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À quoi ressemble la pratique pharmaceutique en Australie?

Durant un récent séjour en Australie, Clara Scattolin s'est intéressée à la pratique pharmaceutique de là-bas et nous propose un tour d'horizon en images.

Bien que j’aie mis de côté mon rêve olympique en vélodrome, une autre aventure s’est présentée pour moi. M’étant qualifiée en duathlon sprint pour l’équipe du Canada dans ma catégorie d’âge, je représente les couleurs de notre pays aux championnats du monde qui ont lieu du 16 au 18 août 2024, en Australie.

En Australie pour un mois, j'en ai profité découvrir la pratique pharmaceutique ici. 

Je vous dévoile mes précieuses découvertes. Les photos sont une gracieuseté d’Olivier Ouimet, photographe professionnel, partenaire de voyage… et de vie! 

Les études, d'abord

Devenir pharmacien en Australie requiert l’obtention du baccalauréat universitaire en pharmacie, d’une durée de 4 ans. Celui-ci peut aussi être effectué directement après l’école secondaire selon les résultats scolaires. Les étudiants doivent ensuite s’inscrire à la Pharmacy Board of Australia (via une demande d’inscription provisoire), réaliser 1 575 heures de stage et réussir un examen écrit et oral afin d’obtenir l’inscription générale à l’Ordre.

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Tour d'horizon

En Australie, on trouve plus de 5900 pharmacies communautaires, sous divers noms: Priceline Pharmacy, Chemist Warehouse, Ramsay Pharmacy, Discount Drug Store (quelques autres faits saillants). La plupart des pharmacies vantent davantage leurs prix bas que leurs services cliniques. Le terme «chimiste» est largement utilisé, désignant autant le pharmacien que le commerce. Cela me rappelle l’époque des apothicaires, experts dans la chimie de la fabrication des médicaments.

L’usage de la prescription électronique est bien implanté. On en totalise plus de 219 millions par plus de 85 900 prescripteurs, depuis son implantation en mai 2020!

 

Pharmacie The Rock Chemist 

La pharmacie The Rock Chemist est sans doute ma plus belle découverte à Sydney, dans le quartier The Rock, sous le fameux pont Harbor. J’ai discuté avec une étudiante en pharmacie et le pharmacien propriétaire qui sont heureux de servir une clientèle majoritairement composée de touristes. 

La pharmacie étant peu achalandée, le pharmacien est souvent seul à servir les patients, soit exécuter l’ensemble des tâches techniques et cliniques. Le comptage se fait rapidement puisque les médicaments sont déjà tous en boîtes de 30.

Jusqu’ici, je ne suis pas trop déstabilisée. L’Australie demeure tout de même un pays développé, fortement urbanisé avec une économie à revenu élevé. Tout comme au Québec, les exigences universitaires sont élevées, la distribution des médicaments est au centre de leurs activités et le désir d’élargissement des pratiques est un enjeu d’actualité. 

Clara Scattolin et son guide aborigène

 

Pratiques et savoirs ancestraux 

Cherchant à élargir ma perspective et à découvrir des aspects de la santé d’une culture différente, j'ai décidé de passer une journée avec Aaron, un guide aborigène, qui m’a transmis ses connaissances médicinales. Nous voici, à droite, devant une plantation de canne à sucre.

Mon objectif était de plonger dans les pratiques et les savoirs ancestraux de la médecine traditionnelle, qui offrent une vision particulière de la guérison et du bien-être. 

Voici un aperçu de la culture de ces premiers habitants d’Australie, leurs savoirs sur l’utilisation des plantes.

Noni (Morinda citrifolia)

Le noni (Morinda citrifolia)

Fruit de l’arbre du même nom, à l’odeur de fromage bleu, d’où son surnom, cheese fruit. La simple consommation de ce fruit permettrait de guérir l’hypertension et l’hypercholestérolémie, mais son goût est tellement particulier qu’il est préférable de l’ingérer mélangé dans un jus, un thé ou un smoothie.

Fourmis vertes (Oecophylla smaragdina)

Les fourmis vertes (Oecophylla smaragdina) 

Ces fourmis endémiques dans les territoires du nord de l’Australie sont comestibles. Elles ont un goût citronné et aident à soigner le rhume. Aaron a mis sa main dans un nid, elle est ressortie couverte de fourmis (attention, celles-ci peuvent être agressives et mordre!). Il s'est ensuite frotté les mains, puis a enlevé les insectes en secouant. Ses mains sentaient alors un mélange d’eucalyptus et de menthol, dégageant les voies respiratoires de quiconque approchant son nez. 

Haricot matchbox (Entada phaseoloides)

Le haricot matchbox (Entada phaseoloides) 

En frottant ce haricot foncé, dur et asymétrique sur une roche, celui-ci devient chaud sans perdre sa forme. On peut ensuite l’utiliser pour masser et soulager un endroit du corps courbaturé. 

Mimosa d’hiver (Acacia dealbata)

Le mimosa d’hiver (Acacia dealbata) 

En ajoutant un peu d’eau aux feuilles du mimosa d’hiver, il se forme une mousse très douce, à l’odeur d’ortie, et aux propriétés cicatrisantes. On peut l’appliquer sur une peau acnéique ou irritée. 

Cerise Lilly Pilly (Syzygium smithii)

La cerise Lilly Pilly (Syzygium smithii

Ces cerises australiennes de 1 à 2 centimètres ont une peau fine, mais ferme, de couleur blanche à rouge, selon l’espèce. Comestibles, elles sont utilisées dans la culture aborigène pour soulager la gueule de bois ou pour prévenir les infections. Grandement consommées dans la diète de nourriture sauvage (bush food), ces baies sont sources de vitamines et minéraux.

Corossol, fruit du corossolier (Annona muricata)

Le corossol, fruit du corossolier (Annona muricata)

Alors que l’extérieur du fruit est vert, l’intérieur est blanc pulpeux et son goût, similaire au litchi. Selon la tradition aborigène, ce fruit de la forêt tropicale aurait été utilisé pour contrer la fatigue grâce à sa forte teneur en vitamine C. 

Quinquina d’Australie (Alstonia Schlaris)

Le quinquina d’Australie (Alstonia Schlaris) 

Il suffit de lancer une roche sur cet arbre tropical pour l’écorcher, puis consommer sa sève amère et laiteuse pour guérir la fièvre ou traiter la diarrhée.

Si les aborigènes ont découvert que certaines parties des végétaux pouvaient être utilisées comme remèdes, d'autres, malheureusement, ont révélé leur dangerosité par le biais d'expérimentations tragiques.

Reine des orties (ou Gympie Gympie ou Dendrocnide moroides)

La reine des orties (ou Gympie Gympie ou Dendrocnide moroides) 

Cette plante appartenant à la famille des urticaires et à l’apparence inoffensive, est pourtant très vénéneuse. Elle pousse en bordure d’eau dans la forêt tropicale surtout dans la région de Queensland, en Australie. Par simple contact léger, les poils de la feuille libèrent des toxines qui provoque une sensation de brûlure intense persistant pendant des semaines. Attention donc, même aux feuilles mortes. Pour enlever la douleur, le guide utilise de la cire d’épilation afin d’enlever les poils urticants de la plante.

De la tradition à la modernité

Je vous entends, chers lecteurs, réclamer des données probantes, remettre en question les savoirs ancestraux, douter de la méthodologie et vous méfier de l’absence de validations scientifiques. Il me paraît, certes, impossible que le fruit de noni puisse guérir l’hypertension.  Pourtant, il est essentiel de reconnaître que la pharmacopée moderne trouve ses racines dans l’usage traditionnel des plantes médicinales. Plusieurs médicaments pharmaceutiques utilisés aujourd’hui sont extraits des plantes; on peut penser à la morphine qui provient du pavot, à la quinine, des quinquinas, et à la vinorelbine, de la pervenche. Ces extraits ont été affinés, isolés, et standardisés grâce à la science moderne, mais leurs origines sont indéniablement liées aux méthodes traditionnelles. Il ne s’agit donc pas de rejeter ces connaissances, mais plutôt de les explorer et de les valider là où c’est possible, pour ainsi créer des ponts entre les médecines anciennes et les traitements modernes. 

Partir pour mieux revenir

Mon voyage en Australie, initialement motivé par une expérience sportive, m’a permis une exploration culturelle approfondie des pratiques pharmaceutiques modernes et ancestrales. Je rentre au Québec, le cœur chargé de souvenirs inoubliables, les yeux remplis de photos et l'esprit enrichi par des rencontres humaines et des nouveaux savoirs qui continuent de me faire réfléchir.

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