Il importe de rappeler haut et fort que les comportements à connotation sexuelle, incluant les “blagues” à caractère sexuel sont à proscrire dans un contexte professionnel. Ils n’y ont pas leur place. Les propos à connotation sexuelle créent un milieu malsain de nature à dévaloriser, voire discriminer, les personnes qui en sont l’objet. Ce type de comportement n’est plus toléré.»Tant le syndic du Collège que le Dr Bernier ont souligné que la question inadéquate qu’il a posée à Mme A est un acte isolé. «Cependant, le défaut d’adopter une conduite irréprochable dans le cadre de sa pratique est répétitif», observe le Conseil de discipline. Il rapporte que l’omnipraticien a déjà reçu quatre avertissements, ainsi que des recommandations du Bureau du syndic, en lien avec des reproches similaires. «Il a des enjeux lors de ses interactions avec les patients, le personnel ou d’autres intervenants», mentionne la décision qui évoque des paroles irrespectueuses, des manières inconvenantes, un manque de compassion ou encore «sa répartie arrogante».À lire aussi: Radiation pour un médecin de famille un peu trop familierPour le Conseil, le risque de récidive du médecin de famille est donc «élevé». Il espère néanmoins que le clinicien fera preuve d’introspection, qu’il «entamera une réflexion afin d’améliorer ses compétences relationnelles» et surtout qu’il «s’outillera pour éviter de reproduire un comportement dérogatoire semblable».

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