Quelles stratégies incluant le médecin sont efficaces pour surmonter l’hésitation vaccinale

Les chercheurs ont mené cette étude face à un constat préoccupant: malgré les rappels automatiques par texto, courriel ou appel automatisé, la couverture vaccinale contre la grippe reste insuffisante aux États-Unis. Lors de la saison 2023-2024, elle n’a atteint que 32,8% chez les adultes de 18 à 49 ans et 46,2% chez les 50 à 64 ans, bien en deçà de l’objectif de 70% fixé par le département américain de la Santé et des Services sociaux. «La couverture vaccinale contre l’influenza demeure trop basse, en grande partie à cause de l’hésitation vaccinale», mentionnent les auteurs qui se sont demandés si «des messages personnalisés provenant de médecins de confiance pourraient augmenter les taux de vaccination».Au Canada, la couverture vaccinale contre la grippe est tombée sous les 40% chez les moins de 65 ans, et 20% des adultes se montrent réticents, mettant en danger l’immunité collective. Chez les enfants, le recul est tout aussi préoccupant: en 2023-2024, seuls 31% des jeunes de moins de 17 ans ont reçu le vaccin antigrippal, contre 34% l’année précédente, avec des taux allant de 16% au Québec à 41% en Colombie-Britannique.Leur étude repose sur un essai clinique randomisé mené au sein du réseau UCLA Health, dans le sud de la Californie, entre octobre 2023 et avril 2024. Elle porte sur 22 233 patients non vaccinés répartis en trois groupes selon le mode de promotion de la vaccination antigrippale: recommandations habituelles (7 417), vidéo personnalisée du médecin (7 410) ou infographie signée du médecin (7 406), avec jusqu’à trois envois entre octobre et décembre. Le critère principal est le taux de vaccination antigrippale au 1er avril 2024, le secondaire étant la vaccination avant le 31 décembre 2023.À lire aussi: Le médecin en chef de l'Ontario réclame un calendrier national de vaccinationLes résultats montrent qu’au 1er avril, les taux de vaccination étaient de 46,9% dans le groupe contrôle, de 48,0% pour la vidéo et de 47,5% pour l’infographie. Aucune différence statistiquement significative n’est observée (différence de risque [ARR, pour absolute risk reduction] 1,03 pour la vidéo, IC à 95% 1,00–1,06; ARR 1,02 pour l’infographie, IC à 95% 0,99–1,06). Toutefois, chez les enfants de moins de 18 ans, la vidéo a permis d’atteindre un taux de vaccination de 58,4% contre 54,5% dans le groupe témoin (p < 0,001), et l’infographie un taux de 55,1% (p = 0,04), avec un nombre de sujets à traiter (NST) de 26 pour la vidéo et de 167 pour l’infographie.Par ailleurs, pour la vaccination avant le 31 décembre 2023, les taux sont de 43,3% pour le groupe de contrôle, de 45,3% avec la vidéo (ARR 1,05, IC à 95% 1,01–1,08, p = 0,007) et de 44,4% avec l’infographie (ARR 1,03, IC à 95% 1,00–1,07, p = 0,04). Les NST étant respectivement de 50 et 91. Une analyse post hoc a révélé un effet renforcé chez les enfants, les femmes, les assurés privés et les non-vaccinés lors des deux saisons précédentes.À lire aussi: Pour promouvoir la vaccination, miser sur l’émotion plutôt que la scienceDe petits gains bons à engranger«Les messages personnalisés du médecin n’ont pas augmenté les taux globaux de vaccination en fin de saison», conviennent les auteurs, mais ils ont «significativement augmenté la couverture vaccinale chez les enfants, surtout via la vidéo». Les chercheurs insistent: «Même si les effets globaux sont modestes, l’amélioration observée chez les enfants est importante, car cette population reste particulièrement vulnérable aux complications de l’influenza.»Le gain pour la vaccination précoce, même limité, est jugé «cliniquement pertinent, puisque la protection est optimale avant le pic épidémique». Selon eux, «favoriser la vaccination plus tôt dans la saison pourrait avoir un impact considérable sur la réduction de la morbidité et de la mortalité liées à l’influenza».Ces résultats pointent des avenues concrètes pour atténuer l’hésitation vaccinale: les messages véhiculés par un professionnel de confiance instaurent une relation émotive, la signature personnelle compte, la temporalité est stratégique, et le ciblage du message selon le public (enfants vs adultes) optimise l’impact. «De futures innovations dans la communication personnalisée, intégrées à des approches systémiques, pourraient renforcer la confiance vaccinale et améliorer la couverture à l’échelle de la population», concluent les auteurs.Référence:Szilagyi PG, Clark EJ, Duru OK, et coll. Video and Infographic Messages From Primary Care Physicians and Influenza Vaccination Rates: A Randomized Clinical Trial. JAMA Netw Open. 2025;8(8):e2526514. doi:10.1001/jamanetworkopen.2025.26514

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