Québec investit 60 millions$ dans l'usine pharmaceutique Delpharm Boucherville

Québec a annoncé mardi matin un investissement de 60 millions$ pour l'usine de la multinationale Delpharm située à Boucherville. Cette contribution financière servira à augmenter la capacité de production de médicaments injectables. L'investissement comprend 30 millions$ en prêt et l'équivalent en subvention. Cela permettra l'agrandissement de l'usine actuelle en y ajoutant 2600 mètres carrés d'espace afin de mettre en place une nouvelle chaîne de production multiformat. Ce projet fera en sorte d'accroître de 80% la production de l'entreprise, a mentionné la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie et ministre responsable du Développement économique régional, Christine Fréchette, qui était de passage dans les locaux de Delpharm Boucherville pour l'annonce. À lire aussi: Les traitements dernièrement couverts au QuébecÀ ses côtés, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a rappelé que la pandémie a mis en évidence l'importance d'avoir un approvisionnement local dans la production de médicaments. Delpharm Boucherville produit des médicaments essentiels pour les salles d'opération et les soins intensifs des hôpitaux de la province, notamment de la morphine et des agents paralysants. Environ 3000 doses de médicaments fabriqués sur le site de Boucherville sont administrées chaque heure aux patients québécois. Le projet d'agrandissement de l'usine est évalué à 214,6 millions$ et devrait s’échelonner sur près de six ans.Le printemps dernier, Ottawa avait lui aussi annoncé une aide financière de 60 millions$, dont 15 millions$ en subvention et 45 millions$ sous forme de prêts à taux réduit.Mme Fréchette a souligné que les sciences de la vie sont un secteur prioritaire pour son gouvernement, qui comprend 39 000 emplois directs au Québec.Questionnée sur le remaniement ministériel à venir, Mme Fréchette a répondu qu'elle voulait rester à l'Économie et à l'Énergie, mais que si François Legault la déplace ailleurs, elle serait «heureuse aussi». «Je sais que c'est un grand défi de dessiner un conseil des ministres. C'est le grand privilège du premier ministre, et s'il est d'avis que je serai ministre dans un autre ministère, eh bien ce sera ça», a-t-elle déclaré. Risque de déménagement sans l'investissementLa multinationale française Delpharm génère des revenus de 1,65 milliard$ sur l'ensemble de ses 18 sites. «En tant que sous-traitant, on fait des marges de profit de l'ordre de 10 à 12%. Donc, [...] le plan de modernisation vaut plusieurs années de profit pour l'ensemble de Delpharm», a expliqué Mathieu Grondin, directeur du site Delpharm Boucherville.«On avait absolument besoin des gouvernements pour pouvoir financer [le projet d'agrandissement].»Delpharm remboursera 105 des 120 millions$ obtenus par Québec et Ottawa, et versera des dividendes au gouvernement du Québec.Mme Fréchette a également confirmé que l'entreprise risquait de déménager sans les sommes injectées par Québec. «C'est une production qui est concentrée dans très peu d'endroits. En Chine notamment, il y a énormément d'investissement, donc il y avait un risque qu'il y ait un déplacement vers la Chine ou encore vers les États-Unis. Nous, on tient à ce que ces emplois, très bien rémunérés, dans un secteur stratégique, restent au Québec», a fait valoir la ministre. À consulter: Un comité fédéral recommande le vapotage dans certains cas pour cesser de fumerElle a par ailleurs souligné que l'industrie pharmaceutique n'est pas épargnée par les aléas du président américain Donald Trump. Pas plus tard qu'en juillet dernier, le président Trump a menacé d'imposer des tarifs douaniers de 200% sur les médicaments. Mme Fréchette a dit suivre la situation «de très près». M. Dubé a fait savoir que depuis la fin de la pandémie, une liste de partenaires stratégiques dans le domaine pharmaceutique a été créée pour renforcer la chaîne d'approvisionnement en médicaments au Québec. Selon lui, il faut tirer des leçons de la pandémie et l'annonce du jour y contribue. «On accomplit deux objectifs: un approvisionnement local fort qui peut un jour nous aider encore plus, et aussi la question de rendre ces entreprises compétitives dans un contexte de tarifs douaniers, etc.», a expliqué M. Dubé.

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